Le collège Saint-Augustin de Bitche, petit séminaire épiscopal, est un établissement d'enseignement et de formation relevant directement de Monseigneur l'Évêque de Metz, qui en définit la spécificité. Le collège Saint-Augustin est sous contrat avec l'État depuis 1969, ayant statut cultuel public. L'actuel collège Saint-Augustin trouve son origine plus de deux siècles et demi en amont, dans un établissement intra muros, situé à l'intérieur de la ville de Bitche, dans les locaux de l'ancien couvent des Capucins et de la maison Saint-Conrad. Les bâtiments dans lesquels il se situe datent en grande partie du XVIIIe siècle et leur vétusté est alarmante.
Table des matières
3. Construction
Le délabrement de l'ancien collège étant irréversble, l'idée de la construction d'un nouvel établissement scolaire se dissème insensiblement au sein du corps professoral, y compris chez le Supérieur, mais Monseigneur Benzler préconise un rhabillage des vieux bâtiments. L'abbé Fourer, professeur au collège, soutenu par quelques collègues, le déconseille au contraire et argumente en faveur d'un immeuble neuf construit sur un terrain vierge. Après bien des hésitations, le prélat donne son consentement et en 1903, charge le Supérieur Lamberton de l'achat d'un terrain de 13 hectares, 94 ares, 05 centiares, situé en bordure de la route de Lemberg, à cinq cent mètres de la ville. L'emplacement envisagé met harmonieusment en valeur un vallon avec sa source, la Dragonnerbrunnen (source des Dragons). Il est parcouru de parties abruptes, riches en pierres à bâtir. Ces pierres sont est un grès de moyenne qualité ayant servi auparavant à l'édification du petit fort ainsi que du mur d'enceinte de la ville. Eu égard à son importance, la construction envisagée est soumise, le 13 juillet, à l'expertise du Conservatoire des Arts et Métiers qui donne son aval.
Le 5 avril 1924, Monseigneur Pelt, écrit à l'abbé Fourer : « De toute mon âme j'appelle la venue prochaine du jour où les ressources seront suffisantes pour entreprendre la réalisation de cette grande œuvre. Le coût de l'immeuble est estimé à 13 500 000 francs (d'avant guerre). Suivant le désir que vous m'avez exprimé, j'ai constitué un Comité Diocésain, chargé de stimuler et de coordonner toutes les bonnes volontés ». Le 17 mai 1925, jour de la canonisation de Sainte Thérèse de Lisieux, le prélat décide la construction d'un nouveau collège destiné à favoriser l'éducation chrétienne, les études et l'éveil des vocations sacerdotales. Le 18 janvier 1926, Monseigneur Pelt, en sa qualité d'administrateur de la mense épiscopale, transfère la propriété du terrain à l'Association Saint-Augustin, fondée le 5 novembre précédent. Désormais, c'est à elle seule qu'incombe la direction des travaux sous la responsabilité de l'abbé Fourer, directeur de l'association.
Avant la mise en chantier, l'entrepreneur évalue les possibilités de fourniture d'eau nécessaire à la construction. En théorie, cela ne doit pas poser de problème, la Dragonnerbrunnen étant suffisamment productrice. Elle sort de terre sur le domaine, à quelques six cent mètres de l'emplacement du futur collège. Aux termes des mesurages d'octobre 1887 et de mai 1925, son débit est de près de 29 m³ par jour, assez pour couvrir les besoins de la construction et par la suite, de l'exploitation du collège. Les travaux de captage et d'adduction à travers un pipe line en fonte faits par l'entreprise Seyvert de Volmunster reviennent au prix de 78 276 francs 25.
Dans l'ancien collège, les élèves étaient séparés en deux divisions, celle des grands et celle des petits. Une telle répartition devant être maintenue dans le nouveau collège, il est prévu que la nouvelle construction comporte deux bâtiments symétriques, occupés chacun par une division. Chaque bâtiment sera formé de deux corps : en façade et au rez-de-chaussée les classes et études, aux 1er et 2e étages, les dortoirs, lavabos et vestiaires. Vers le vestibule convergeront les salles de classe, d'étude et d'exercice. Il avoisinera le réfectoire des élèves, point de rencontre général. Une étude avec vestiaire et une cour sont envisagées pour l'usage des externes et demi-pensionnaires. Les douches seront installées au sous-sol, sous le réfectoire. Le préau fera fonction d'abri en cas de mauvais temps et si besoin, de salle de gymnastique. La façade du bâtiment, longeant en retrait la route de Lemberg, sera reservée aux professeurs. En raison de la déclivité du terrain, le rez-de-chaussée de l'immeuble correspondra au sous-sol du collège et le premier étage à son rez-de-chaussée. Le sous-sol sera habitable dans sa partie orientée vers Bitche tandis que la chapelle sera le cœur du collège : c'est là que se rendront ses habitants, plusieurs fois par jour. De la façade tournée vers Bitche, elle se désolidarisera de son environnement et introduira dans le paysage un élément décoratif.
Total : 1 220 472 francs
À ce devis partiel s'ajoutent le prix du gros œuvre ainsi que celui de la fourniture et de la pose des fenêtres et portes par une entreprise de menuiserie de Morhange. Les premières dépenses sont couvertes par des souscriptions en un temps record. Pour ce qui est du gros œuvre, sept entreprises de construction ont participé à l'adjudication. Le choix s'arrête finalement sur la maison Dietsch de Sarreguemines, décision dictée par les conditions avantageuses que consent l'entreprise, ses performances patentes en matière de béton armé et sa connaissance du personnel dont elle parle le dialecte. Les travaux de construction démarrent aux premiers jours de printemps 1926 et commencent par l'aile de l'infirmerie, la chapelle Sainte-Thérèse et la grande chapelle. Quand on sait qu'un devis ne traduit dans la plupart des cas qu'une approche approximative du coût réel, il n'est pas étonnant que les soucis financiers affluent rapidement. Malgré tout, les travaux de construction se poursuivent.
En prévision de la pose de la première pierre, un drapeau, la bannière du collège, est confectionné. À l'avers se trouve le buste de saint Augustin sur fond bordeaux, à l'envers les armes du collège et celles de la ville, brodées sur fond jaune. Il est béni le 27 juillet au matin, l'après-midi étant réservé à la distribution des prix, présidée par Monseigneur Pelt. Le lendemain, 28 juillet 1926, a lieu la cérémonie de la pose de la première pierre par le Prélat. Vers dix heures, le cortège se forme devant l'ancien collège, avec en tête les élèves, précédés du porte-drapeau. Dans l'ordre viennent ensuite les professeur en surplis, huit archiprêtres, douze chanoines, Monseigneur l'Évêque, en habit de chœur, et suivent enfin les membres de la municipalité et les conseillers généraux, suivis de la foule. Lentement, le cortège s'achemine vers le terrain de construction du nouveau collège extra muros.
Les festivités protocolaires se poursuivent dans le réfectoire de l'ancien collège, orné pour la circonstance de guirlandes multicolores. Le menu est simple, rapide, préparé dans la cuisine du collège par les Sœurs. Vers 14 heures 30, après les toasts d'usage, le Supérieur adresse une dernière allocution aux invités. Cette cérémonie ouvre la voie à la mise en route du chantier. Bientôt, dans le quartier réservé aux professeurs, les soubassements sortent de terre et les murs prennent forme. Les chambres des domestiques et plusieurs logements de professeurs sont rapidement mis en oeuvre. Tout se déroule conformément aux prévisions, quand le 14 décembre 1926, deux pans de mur s'écroulent. Deux maçons de Schorbach, Michel Lauer et Alexis Schaeffer, payent de leur vie, tandis que quatre autres sont blessés. Cet accident alimente les critiques et commentaires fielleux à propos des quêtes et des appels de fonds.
En avril 1927, le bâtiment des Sœurs est
terminé, celui des professeurs attend de recevoir la charpente, les murs de la
crypte sont achevés. Durant l'été, les travaux progressent à une cadence rapide.
Le bâtiment des professeurs est prêt, l'aile des Petits, les cuisines et les
réfectoires sont en voie d'achèvement. L'édification de la chapelle
est plus délicate. Sans nef sur les bas-côtés, son
transept est surmonté d'une tour portant le clocher. Le
chœur donne accès aux sacristies. Sa toiture repose sur
une charpente métallique s'appuyant sur dix pilliers en fer
adossés à l'intérieur. Le sol de la chapelle est
de plain-pied avec le rez-de-chaussée. À titre documentaire, il
est intéressant de savoir qu'il aura fallu 70 000 tuiles pour
couvrir l'ensemble des bâtiments. L'hiver 1928 n'est pas
particulièrement rude. L'amphithéâtre, le cabinet
de physique, les salles de classe de la section des Grands voient le
jour. Par temps rigoureux, comme on en connaît au Bitscherland,
on s'investit dans la confection des escaliers d'intérieur.