Citadelle de Bitche
Située au cœur du
pays de Bitche, dans une
dépression bordée de vertes collines boisées où se croisent les routes de
Sarreguemines à Haguenau, de Sarreguemines à
Wissembourg et de Saverne à Pirmasens, la charmante petite ville de
Bitche possède un très grand ban de 4040 hectares, le
second après celui de la commune voisine de
Mouterhouse. Elle est
implantée en bordure du
pays
couvert, dans une zone cependant fort défrichée. Les seuls ruisseaux
qui irriguent cette cuvette marécageuse sont la
Horn au nord, et un rû né de
l'
étang de Hasselfurth qui alimente jusqu'à son assèchement en 1820 le
Stadtweiher,
au pied de la citadelle. Au milieu de
la dépression se dresse une étroite barre
rocheuse de grès rose, longue de 475 mètres et dominant
la plaine de près de cent mètres, qui a porté
successeivement le château puis l'imposante et
majestueuse citadelle, fierté de la cité et de son
pays. Trois agglomérations d'inégale importance se
forment à ses pieds, pour former plus tard la ville de Bitche,
entourée très tôt d'une muraille et percée
de
deux portes. Véritable chef d'œuvre de l'architecture
militaire, surplombant toute la cuvette
boisée et semblant veiller sur la cité allongée à ses pieds, la citadelle de
Bitche est le plus
important site historique et touristique du Bitscherland.
Table des matières
I. Histoire
La première mention du nom de Bitche se trouve dans une lettre datée du milieu de
XIIe siècle et dans laquelle le duc de Lorraine Matthieu
Ier demande au comte de
Sarrewerden de respecter les limites ainsi que les habitants de
sa seigneurie. Dans cette lettre écrite en lettres gothiques mais en latin,
les limites de cette seigneurie sont parfaitement établies. Dès 1170, un
Bitis Castrum apparaît dans un document où
Frédéric Ier de Lorraine se dénomme lui-même Dominus de Bites,
« seigneur de Bitche ». La tradition situe ce
premier château de Bitche, ou Altbitsch, sur le Schlossberg au
nord du village de Lemberg. Le château donnera son nom à la seigneurie puis à
la ville de Bitche. Ce château semble plutôt être un pavillon de chasse situé
dans la proche forêt de Lemberg. Il semble qu’à la même époque, sans qu'il
soit possible cependant de dater précisément l'évênement, un autre pavillon est
construit sur le Schlossberg, à l'emplacement de l'actuelle citadelle
bitchoise. L'intérêt stratégique de ce promontoire avec vision panoramique sur
plusieurs vallées alentours n'a pu échapper en effet aux seigneurs de l’époque. Le second
château fort est donc sans doute construit à la fin du
XIIIe siècle par le comte Eberhard de Zweibrücken, décédé en 1321, sur le rocher actuel de la
ville de Bitche. Il est partiellement détruit au début du XVe siècle
pendant la guerre des Paysans ou guerre des Rustauds, aussi
appelée en allemand Bauernkrieg, qui sébit dans la
région en 1525.
Au
XIIIe siècle, la seigneurie de
Bitche
étant le seul territoire appartenant au duc de Lorraine à
se trouver dans la zone lorraine où la langue vernaculaire se
rattache à l'aire linguistique allemande et, du
fait du morcellement des possessions des comtes de Zweibrücken, elle se
trouve par là même géographiquement isolée. Le comte Eberhard II de
Zweibrücken-Bitche propose alors un accord d'échange au duc de Lorraine,
concernant entre autres territoires la région bitchoise. Cette transaction se
fait par deux traités : celui du 13 mai
1297 et celui du 1er
juillet 1302. Le
comte Eberhard II de Zweibrücken épouse en 1309 Agnès de Bitche, fille de Thiébaud II de
Lorraine et prend le titre de
comte de Deux-Ponts et
seigneur de Bitche et après l'avoir transformé, fait du château de Bitche
sa résidence principale.
1. Bitche devient lorraine
Jusqu’au début du XVIe
siècle, la seigneurie de Bitche dépend en
définitive de l'hégémonique Saint-Empire
romain germanique. Lorsque le comte Reinhard de
Zweibrücken-Bitche décède en 1531, ses deux
fils se partagent son domaine. Mais bien vite, ils en viennent à
se brouiller et se querellent violemment, si bien que le duc de
Lorraine commence à avoir de sérieuses visées sur
cette seigneurie. En fin de compte, Amélie de Bitche, fille
de feu Simon Wecker et épouse de Philippe de Limange, vend la terre de la
seigneurie bitchoise au duc de Lorraine Charles II
(1390-1431), pour la somme de 50 000 écus. Il semble pourtant que les choses ne
se passent pas très facilement et que la situation ne s'améliore pas puisqu'en
1563, le comte Jacques de Bitche rachète
les maisons situées en bas du promontoire rocheux, les fait raser et ordonne
la construiction de remparts afin
de se protéger des ducs de Lorraine, auxquels il ne veut
pas payer les aides. Le comte Jacques, qui règne depuis
1540, meurt en 1570, sans avoir laissé de descendants
mâles directs ; il est ainsi le dernier comte de
Bitche-Zweibrücken.
Il faut attendre la seconde
partie du XVIIe siècle pour se faire une idée plus
précise de ce à quoi pouvair ressembler le château
et son site. Une vue cavalière, signée de la
Poincte, fournit quelques détails intéressants. Cette vue
ne correspond cependant pas tout à fait à la
réalité, le dessinateur s'étant laissé
librement emporter par son imagination. La surface du plateau, en
réalité nettement plus étroite (sa longueur n'est
que de 400 mètres et sa largeur moyenne de 33
mètres), est en effet augmentée
exagérément. Cependant, cette représentation nous
donne toutefois une idée en ce qui concerne la manière
dont étaient répartis les différents
bâtiments et le mur d'enceinte de la cité, comportant une
série de tours de flanquement. En 1634, le cardinal Armand Jean
du Plessis de Richelieu (1585-1642), pour punir le nouveau
propriétaire, Charles IV de Lorraine, décide de le
déposséder de ce qui lui reste encore. Le maréchal
d'Humières est chargé de prendre le château de
Bitche qui se rend après un siège de dix jours. Les
Français s'installent dans le pays et les malheurs continuent.
Lorsque Louis XIV s'empare de Bitche en 1680, le château des
comtes de Deux-Ponts-Bitche, restauré à plusieurs
reprises, est en ruine.
Durant l'hiver 1673-1674,
Henri de La Tour d'Auvergne (1611-1675), vicomte de Turenne, prend ses quartiers d'hiver dans
le Palatinat et vient visiter la petite ville de Bitche.
Fortement impressionné par l'importance stratégique du site, il finit par
convaincre Louis XIV (1638-1715),
roi de France de 1643 à sa mort, de fortifier ce point et en
1679, le roi charge de ce travail l'ingénieur Sébastien
Le Prestre de Vauban (1633-1707), concepteur de la ligne
défensive entourant le royaume. Les travaux ont lieu de 1683
à 1697 et coûtent à la France 2 500 000
livres d'or, une somme énorme pour l'époque. Vauban fait
découper le rocher en trois parties bien distinctes,
séparées par deux gorges profondes. Grâce à
une série de bastions, à un réseau de souterrains,
à un chemin couvert, à des bâtiments militaires
très modernes et à un armement puissant, la forteresse
est considérée comme imprenable. La petite place
fortifiée de Bitche occupera alors dans le complexe
système des fortifications du nord-est du royaume de France une
place essentielle, mais qui ne durera cependant que quelques
années. En effet, la citadelle est totalement
démantelée en 1698 par suite des clauses du traité
de Ryswick, qui cède la ville de Bitche à Léopold
Ier, duc titulaire de Lorraine de 1690 à 1697, puis duc effectif
jusqu'en 1729. Les nouvelles et lourdes fortifications de la
place, construites avec tant de peine, doivent être finalement rasées. C'est un
régiment entier, originaire des
Flandres, qui se chargera de cette besogne de
l'automne 1697 à l'été 1698.
En 1701 éclate la guerre de
Succession d'Espagne et, une nouvelle fois encore, une
garnison militaire française vient occuper la place de
Bitche. Les soldats s'efforcent aussitôt à reconstruire les
fortifications, construites par le maréchal de Vauban
et rasées peu de temps avant. En 1735 et 1736 sont signés des accords, qui spécifient que
le duc de Lorraine François Stéphane renonce aux duchés de Bar et de Lorraine
sur lesquels il a régné de 1729 à 1737, au profit du roi de Pologne en exil
Stanislas Leszczyński, dont la fille a épousé le roi de France Louis XV. Le roi
déchu vient donc s'installer à Lunéville et
prend le titre de duc de Lorraine. La situation avantageuse du site
primordial de la place de
Bitche n'échappe pas
au duc Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle, gouverneur des Trois-Evêchés
de 1727 à 1761. Placé entre les villes de Landau et Sarrelouis, occupant le
défilé des Vosges et commandant le carrefour où aboutissent de nombreuses routes
stratégiques, il se doit d'être fortifié. Le
duc de Belle-Isle effectue de nombreux déplacements à
Bitche et il parvient à convaincre le ministre de la guerre de
Louis XV, qui règne de 1715 à 1774, de faire
procéder dans un premier temps, à un
rétablissement provisoire du château, dès
l'année 1738. De nombreux mois sont néanmoins nécessaires pour
dégager les souterrains et «
pour trouver la continuité de l'ancienne
enceinte sur la berme »,
car les travaux de démolition effectués par les
Français avant leur départ ont été
exécutés à la perfection. Le roi
s'était réservé le droit de refortifier les
principales places-fortes lorraines, grâce à la convention
secrète de Meudon, signée en 1736 par le roi Louis XV le
Bien Aimé.
C'est ainsi que la place fortifiée de Bitche est finalement
intégrée au système défensif des
frontières du royaume de France, sous la direction du
maréchal de Bournay. Quand celui-ci vient à
décéder en 1740, il est remplacé par un homme
providentiel pour la ville ainsi que pour la place de Bitche,
le comte Henri-François de Bombelles : celui-ci gouvernera la
place de 1740 à son décès en 1760, laissant un tel
souvenir à la population qu'un
monument commémoratif est
élevé à sa mémoire dans l'
église paroissiale Sainte-Catherine. La décision
officielle de reconstruire le château est prise alors qu'il est
commandant de la garnison. Celui-ci se met à l'ouvrage
dès 1741 et, lorsqu'en 1744, les mercenaires guerroyant pour
l'Autriche s'approchent de Bitche, ils sont repoussés. Les
travaux de fortification durent jusqu'en 1765, comme l'indique la
plaque que Louis XV (1710-1774), roi de France de 1715 à sa
mort, fait poser à l'entrée. Le tracé du
maréchal de Vauban est respecté et renforcé par
d'autres ouvrages secondaires.
Les ingénieurs en chef
du chantier, Desboz et de Chermont et par la suite le directeur des
fortifications, Louis de Cormontaigne (1695-1782), chargé
des places fortes de Metz, Thionville, Bitche, Verdun et
Longwy, conçoivent un château s'inspirant du
tracé initial du maréchal de Vauban, mais qu'ils peuvent
doter cependant des dernières perfections, grâce à
des fonds importants. Le maréchal de camp
Cormontaigne rénove les casernes, les bâtiments pour
les officiers du génie et le gouverneur, les magasins pour
l'artillerie et la poudre, les corps de garde, ainsi que la
défense des glacis. Entre les années 1755 et
1760 a lieu la construction de l'ouvrage avancé et, en 1765,
l'aménagement de l'esplanade située au pied du glacis.
Les travaux de fortification engloutissent annuellement plus de 100.000
livres, ce qui constitue une somme fort considérable pour
l'époque. Il est à noter que cet ouvrage
stratégique du dispositif de défense du royaume de France
est entièrement financé par les Lorrains.
2. La guerre
de 1870
Partiellement détruite lors de l'avancée
prussienne et du long siège de place en 1870 et 1871, la
citadelle est par la suite modernisée par l'administration de l'empire allemand
durant les premières décennies de l'annexion, entre 1871 à 1900, puis à nouveau
endommagée en 1944 et 1945 par les bombardements de l'artillerie américaine. Les
faits les plus victorieux pour les défenseurs de la citadelle sont sans aucun
doute l'attaque de 1793, ainsi que la résistance au siège
de la guerre franco-allemande de 1870. La richesse patrimoniale et historique de
la citadelle ainsi que des souterrains leur ont permis d'être inscrits à
l'inventaire des monuments historiques depuis l'année
1979.
La citadelle de Bitche connaît un nouveau
grand jour dans son histoire le 23 mai 2006, lorsque trois nouvelles cloches
sont fondues à l'occasion de l'inauguration officielle du nouveau parcours de
visite de la forteresse bitchoise, en présence de plusieurs représentants politiques locaux. Christiane
Leroy, épouse du président du conseil régional de Lorraine, la marraine et
Gérard Mordillat, le réalisateur de la Forteresse assiégée, le parrain,
ont coulé avec les ouvriers de l'entreprise strasbourgeoise Vœgele, le mélange
de cuivre et d'étain. Le 25 mai 2006, les fondeurs ont cassé les gangues
d'argile et de crottin de cheval afin de révéler les trois nouvelles cloches. La
plus lourde d'entre elles, pesant soixante-trois kilos et frappée aux armoiries
de la ville et du commandant Louis-Casimir
Teyssier, sonnera à la volée tandis que les deux autres, pesant
respectivement quarante et vingt kilos, rejoindront l'unique cloche d'époque
pour sonner l'heure. Le carillon, quant à lui, ne fonctionnera qu'à partir
de l'année 2007, lors de la restauration de la chapelle de la
citadelle.
II. Description de la citadelle
Le nouveau château,
qui sera appelé plus tard la Citadelle, subsiste toujours à l'exception de la
plupart des bâtiments de surface. Il comprend alors un plateau central
bastionné, précédé à l'est par l'ouvrage de la Grosse-Tête et à l'ouest par
celui de la Petite-Tête. La partie la plus impressionnante est constituée par la
courtine sud. Il s'agit d'un bloc de rocher, mesurant près de 20 mètres de haut et
210 mètres de long, et formant un bouclier efficace contre n'importe quel
bombardement. En effet, des séries d'obstacles doivent empêcher l'ennemi de s'en
approcher : un fossé sec de 2,90 mètres de profondeur et 5,80 mètres de largeur,
un chemin couvert avec ses traverses, un glacis avec une pente de quarante-cinq degrés.
Afin de protéger cette longue courtine, on aménage
également deux bastions à ses extrémités.
Celui situé près de la Petite-Tête est
accolé au rocher et casematé. Par la suite est construit
sur le plateau inférieur, au milieu de la courtine, un bastion
bas relié au plateau supérieur par un escalier à
vis. Des poternes donnent accès au fossé, à partir
duquel des rampes permettent de transférer des
pièces d'artillerie de campagne, vers les places d'armes
aménagées sur le chemin couvert.
La courtine nord, qui est construite sur le même schéma
que son pendant sud, est pourtant bien moins spectaculaire. Davantage
exposé aux intempéries que la courtine sud, le rocher y
est protégé par un mur. Les éboulements montrent
fort bien à quel point cette exposition à la
pluie et au gel peut nuire à la solidité des
constructions, même fort robustes. Certes, on tentait à
l'époque par des saignées de canaliser les eaux de
suintement, mais on n'a jamais pu enrayer de façon
définitive l'action destructrice du gel lors des grands
froids qui assaillent encore aujourd'hui le pays durant de longues
semaines. Il est vrai que ces murs, qui ne sont que des murs de
pavement, même éboulés, ne diminuent en rien
la force défensive de la forteresse, tant l'épaisseur du
rocher est importante et paraît pouvoir résister à
toute tentative d'assaut. Les courtines courtes sont
protégées l'une par l'ouvrage de la Grosse-Tête,
l'autre par celui de la Petite-Tête. Deux ponts, qui
étaient à l'origine mobiles, communiquent à ces
deux ouvrages, qui sont séparés du reste de la forteresse
par de profondes gorges taillées dans le rocher. Sous chacun de
ces ponts, on peut encore appercevoir une caponnière, qui
assure la liaison souterraine entre les différents blocs rocheux
à l'abri de tout danger.
L'ouvrage de la Grosse-Tête,
particulièrement monumental, est chargée d'assurer la défense contre toute
approche du château pouvant intervenir du côté nord de la forteresse, ainsi
que la surveillance les routes venant de Wissembourg et de Pirmasens. Elle
comporte un ouvrage à corne, complété par un balcon, qui se situe en contrebas.
Un escalier à vis permet d'y accéder, ainsi qu'au petit ouvrage à corne du
plateau inférieur. L'ouvrage de la Petite-Tête est quant à lui d'une conception tout à fait
différente. Il s'agit d'une avancée du rocher en forme de demi-lune, dont l'angle arrondi est tourné vers
l'ennemi. Placé devant les bastions, elle permet de battre le terrain. Un
couronné, ensemble d'ouvrages de fortifications divers, reliés par des pas de
souris, l'entourait à l'origine.
Ces fortifications impressionnantes sont complétées par
un complexe dispositif stratégique, interdisant ou compliquant
au maximum l'approche de l'entrée du fort par de possibles
assaillants. On a ainsi aménagé sur l'emplacement du
parking actuel un ouvrage avancé, appelé queue d'hironde.
Il est rasé après la seconde guerre mondiale, mais on
peut le reconnaître aisément sur le plan-relief
exposé dans le musée de la citadelle, au
rez-de-chaussée de l'
ancienne chapelle Saint-Louis. Les ingénieurs ont d'autre part imaginé un ensemble d'obstacles devant
empêcher un éventuel assaillant d'atteindre le plateau supérieur :
- Un pont-levis pouvant être
actionné par la garnison du corps-de-garde - l'actuel
bâtiment occupé par les services de billetterie de la
citadelle ;
- Une rampe dénudée - menant à l'entrée principle du fort - qui place les
assaillants sous le feu des défenseurs, installés sur le parapet du plateau
supérieur ou dans les casemates du bastion 4 ;
- Un deuxième pont-levis, placé devant
l'entrée proprement dite ;
- Une solide porte en chêne, remplacée par
une porte métallique en 1895 par les Allemands durant l'annexion. L'ancienne est fixée, à gauche,
quelques mètres après l'entrée ;
- Une herse interdisant l'entrée sur le plateau de la forteresse ;
- Un passage voûté, véritable nasse pour les
attaquants, qui s'y voyaient totalement piégés.
Toutes ces entraves
consécutives, ainsi que la très grande hauteur des
remparts, empêchant ainsi toute escalade de la citadelle,
expliquent pourquoi la forteresse de Bitche était
considérée - et que l'histoire a
révélée - comme imprenable. Le premier bâtiment que rencontre le visiteur arrivant sur le
plateau de la citadelle est le corps de garde principal,
érigé en 1743, qui abrite actuellement les services de
billeterie du musée de la citadelle. Sa toiture est
détruite lors des violents bombardements de la guerre
franco-allemande 1870-71 et n'a pas été remplacée,
tout comme les bâtiments se trouvant à proximité et
que seules les levées de terre permettent encore à qui
sait observer attentivement de localiser. Subsiste tout de même
un certain nombre de bâtiments antérieurs à 1870.
Le magasin à poudre constitue une construction massive aux murs
épais et aux épais contreforts : il représentait
en effet le point le plus sensible des bâtiments
érigés sur le plateau, car il était très
facilement explosif en cas de bombardement.
La très élégante
chapelle Saint-Louis,
restaurée en 2007, est le seul vestige demeurant encore intact
du château construit sous la direction du maréchal de
Vauban à la fin du XVIIe siècle. Elle présente la
particularité d'être construite sur un rocher dans lequel
a été creusée une immense citerne recueillant
l'eau de pluie, qui tombe sur toute l'étendue du vaste plateau
du fort. Depuis 1966, la chapelle servait d'écrin au
musée de la citadelle, installé sur deux
niveaux ; la restauration de l'édifice entreprise dans les
années 2000 a rendu à l'édifice son
volume original, en supprimant l'étage ajouté. De la
boulangerie du fort, possédant autrefois deux étages, il
ne subsiste actuellement que le rez-de-chaussée. Il abrite une
collection permanente relative au Second Empire dans la région
de Bitche. Le dernier édifice est l'arsenal, où se
trouvaient jadis les ateliers de réparation, dans les
très belles salles voûtées. Elles n'ont fort
heureusement pas été endomagées car elles
tournaient le dos à l'ennemi.
Du haut de ce
belvédère, on peut remarquer que certaines collines qui environnent la ville de
Bitche sont plus
élevées que la forteresse. Ainsi, les hauteurs de la Rosselle, situées à l'ouest, se trouvent
à une altitude supérieure de trente-sept mètres. Lors de la construction de la
citadelle en 1740, cette position n'était aucunement handicapante, car
l'artillerie n'avait à cette époque qu'une portée très limitée. Mais lors du conflit de 1870,
cette dernière avait entretemps fait d'énormes
progrès. Les tubes rayés et une plus grande
puissance de la poudre augmentaient en effet la portée et la
précision des tirs, de sorte que la forteresse de Bitche
était pour les Bavarois, installés sur les hauteurs de la
Rosselle, une cible idéale : c'est ainsi que les bâtiments
ont été détruits dès les premiers
bombardements et les mouvements de la garnison fortement
contrecarrés lors du siège. Heureusement, les
souterrains, dont la solidité était à toute
épreuve, constituaient pour la garnison - et également
pour les populations civiles quelques décennies plus tard
- un abri protecteur et sûr pour se réfugier.
III. Notes et références
IV. Annexes
- JACOPS
(Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT (Didier), Le Pays de Bitche
(Moselle), Metz, Éditions Serpenoise, 1990, p. 27-38.