Le camp militaire de Bitche est créé durant l'annexion allemande en 1900. D'une superficie de 3 468 hectares, il abrite aujourd'hui le 57e régiment d'artillerie et s'étend de part et d'autre de la route menant de la petite cité fortifiée vers Sturzelbronn et Wissembourg.
Table des matières
III. Patrimoine naturel | IV. Notes et références | V. Annexes | |
Pour renforcer l'importance stratégique de la ville, un champ de manœuvres et de tirs est constitué par l'administration allemande en 1900, à proximité de Bitche, par le rachat de 3 285 hectares de terrains soit à des particuliers de Bitche et de Haspelschiedt soit à la forêt domaniale. Pour procéder au débardage du bois sur ces terrains, une voie ferrée forestière est construite sur une longueur de seize kilomètres à partir de l'actuelle gare de la ville. Des baraques en tôle ondulée sont montées au sud-est de la ville afin de loger 3 500 soldats et 100 officiers. Quelques années plus tard, ces constructions sont transférées sur le champ de tir à trois kilomètres à l'est de la ville le long de la route de Sturzelbronn. Cinq baraques d'officiers sont élevées durant l'hiver 1901 à l'extrémité du champ de tir. Habitées dès le 1er avril 1901, elles coûtent la somme de 100 000 Reichsmarks.
L'empereur allemand Guillaume II visite le camp militaire le 14 mai 1903. Après une cérémonie organisée à la caserne Freiherre von Falkenstein en l'honneur du Magdeburgisches Jäger-Bataillon Nr. 4. L'empereur quitte ensuite la caserne pour se diriger vers le camp de Bitche où il doit assister à une manœuvre. Deux ensembles de troupes s'affrontent de part et d'autre de la route Bitche-Sturzelbronn. Au Nord, les défenseurs sont composés de quatre bataillons d'infanterie, d'un escadron de cavalerie, de deux batteries d'artillerie et d'un détachement de mitrailleuses. Au Sud, les assaillants regroupent trois bataillons d'infanterie, deux escadrons de cavalerie, une batterie d'artillerie et un détachement de mitrailleuses.
Pour cet exercice, les garnisons voisines ont été sollicitées : le 60e régiment d'Infanterie de Wissembourg (Infanterie-Regiment Markgraf Karl Nr. 60) - dont le 2e bataillon avait été en garnison à Bitche jusqu'en 1897 -, le 15e régiment de Dragons (3. Schlesisches Dragoner-Regiment Nr. 15) et 31e régiment d'Artillerie de campagne de Haguenau (1. Unter-Elsässisches Feldartillerie-Regiment Nr. 31). A l'issue de cette manoeuvre, l'empereur félicite l'ensemble des participants et l'exercice s'achève par la traditionnelle parade.
Dès 1940, le camp abrite déjà de nombreux prisonniers français, mais les années suivantes, ces derniers cédent leur place à des prisonniers russes, mais aussi serbes, grecs et d'autres nationalités. Pour sa part, la citadelle n'abrite que des prisonniers allemands, principalement des criminels, des déserteurs, des réfractaires au service militaire et des éléments anti-nazis. Tous ces prisonniers travaillent soit en ville, soit dans les fortifications, soit dans la région sous la garde de sentinelles nazies. Pour mener à bien la prise de l'ouvrage du Schiesseck, en 1945, des tirs d'artillerie à proximité du camp miliaire, de même qu'une attaque aérienne surprise, doivent créer une diversion. Durant cette même période, le village de Haspelschiedt est intégré au camp militaire et sert de champ de manœuvres à l'armée allemande, ce qui explique sa destruction en mars 1945, au moment de la Libération. Le maréchal allemand Erwin Rommel (1891-1944) s'entraîne dans le camp avant de partir pour l'Afrique à la tête de l'Afrika Korps.
Le camp militaire présente un milieu végétal constitué de landes, protégé grâce à un partenariat établi entre l'armée, propriétaire du lieu et le Parc naturel des Vosges du Nord. Il s'agit de milieux dominés par une végétation basse à base de callune ou fausse fougère et de Cytisus scoparius (genêt à balais). Elles résultent d'un déboisement forestier et d'incendies réguliers, ce qui confère au site un aspect, une faune et une flore tout à fait particuliers, qu'il convient absolument de protéger.