La libération
Le 22 novembre 1918, onze jours après l'armistice, la population bitchoise accueille les troupes françaises qui s'établissent tout d'abord dans les villages environnants avant de prendre garnison en ville. Le 5 janvier 1919, le drapeau historique confectionné par les Bitchois en 1871 et donné au lieutenant-colonel Teyssier avant son départ, est ramené à Bitche par son fils, le capitaine Jean Teyssier, qui tombera au champ d'honneur quelques années plus tard en Syrie. Lors de la remise de ce drapeau au camp retranché en 1871, Teyssier a déjà prononcé ces paroles prophétiques : « Ce drapeau sera présenté au chef de l'État et j'en demanderai dépôt au musée d'artillerie jusqu'à l'époque où il pourra être rapporté par une armée française valeureuse et triomphante ! ». Sa prophétie se réalise donc après quarante-huit années et ce drapeau est toujours conservé au musée de la citadelle.
« La ville de Bitche a subi pendant la guerre de 1870-1871 un siège mémorable de huit mois. Sommée de se rendre dès le 7 août 1870, elle a, sous l'héroïque direction du lieutenant-colonel Teyssier et une garnison disparate de 2 500 hommes, résisté victorieusement aux bombardements et aux attaques d'un ennemi dix fois supérieur. Incendiée par obus, sa population réduite de 2 700 à moins 1 000 âmes dont seulement 119 hommes valides, elle n'a consenti à ouvrir ses portes que le 27 mars 1871, deux mois après l'armistice sur un ordre écrit du gouvernement français et après avoir obtenu les honneurs de la guerre pour sa glorieuse garnison. La ville de Bitche ayant été comprise dans la partie du territoire attaché à la France pour son héroïque résistance, aujourd'hui que la vaillante cité lorraine est redevenue française, il m'a paru opportun de commémorer son siège mémoable et de récompenser la conduite héroïque de ses habitants en attribuant à Bitche la Croix de la Légion d'Honneur ».
Le Président Raymond Poincaré n'est pas le seul personnage célèbre à venir à Bitche après la première guerre mondiale, puisque le Maréchal Philippe Pétain (1856-1951), héros de Verdun, visite également la cité fortifiée, le 17 octobre 1921.
Le 18 janvier 1926, en sa qualité d'administrateur légal de la mense épiscopale, Monseigneur Jean-Baptiste Pelt (1863-1937), Évêque de Metz de 1919 à sa mort, vend à l'Association Saint-Augustin (créée le 5 novembre 1925) douze hectares, situés dans la banlieue de Bitche vers Lemberg, et destinés à abriter le nouveau collège Saint-Augustin. Le 28 juillet 1926, il préside la cérémonie de la bénédiction de la première pierre de la chapelle du collège en présence de professeurs, de huit archiprêtres, de douze chanoines, de représentants de la municipalité de Bitche, de conseillers généraux et de nombreux prêtres. Parmi les personnes présentes, il se trouve un jeune abbé en visite à Strasbourg, Jean-Baptiste Montini (1897-1978), qui bien plus tard deviendra le pape Paul VI (1963-1978).
Années 1930
En 1930 commence la construction de la ligne Maginot destinée à protéger les provinces de l'est d'une nouvelle invasion allemande. Cette gigantesque ligne de défense va donner à Bitche un caractère militaire sans précédent, notamment par l'édification d'une ligne fortifiée avec d'énormes réseaux souterrains qui occupent des centaines d'ouvriers, donnant du travail à toute la population du Bitscherland dont une partie avait déjà été frappée par la crise de l'industrie du verre. Inexpugnable dans le passé grâce à sa citadelle, Bitche va garder sa renommée par la Ligne Maginot. La ville reçoit la visite d'André Maginot le 8 septembre 1931. Séjournant plusieurs jours en ville, il étudie sur place les meilleurs emplacements stratégiques pour les futurs grands ouvrages. Grâce à la construction de la ligne Maginot entre 1931 et 1936, la population bitchoise va effectuer un bon prodigieux, passant de 5.552 habitants en 1931 à 9.342 en 1936. Devenue le pôle d'attraction de la région, Bitche voit la création de nouveaux quartiers et de nombreuses maisons sont édifiées à ce moment-là.
C'est dans ce climat de tensions politique et militaire que Daladier visite Bitche en 1937. En 1938, se rendant compte que sa faiblesse militaire ne lui permet pas de tenir ses engagements, la France abandonne la Tchécoslovaquie. Mais le dimanche 3 septembre 1939, conformément au traité signé avec la Pologne, elle se joint à la Grande-Bretagne pour déclarer la guerre à l'Allemagne : la seconde guerre mondiale commence et la ville de Bitche, au passé déjà si mouvementé, ignore encore que ce n'est là que le premier acte d'une terrible tragédie dont elle sera une nouvelle fois la victime et qui ne s'achèvera qu'en 1945.