Rocher sculpté du Dianabild à Roppeviller
Le village-rue de Roppeviller se situe en pays couvert et à la frontière allemande, dans la vallée du Grunnelsbach
qui serpente à l'écart des axes majeurs de circulation.
Des petits étangs, alimentés par de faibles cours d'eau
qui se dirigeaient vers l'étang de Haspelschiedt, occupaient au début du XIXe siècle
la partie Sud-Est du ban communal. Placée
légèrement à l'écart, la petite église veille sur ce long
village-rue se dirigeant vers la frontière.
Table des
matières
I. Situation
La
route
traverse tout le village et vient
s'échouer à l'entrée de la
forêt, sur un
modeste chemin de terre battue et de cailloux. Très
rapidement,
la profonde forêt nous engloutit en sa crypte de sous-bois
parfumés. Le chemin s'est creusé petit
à petit. Il
s'est humanisé aussi puisqu'un tapis d'aiguilles de pin en
atténue toutefois la
sévérité. À gauche
du
sentier s'élève soudain un robuste rempart de
grès
rose dont on peut suivre facilement
les fines stratifications, tant est
régulière la disposition des couches
superposées : il s'agit du rocher de Diane,
appelé localement
Dianabild,
Romerbild
ou encore
Romerfels.
On rejoint l'
Altschlossfelsen (
littéralement
:
les rochers du vieux
château) en prenant le chemin balisé
à droite.
II. Description
De
nombreux vestiges
archéologiques, tels qu'un polissoir de
grès et le
fameux rocher sculpté gallo-romain figurant la triade divine
Diane, Mars et Hercule, témoignent de
l'ancienneté du
site. Ce rocher s'appelle en effet Dianabild,
Romerfels ou encore Romerbild.
La falaise garde le secret et reste impénétrable,
lorsque soudain elle s'anime sur une procession des anciens temps.
Trois personnages sortent alors du roc sur une hauteur d'un
mètre cinquante et sur plus de deux mètres de
largeur. Les dieux Diane, Mars et Hercule attendent, immobiles, que
nous venions faire serment d'allégance.
Néanmoins, la composition ne manque pas d'harmonie et les
mouvements atteignent même un certaine grâce chez
Diane. Vêtue d'une tunique, la déesse, la
tête de profil, porte un arc dans sa main gauche tandis que
de la droite, elle prend une flèche dans le carquois qui se
trouve sur son épaule. Les deux autres personnages qui
l'encadrent complètenent le tableau d'une manière
très symétrique en s'appuyant sur une haste. Un
chien, à gauche de la déesse, semble observer la
scène. L'artiste possédait son métier
puisqu'il savait déjouer les pièges de la
persective. Il semble, en effet, que les sculptures devaient
être vues avec un certain recul puisque, de tout
près, elle apparaissent un peu penchées, mais
très droites lorsqu'on les regarde depuis le chemin. Il nous
faut ajouter qu'on a retrouvé à cet endroit un
vase romain ainsi que des monnaies datant du Bas-Empire,
préservées dans une cache du rocher.
La
présence de cette œuvre d'art en ce coin
reculé n'a pas encore été
convenablement expliquée. S'agit-il d'un lieu saint primitif
que les Romains tinrent par la suite à mettre en honneur ou
bien d'une dévotion locale due à un
particulier ? Faut-il mettre le site du Romerbild
en lien avec les autres témoignages gallo-romains de la
région, tels qu'ils existent à la Liese, en
proche Alsace, ou encore les rochers
sculptés situés autour du village de Lemberg
? Il est difficile de se prononcer. Une autre hypothèse
intéressante serait de faire une relation entre la ville
balnéaire de Walschbronn,
toute proche, et la triade de Roppeviller. Il y avait en effet une
source réputée à Walschbron dont les
eaux sulfureuses attiraient beaucoup de malades à
l'époque des Antonins, comme le laissent suppose les
monnaies trouvées dans les parages.
III. Légende
Au pied de ce vaste rocher de grès rose s'est
formé, par érosion, une caverne naturelle
très fruste mais habitée par une curieuse
histoire. «
Un berger aimait tendrement se femme
qui lui était d'ailleurs soumise en tout point. Elle
était en plus très pieuse et s'entourait
volontiers des conseils d'un saint homme, moîne de l'abbaye
cistercienne de Sturzelbronn.
Tant que sa dévotion s'arrêtait à des
limites raisonnables, tant que le confesseur bornait ses exhortations
au progrès spirituel de la dame, les choses se
passèrent à peu près bien.
Avec le temps vint l'époque des ragots, des calomnies, de la
jalousie. Insensiblement, les accusations prirent un sens plus
précis et bientôt il ne fut plus question dans la
vallée que du berger trompé et du
moîne pervers. Un jour, ne supportant plus une telle
situation, le berger prit son courage et son couteau à deux
amins et s'en fut mettre un terme à la carrière
amoureuse en même temps qu'à l'existence du
moîne. Le berger vint habiter dans cette caverne et le corps
de son rival fut enterré, comble de malheur pour un
ecclésiastique, au pied des idoles romaines
sculptées dans la roche ».
IV. Notes et
références
V. Annexes
1. Bibliographie
- JACOPS (Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT
(Didier), Le Pays de Bitche (Moselle), Metz,
Éditions Serpenoise, 1990, p. 107.
- ROHR (Joseph), L'arrondissement
de Sarreguemines, 1947 ; 3e éd.
augmentée, 1978, p. 253.
2. Liens internes