Abbaye cistercienne Sainte-Marie de Sturzelbronn

Les vestiges de l'ancienne abbaye cistercienne se situent dans le charmant petit village de Sturzelbronn, dans la verte vallée du Mühlenbach, en plein cœur du pays couvert. Il se situe sur l'ancienne voie romaine, menant de Bitche à Wissembourg, aux confins de la Moselle et de la toute proche Alsace.  

Table des matières

I. Histoire
II. Vestiges IV. Notes et références V. Annexes
 
1. Fondation de l'abbaye
III. Armoiries
1. Bibliographie
2. Guerre des paysans
2. Liens internes
3. Guerre de Trente Ans

4. Révolution de 1789

I. Histoire

1. Fondation de l'abbaye

Partant de l'abbaye de la Ferté-sur-Grosne en 1113, première fondation de l'abbaye de Cîteaux, les moines cisterciens s'établissent en 1132 à Maizières, en Bourgogne. C'est de là que l'abbé Ortlibius et les douze premiers moînes - le chiffre symbolique n'est évidemment pas sans évoquer les Douze Apôtres - partent pour s'installer dans la vallée de Sturzelbronn en 1135. Ils y fondent alors l'abbaye du val de sainte Marie, Vallis Sanctae Mariae. Chaque abbaye cistercienne est en effet dédiée à la Très Sainte Vierge Marie et c'est sous l'impulsion de saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) que son culte devient un fait majeur de la religiosité médiévale. C'est le duc Simon Ier le Gros de Lorraine (1076-1138) et son épouse Adélaïde (-1158) qui décident la fondation de l'abbaye en 1135 et font don de terres dans la vallée de la Stürzel. Nous lisons dans l'Histoire de l'abbaye de Maizières que « l'abbé Paganus est réputé, après la dixième année de son administration, avoir accordé à Simon Ier duc de Lorraine et a son épouse, réclamant des moines, la faveur de construire, en vue d'en loger une douzaine, un bâtiment à Sturzelbrune dans une contrée de la Lorraine, près de l'Alsace et enfin avoir terminé sa vie l'an 1146 » (1).

Les vestiges de l'abbaye cistercienne de Sturzelbronn et le clocher de l'église paroissiale Sainte-Élisabeth, ancienne chapelle des visiteurs de l'abbaye. Saint Bernard (1090-1153), père-abbé de Clairvaux, est à l'origine de la fondation de l'abbaye de Sturzelbronn. L'arrière des bâtiments de l'abbaye et la nef de l'église paroissiale. Croquis de situation des bâtiments de l'abbaye (extrait de F.-X. Kraus, " Kunst und Alterthum in Lothringen ", Strasbourg, 1889, p. 959).

Un ouvrage intitulé Notice historique sur l'abbaye de la Ferté-sur Grosne nous renseigne sur la fondation de l'abbaye. On peut y lire que : « Sturzelbrunn, au diocèse de Metz, dut sa fondation à Simon ou Sigismond Ier, duc de Lorraine. Ses premiers religieux vinrent de la Ferté en 1135 ». Dans les différents travaux portant sur l'histoire de l'abbaye cistercienne de Sturzelbronn, on rencontre effectivement une fois la date de 1135, et l'autre fois 1143 ; mais l'une comme l'autre sont cependant mentionées comme date de fondation. Mais les dates des chartes de fondation et les dates de confirmation épiscopales ne sont pas les mêmes et l'erreur peut donc provenir de là. Nous retiendrons ici la date rencontré le plus fréquemment, soit celle de 1135, date que l'abbé Drexler retiendra lui aussi, en 1935, lors de la commémoration du huit-centième anniversaire de l'abbaye. La paroisse installera à cette occasion une belle statue de saint Bernard, au centre du village.

Le bon duc Simon Ier de Lorraine entretient de bonnes et fréquentes relations avec le grand Père-Abbé Bernard de Clairvaux. Sa mère, Hedwige de Forbach, a d'ailleurs eu d'un premier mariage Lothaire III (1075-1137), empereur du Saint-Empire romain germanique de 1125 à sa mort, et également grand ami du saint homme de Clairvaux. Sa femme Adélaïde est, elle aussi, une grande protectrice de l'ordre cistercien, car elle leur doit sa conversion, comme nous le rapporte son contemporain Guillaume : « Adélaïde, femme noble selon le siècle, mais ignoble dans sa vie. Éprouvant pour Gaufridus (un moine de l'abbaye de Clairvaux) un désir au-delà de toute mesure, elle avait été convertie par saint Bernard, qui l'a aidé à s'affranchir de la pompe royale et l'a ramené sur le chemin de la modestie ». Les ducs de Lorraine sont toujours resté les protecteurs du monastère de Sturzelbronn fondé par leur ancêtre, Simon Ier, qui y sera inhumé en 1139, après l'avoir été une première fois à Saint-Dié-des-Vosges. Simon II (1140-1207), puis Thiébaud (1191-1220) et son épouse Gertrude de Dabo (1190-1225), ainsi que d'autres nobles de la région y trouveront à leur tour leur sépulture. Mathias Ier le Débonnaire (1110-1176), le fils et successeur de Simon Ier, continua à contribuer au financement de l'abbaye, lui attribuant en outre la juridiction criminelle. C'est ainsi qu'une potence est installée sur la proche colline du Galgenköpfel (colline de la potence), à trois kilomètres de l'abbaye, à l'est de la route de Wissembourg.

La tradition locale admet volontiers que le grand saint fondateur Bernard de Clairvaux soit venu visiter la nouvelle colonie de Sturzelbronn, alors qu'il se dirigeait vers la ville voisine de Spire, le 27 décembre 1146, afin d'y prêcher la seconde croisade ; il aurait emprunté alors l'ancienne voie gallo-romaine qui reliait déjà les localités de Bitche à Wissembourg e passant par la vallée. Il est probable également que saint Bernard de Clairvaux se soit rendu à Haguenau pour consoler le duc d'Alsace, Frédéric le Borgne (1090-1147), père du grand Frédéric Barberousse (1122-1190), qui venait de partir pour la troisième croisade (1189-1192) avec son oncle, Conrad III (1093-1152).

2. Guerre des paysans

De 1524 à 1525, sous le règne du seigneur Reinhard de Zweibrücken-Bitche (1499-1532) éclate la néfaste guerre des Paysans, appelée aussi guerre des Rustauds ou Bauernkrieg en allemand. Exaspérés par les charges excessives que constituent les différentes taxes, impôts et corvées, déroutés et trompés par l'annonce de la liberté de religion, les paysans d'Alsace et du pays de Bitche se soulèvent massivement, se rassemblent par centaines et dévastent par le feu châteaux, couvents et églises. Les thèmes du message de Martin Luther fortifient l'espérance des paysans et exaspèrent leur colère. La liberté qu'il proclame concerne leur âme mais ils en attendent également la fin de leur asservissement aux nobles et aux prêtres qui les dirigent. Dans le pays de Bitche, la révolte prend des formes de cruauté et d'excès tel que le seigneur de Bitche doit chercher refuge auprès du duc de Lorraine Antoine le Bon (1489-1544). Il aurait eu ces mots : « des six mille personnes qui habitent mon domaine, il n'y en a plus six qui me restent fidèles ». Dans la région de Sturzelbronn se constitue en 1525 un groupe de paysans insurgés. Quiconque désire se joindre à ce groupe doit se raser la tête, c'est la raison pour laquelle ils sont populairement appellés les tondus. Cette bande pille l'abbaye et brûle les livres de la bibliothèque, les lettres de donations, les archives ainsi que les registres des redevances.

Les paysans réclament la suppression des dîmes. En Alsace, les villes et les seigneurs passés à la Réforme protestante hésitent à combattre leurs propres sujets. Pourtant, la révolte les inquiète sérieusement. Le duc Antoine de Lorraine, un catholique, les tire alors d'embarras. Appelé au secours par les bourgeois de la ville libre Strasbourg, il étouffe cruellement cette révolte en assiégant Saverne, avec une armée de trente mille mercenaires. Plus de six mille paysans sont ainsi brûlés le 16 mai 1525. Dans un village voisin de Sélestat, vingt mille hommes, femmes et enfants sont massacrés le 20 mai. Partout la vengeance des nobles et des couvents est impitoyable. Au total, près de trente-cinq mille paysans sont morts. Pour les survivants, c'est la fin d'un grand espoir et le retour à une oppression encore plus dure qu'avant. Après la défaite des paysans, le seigneur de Bitche fait enfermer les principaux meneurs, mais quelques mois plus tard, après la souscription du serment de bannissement, ils sont relâchés.

L'intérieur de l'église Sainte-Élisabeth, ancienne chapelle des visiteurs de l'abbaye, devenue église paroissiale du village au début du XIXe siècle. Essai de reconstitution des bâtiments de l'abbaye (extrait de F.-X. Kraus, " Kunst und Alterthum in Lothringen ", Strasbourg, 1889, p. 958). L'arrière de l'église Sainte-Élisabeth et les vestiges des bâtiments de l'abbaye. Les sept étangs entourant le village - ici celui du Langenweiher - fournissaient de la friture en abondance aux moines cisterciens.

Les princes passés à la Réforme protestante obligèrent leur peuple à embrasser la nouvelle religion ou à quitter le territoire, comme le veut la coutume d'alors : cujus regio, ejus religio (telle la religion du prince, telle celle du pays) . Ils ont pour principe que la religion du prince est aussi celle du peuple. En 1570, le comte Philippe V de Hanau-Lichtenberg, nouveau maître de Bitche, fait arrêter l'abbé de Sturzelbronn et s'empare de l'abbaye. Le duc Charles III de Lorraine (1543-1608) sauve l'existence de l'abbaye et fait occuper tout le pays de Bitche en 1572. Si le comte de Hanau-Lichtenberg avait réussi à mettre la main sur l'abbaye de Sturzelbronn, tous les villages et domaines incorporés à cette dernière auraient passé à la Réforme et seraient protestants aujourd'hui.

3. Guerre de Trente Ans

Le conflit qui éclate à Prague en 1618, à l'occasion de l'élection par les Tchèques d'un monarque protestant, l'Électeur palatin Frédéric V (1596-1632), et se manifestera par la célèbre Défenestration, semble à première vue ne pas concerner les Alsaciens et les Lorrains. Pourtant, dès 1621, l'un des généraux de Frédéric V, nouveau roi de Bohême, le comte Ernst von Mansfeld (1580-1629) envahit l'Alsace et le pays de Bitche à la tête de sa redoutable armée de mercenaires. Mansfeld installe alors son quartier général dans la bonne ville de Haguenau. Il se livre avec ses troupes au pillage systématique des richesses de toute la contrée, sans se heurter pour autant à la moindre résistance. C'est en 1622 que les bandes du comte von Mansfeld s'attaquent à l'abbaye cistercienne de Sturzelbronn. À la même époque, de violents affrontements opposent également en Allemagne les troupes catholiques aux protestantes, les catholiques étants soutenus par la maison des Habsbourg et les protestants par la plupart des princes allemands ayant adopté la Réforme protestante.

L'enjeu du conflit devient une hégémonie en Europe occidentale, que se disputent les deux grandes puissances d'alors que sont l'Autriche de l'empereur Ferdinand II et la France, toujours gouvernée par le cardinal de Richelieu (1585-1642). Les motifs religieux demeurent insignifiants à ce moment. Le royaume de France, fort inquiet de la puissance montante de la maison d'Autriche, négocie sous la pression du cardinal de Richelieu une alliance le  23 janvier 1631 par le traité de Bärwald avec la Suède protestante de Gustave II Adolphe (1594-1632), afin de mettre en échec la suprématie des Habsbourg sur le continent. Il est à noter ici que le duc de Lorraine reste fidèle à la maison impériale des Habsbourg. Le maréchal suédois Horn, à la tête d'une troupe de mercenaires recrutés dans toute l'Europe et qui n'ont de suédois que le nom, franchit le Rhin à Kehl et envahit le pays pour le soumettre en quelques mois. 

En 1632, toutes les zones catholiques sont entre ses mains et subissent les exactions des mercenaires. Pour briser la résistance lorraine, Richelieu donne l'ordre d'anéantir toutes les places fortes lorraines, dont celle de Bitche. Le pays entier est livré au pillage, les maisons sont incendiées et les habitants massacrés sans vergogne. En 1633, l'abbaye de Sturzelbronn, détruite par les incendies, n'existe plus et seule la maisonnette du portier reste debout. À l'horreur de la guerre s'ajoutent la peste et la famine qui déciment la population. Battus par les troupes françaises en septembre 1634, les armées suédoises quittent finalement l'Alsace et la Lorraine, en ayant laissé dans les mémoires un souvenir encore vif de nos jours. La guerre de Trente Ans se termine en 1648 par la signature des traités de Westphalie, mais en Lorraine, en Alsace et dans d'autres régions rhénanes ravagées par le passage des armées, de nombreux hameaux sont totalement rayés de la carte.

Après ce cataclysme, le duc de Lorraine cherche à repeupler son domaine de Bitche. Des appels, lancés de part et d'autres du Rhin, amènent des colons de Suisse et du Tyrol, pays épargnés par la guerre. Les moines reviennent à Sturzelbronn et reconstruisent leur abbaye : la vallée de Sturzelbronn commence à revivre à partir de 1687. L'église abbatiale, détruite une première fois en 1633, est reconstruite sous les abbés Fournier, mort en 1711, et Jean-François de Mahuet (1711-1740). Partout, les moines font valoir leurs droits en délimitant leurs terres par des bornes dont certaines existent encore aujourd'hui. Ils ne peuvent pas savoir que tous leurs efforts seront à nouveau anéantis avant la fin du siècle et que la Révolution française de 1789 les chassera définitivement de leur paisible vallée.

Les bâtiments de l'abbaye et l'église paroissiale avant 1937. Vestiges de l'église abbatiale avec le tympan roman remployé, au début du XXe siècle, d'après une photographie conservée aux archives départementales de la Moselle, dans le fonds Morhain. Donnant autrefois accès aux bâtiments entourés d'un mur de clôture, ce portail à fronton triangulaire porté par des piédroits à table rentrante, date des premières décennies du XVIIIe siècle et constitue l'un des derniers témoignages de la reconstruction de l'abbaye à cette époque. Le calendrier lapidaire permettait de calculer la date de la fête mobile de Pâques.

4. Révolution de 1789

Au moment où éclatent les troubles de la Révolution française, les moines cisterciens sont devenus de véritables seigneurs de l'Ancien régime. Ils vendent leurs produits, bénéficient de la dîme ainsi que des droits de location des censes. En 1789, les revenus de l'abbaye sont estimés à neuf mille livres. Les moînes de Sturzelbronn possèdent alors quatorze étangs, alevinés de truites et de carpes, alors que la Zinsel et le ruisseau de Sturzelbronn fournissent les écrevisses. L'abbaye aborne un vaste ensemble territorial englobant une soixantaine de censes. L'exploitation du domaine est articulée autour de granges d'exploitation agricole, qui sont encore au nombre de vingt-et-une en 1790. Tels étaient les lieux quand est décrétée par l'Assemblé Nationale Constituante, le 13 février 1790, la suppression des vœux et des ordres monastiques.

L'abbaye n'a jamais été très florissante et n'a jamais essaimé. En 1790, elle n'est occupée que par neuf religieux. Grâce à l'état des religieux fourni au comité ecclésiastique de l'Assemblée constituante le 26 mars 1790 par le prieur, nous connaissons la liste des moines présents à l'abbaye à ce moment : « Le personnel du couvent se composait, en 1789, de neuf pères religieux, un organiste, deux cuisiniers, un boulanger, un maître de salle pour le service du réfectoire, un servant ou domestique pour le prieur ». Il n'y a plus d'abbé à Sturzelbronn depuis que l'abbé Colin de Contrisson a été rappelé par Dieu le 7 décembre 1789, à l'âge de soixante-sept ans. Restent à Sturzelbronn en 1789 :

Trois absents résidaient à ce moment à la Ferté :

Jean-Nicolas Guntz est enfermé à Maréville de 1775 à 1791. En peu de temps la vague révolutionnaire va tout balayer à Sturzelbronn : le 2 novembre 1789, les propriétés ecclésiastiques sont confisquées et elles sont déclarées biens nationaux le 17 mars 1790. Le 17 mai 1790 a lieu la première visite des autorités municipales pour faire l'inventaire des biens du monastère. L'arrêté du département du 17 juin 1791 qui fixe le nombre de maisons religieuses conservées, ne mentionne pas celle de Sturzelbronn, malgré une démarche faite en sa faveur par le district de Bitche. Le département envoie les religieux de Sturzelbronn qui veulent conserver la vie commune à Justemont. Le prince de Hesse-Darmstadt, souverain du comté de Hanau, profite de l'occasion pour imiter le gouvernement révolutionnaire français et séquestre les biens de l'abbaye situés dans ses états. L'administration du district de Bitche estime en 1791 les revenus de ces biens à 20 000 livres par an.

Un demi-relief en grès rose est encastré dans le mur Nord de la tour-clocher de l'église paroissiale de Sturzelbronn. Représentant un moîne, il semble dater du XVIe siècle. Dans un état moyen de conservation, il présente les angles inférieurs de la pierre cassés, de même que la volute et l'extrémité de la crosse, ainsi qu'un gros éclat sur la partie droite de la tête du religieux. Un bas-relief, dans le même mur, figure des armoiries : un écu couronné chargé de trois cœurs retournés, accosré de deux chiens. D'après Boulangé, qui aurait vu le relief dans le cimetière, l'inscription présente sous le clocher figurait au revers des armoiries. La maison du portier de l'abbaye demeure seule debout après les ravages de la guerre de Trente Ans. Une plaque historique est installée en 1895 par la Société d'histoire de Metz en face de l'église paroissiale et rappelle l'histoire de l'abbaye. Le tympan roman remployé au-dessus du portail latéral sud de l'ancienne église abbatiale avant 1937 (extrait de J.-B. Kaiser, " Die Abtei Stürzelbronn ", Strasbourg, 1937, p. 32-33).

Dès le 31 mars 1791, le district de Bitche procède progressivement à la liquidation de l'abbaye. Les effets mobiliers de l'abbaye sont mis aux enchères à Bitche entre le 10 avril 1792 et le 12 novembre 1792. On n'a pas voulu faire ces enchères au village même qui ne peut fournir ni attirer beaucoup d'amateurs. La ville de Bitche achète pour sept-cent-soixante-huit livres l'horloge de l'abbaye, qui a six pieds de long, quatre de large et trois de haut. Les orgues vont à Sarrelouis, la chaire à Roppeviller, un confessionnal à Breidenbach, une des grosses cloches à Haspelschiedt et l'autel baroque à Loutzviller. Les boiseries du chœur se trouvent encore aujourd'hui dans l'abbatiale de Neuwiller-lès-Saverne. De son côté, la municipalité, qui a appris l'arrêt de suppression, entame après la délibération du 4 septembre 1791 des démarches afin de se faire attribuer l'église de l'abbaye, car l'ancienne église paroissiale ne peut contenir que le quart des paroissiens. Elle demande aussi à conserver deux des cloches de l'abbaye, tant pour appeler aux offices les habitants très dispersés que pour les rassembler en cas d'incendie dans l'une des censes ou dans les bois, ainsi qu'en cas d'attaque des bohémiens, toujours en nombre dans les forêts. Le district décide le 12 novembre 1791 que la plus forte cloche suffit à ces louables intentions et le département ratifie la décision. 

Le dernier religieux, le père Joseph-Wendelin Anthon, est chargé de desservir la cure de l'abbaye, depuis le mois de juillet 1790. Malgré les nouvelles ordonnances, il continue son service auprès des fidèles du village et des nombreuses fermes des environs. Cependant, n'ayant pas prêté le serment voulu par la constitution civile du clergé, il part clandestinement avant le 10 septembre 1792, en raison du décret du 24 août 1792, ordonnant aux prêtres réfractaires de quitter la France dans les quinze jours sous peine de mort. Le 21 décembre 1793, l'administration décide de faire enlever de l'église de l'abbaye la grille en fer, ainsi que les ferrures inutiles à la conservation des bâtiments. Antoine Heim, cabaretier à Sturzelbronn accepte de se charger du travail de démolition, afin qu'elles soient envoyées à Metz où elles serviront à la fabrication d'armes.

La vente des bâtiments de l'abbaye n'a lieu que plus tard. Tant que les troupes défendent les frontières, ils leur servent sans doute de casernement. Une première adjudication a lieu le 4 septembre 1796. Le couvent et l'église sont mis aux enchères le 13 juillet 1798 et adjugés par lots à des bourgeois de Metz et de Sarreguemines. Les nouveaux propriétaires se hâtent de tout démonter. Le couvent est sécularisé en 1799 et l'église abbatiale, vendue comme bien national, est détruite en grande partie en 1807. De ce bâtiment à transept et chœur à chevet plat a subsisté, jusqu'en 1961, la façade nord du transept, intégrée dans une maison. Au rez-de-chaussée, un portail en plein cintre permettait l'accès à l'église.

II. Vestiges

Il ne subsiste aujourd'hui de l'abbaye que le portail, classé monument historique depuis le 18 novembre 1987, deux bâtiments occupés par la mairie, l'école et le presbytère, transformés au XIXe siècle et la maison du portier. Le tympan du XIIe siècle du portail principal de l'église abbatiale, replacé dans le bras gauche du transept de l'église, subsiste jusqu'en 1961. Ses vestiges sont à présent apposées contre l'église paroissiale. Le pilori, les armoiries de l'un des quarante-cinq abbés, le fameux calendrier perpétuel en pierre permetant de calculer la date de Pâques, la grotte-cellier et la glacière des moînes sont encore visibles. La statue de saint Bernard de Clairvaux, érigée en 1935 par l'abbé Drexler dans le village afin de commémorer le huit-centième anniversaire de la fondation de l'abbaye, et seuls les quelques vestiges rappellent au passant qu'une abbaye a existé en ces lieux, de même que la plaque historique installée en 1895 par la Société d'histoire de Metz en face de l'église paroissiale et rappellant l'histoire de l'abbaye. 

III. Armoiries

La description des armes de l'abbaye de Sturzelbronn est la suivante : « d'argent à une Vierge de sable parti d'or et d'un lion aussi de sable avec un bâton de gueules en bandes brochant le tout ». Les abbayes cisterciennes ne possédent pas en effet de nom propre, mais sont toutes dédiées à la Très Sainte Vierge Marie, patronne de l'ordre religieux.

Le tympan du XIIe siècle.

Le village de Sturzelbronn au début du XXe siècle, avec les vestiges des bâtiments de l'abbaye cistercienne et l'église paroissiale Sainte-Élisabeth. Une belle statue de saint Bernard de Clairvaux est érigée en 1935 par l'abbé Drexler dans le village, afin de commémorer le huit-centième anniversaire de la fondation de l'abbaye. Les armoiries de l'abbaye sont représentées sur le vitrail de la tour-clocher de l'église paroissiale Sainte-Élisabeth.

IV. Notes et références

1. Notes

1.

2. Traductions

1.

3. Références

1. GABIN, 1952.

V. Annexes

1. Bibliographie

2. Liens internes
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