Baerenthal
Le village de Baerenthal (Bärental
en allemand) se situe en pays couvert, à quinze kilomètres de Bitche et
à douze kilomètres de Niederbronn-lès-Bains, à la limite Sud-Est du
canton de Bitche. Comptant sept-cent-cinquante habitants, il est situé
à deux-cent-quarante mètres d'altitude, dans la verdoyante vallée de la
Zinsel du Nord.
I. Écarts et lieux-dits
Les écarts du village sont très nombreux, réduits souvent à quelques maisons :
- Les collines de l'Adlerskopf et de l'Arnsberg, le Betteli de 1840, le Breitthal de 1841 et le Buchthal.
- Dachshof ou Daxhof, appartenant à la seigneurie de Falkenstein, est construit vers 1740.
- Les vallées et les cols des Petit et Grand Dunkelthal.
- Eulenkopf vers 1845.
- Fischerhof, écart qui date du commencement du XVIIe
siècle, s'étend dans le Fischerthal (la vallée des pêcheurs).
- Fronacker date très probablement d'après 1770.
- Grasberg, Grossenberg, Grosshell et Grunschaft.
- Hasenkopf, Hausberg (près de l'Obermühlthal) et Hausberg (près de Philippsbourg).
- Le col du Grand Hirschthal (la vallée du cerf).
- Hohe Ehl, Hollaenderthal (la vallée des Hollandais) Hüttenberg et Kammerthal.
- Erste, Zweite et Dritte Kehl.
- Le Kirchberg, sur lequel est construite l'actuelle église protestante.
- Krautgaertnerthal et Kreuzweg.
- Mühlthal, ancienne ferme de la seigneurie de
Falkenstein, dont la maison forestière date de 1845, au pied du
Mühlberg.
- Kundschaft en 1865, Lattenberg et Lindenkopf.
- Le Nervenbrünnel, la source des nerfs, s’écoule sur les flancs du proche Kirchberg.
- Obermühlthal, datant probablement du XIIe siècle, Ochsenkoepfel et Rehbachthal.
- Reinhardtshof, ferme de la seigneurie de Falkenstein au XVIe siècle.
- Rippersthalde, le rocher des Becassines et Rosselhof, mentionné vers 1730.
- Schlangenthal, Schlossberg, Silberberg (d'où coule
la source d'argent, la Silberbronn), Spickthal, Spurthal et Steigthal.
- L'écart deTeufelsbrückerhof, construit vers 1770, se situe au pied du Teufelsberg.
- Thalhäuseln est cité vers la fin du XVIIIe siècle et Schmalenthal au début du XIXe siècle.
- Untermühlthal mentionné vers 1720, Wimmesthal et Wolfskaul.
L'unique maison formant l'écart Kroterwasen est achetée par
l'Administration des Eaux et Forêts et, en 1887, transformée en maison
forestière prenant le nom de Schwarzenberg. Les hameaux disparus de
Leimenthalerhof, Rothenbronnerhof, Sasselbach, Scharfeneckerhof et
Wiesenlagerhof sont encore mentionnés en 1798. Le village de
Mühlenbach, appartenant en 1332 à la seigneurie de Gross-Arnsburg, puis
à celle de Falkenstein, est enfin réuni au village de Lemberg. En 1150,
le landgrave Dietrich le cède à l'abbaye de Neuweiler qui donne le
domaine en fief à l'abbaye de Neubourg.
II. Histoire
Lors de sa fondation, à l'époque des comtés francs du VIIIe siècle au
Xe siècle, Baerenthal se situe dans le Nordgau alsacien et fait partie,
à l'époque carolingienne de l'évêché de Strasbourg, juste à la
frontière de l'évêché de Metz. La période médiévale du village est très
riche grâce à la présence des châteaux du Ramstein et du Grand-Arnsberg
sur son ban. Dans un document du 22 octobre 1291, on cite pour la
première fois les nobles de Ramstein et « le village est mentionné
tardivement, en 1318 seulement, sous la forme Berendal (la vallée de
Béro ?). Du point de vue du temporel, [Baerenthal] a fait partie de la
seigneurie de Ramstein puis, à partir de 1355, de celle de Falkenstein
» (1). Commence alors pour la région le règne des chevaliers-pilleurs
(Raubritter) et une sinistre période pour Berebdal unter Ramenstein (le
rocher des corbeaux).
Par acte de vente du 3 septembre 1467, le comte Louis V de Lichtenberg
devient propriétaire de la moitié sud du village avec le château du
Grand-Arnsberg et c'est en 1569 que les comtes de Hanau-Lichtenberg
deviennent propriétaires de l'ensemble du village. Le nom de plusieurs
endroits des environs de Baerenthal remonte à cette époque :
- Reinhardshof, d'après le nom du burgrave Johann-Reinhardt ;
- Fischerhof, où logeaient les pêcheurs ;
- Rosselhof, où se trouvaient les écuries-relais seigneuriales ;
- Fronacker (champ de corvée), où se situait une grande ferme près des champs seigneuriaux.
« Passé entre les mains des comtes de Hanau-Lichtenberg pour moitié en
1480 puis en totalité en 1570, [Baerenthal] suivra le sort de cette
seigneurie à partir de 1606 » (1). C'est la même année 1606 que sont
implantées les bornes qui doivent délimiter le duché de Lorraine et le
comté de Hanau-Lichtenberg, dont le tracé se situait sur la limite du
ban communal, du hameau de la Melch à Bannstein. En 1648, Baerenthal
fait partie du baillage de Lemberg, près de Pirmasens dans le
Palatinat, dans le landgraviat de Hesse-Darmstadt et dont le landgrave
Louis VIII est le gendre du comte Johann-Reinhardt de Hanau-Lichtenberg
et devient son héritier en 1786. En 1793, Baerenthal ainsi que son
annexe Philippsbourg, sont érigés en communes du canton de Bitche,
détachés de l'Alsace et unis au département de la Moselle. La décision
avait été prise par la Convention lors de la Révolution française.
La Zinsel du Nord est utilisée dès le XVIIIe siècle pour alimenter les
usines et forges qui amenent travail et vie active dans la vallée. En
1745, la première industrie est crée à Baerenthal. Il s'agit d'une
forge d'armes blanches qui prend rapidement de l'extension. Une seconde
forge est crée pour transformer la fonte venant de Franche-Comté, en
tôle de fer et en acier. Avec l'implantation en 1807 d'une acierie, de
fours à puddler et de trains de laminage, les forges se multiplient le
long du Zinselbach. Cette activité atteint son plus grand développement
au milieu du XIXe siècle, pour ralentir au début de ce siècle et c'est
en 1932 que la dernière industrie ferme ses portes. Le relais est pris
par la Chaiserie Lorraine, détruite par la seconde guerre mondiale.
Reconstruite et destinée à nouveau au travail de l'acier, l'atelier
mécanique est remplacé par une usine de couverts de table qui fermera à
son tour au début des années 2000.
Suite à l'ordonnance impériale du 2 septembre 1915, le nom du village
est germanisé en Bärenthal et conservera cette orthographe jusqu'au
retour à la France en 1918. De 1940 à 1944, il sera à nouveau
germanisé, cette fois en Bärental bei Bitsch. Classée Station de Cure
d'air, Baerenthal est un centre touristique important des Vosges du
Nord puisque le village est classé Station verte depuis 1987. Plusieurs
représentations anciennes permettent de connaître l'aspect qu'avait le
village dans le passé, au début du XXe siècle, mais aussi de mesurer
l'évolution du patrimoine communal lors des importantes destructions
causées par les combats et les bombardements de la seconde guerre
mondiale.
III. Cultes
Au Moyen Âge, le village de Baerenthal est annexe de la paroisse
catholique d'Obersteinbach, dépendant de l'archiprêtré du Haut-Haguenau
dans le diocèse de Strasbourg. « La Réforme est introduite en 1570 par
les Hanau-Lichtenberg et le culte catholique supprimé » (1). L'église
catholique est depuis affectée au culte protestant et est restaurée en
1630. Par ailleurs, le village est une paroisse protestante depuis
1739, avec le village voisin de Philippsbourg comme annexe.
Pour les
catholiques, le territoire est attribué à l'évêché de Metz depuis 1802
et Baerenthal forme une annexe de la paroisse de Mouterhouse. La
chapelle de l'Immaculée Conception est construite en 1885 dans la
partie nord du village, dans un style néogothique. Elle abrite une
statue de la Vierge à l'Enfant dite Notre-Dame de la Confiance ou
Maria, Hoffnung der Hoffnungslosen, qui fait l'objet d'un pèlerinage
annuel durant la saison mariale, de mai à octobre.
IV. Lieux et monuments
- Le château du Ramstein est construit au XIIIe siècle par les sires de Falkenstein.
- Le château du Grand-Arnsberg est construit au début
du XIIe siècle pour protéger la ville impériale de Haguenau.
- L'église Sainte-Catherine, reconstruite au XVIIe siècle, est affectée au culte protestant depuis 1571.
- La petite chapelle de l'Immaculée Conception, datant
de la fin du XIXe siècle, fait l'objet d'un pélerinage de mai à octobre.
- La borne au lieu-dit Schmalenthal, datant de 1605 et délimitant l'ancienne frontière du comté de Bitche.
- Le tombeau de Philippe Hirtz, dans le cimetière,
date de 1868. Il s'agit d'un tombeau de style néogothique élevé pour un
employé des forges de Mouterhouse, qui ont coutume d'offrir une croix
en fonte sortie de leur usine à chacun de leurs ouvriers, au moment de
leur décès. De nos jours, il n'en reste qu'un très petit nombre dans
les cimetières du pays de Bitche.
- Le calvaire en grès au lieu-dit Fronacker date de
1790. Il représente le Christ en Croix et sainte Marie-Madeleine.
- Le poste d'observation des oiseaux, endroit
privilégié pour découvrir la faune des Vosges du Nord, se situe en
bordure du grand étang.
« Située en bordure de la rue principale, [une] ferme est composée de
deux bâtiments : le logis à pignon sur rue, daté 1770 sur la porte de
cave, et l'exploitation, datée 1753, se développant en largeur au fond
de la cour. Exceptionnelle dans le Pays de Bitche, elle se rattache à
l'habitat alsacien par la séparation entre le logis et l'exploitation
agricole et par les auvents superposés sur la façade principale ; mais
ici, à la différence de l'Alsace, le pan-de-bois est relégué dans les
parties secondaires, c'est-à-dire dans les dépendances, alors que
l'habitation est construite en moelleon de grès crépi » (2).
V. Personnalités liées à la commune
- Jean-Guillaume Goldenberg (1778-1858), directeur des forges et responsable de l'assainissement de la vallée.
VI. Armoiries
Les armoiries de la commune sont : « de sable à l'ours, passant
d'argent, chapé-ployé d'or à l'étoile de gueules à dextre ». Il s'agit
des armes de la famille de Ramstein, seigneurie dont le village
relevait au Moyen Âge, et qui tire son nom de l'ancien château du
Ramstein. L'ours rappelle le nom de la localité, signifiant la vallée
des ours : Bären-tal, en allemand.
VII. Notes et références
1. JACOPS, GUILLAUME et HEMMERT, 1990, p. 19.
2. JACOPS, GUILLAUME et HEMMERT, 1990, p. 20.
VIII. Annexes
1. Bibliographie
- JACOPS (Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT
(Didier), Le Pays de Bitche (Moselle), Metz, Éditions Serpenoise, 1990,
p. 19-20.
2. Liens internes
Église Sainte-Catherine de Baerenthal - Chapelle de
l'Immaculée Conception de Baerenthal - Forge de Baerenthal
Château du Grand-Arnsberg - Château du Ramstein -
Grand étang de Baerenthal - Schmalenthal - Vues anciennes de Baerenthal