Fort Saint-Sébastien de Bitche
Le fort Saint-Sébastien (appelé en allemand Fort Sebastian), édifié au milieu du XIXe siècle, domine la petite ville de Bitche. Il constitue le
pendant et le complément de la citadelle, dans le
système de fortifications de la cité, et se dresse au dessus de l'actuel stade municipal, occupant l'ancien camp retranché installé durant le siège de 1870.
Table des matières
1. Construction du
fort
La
construction du fortin de la Roche
Percée de Bitche débute en 1846, sous le règne de Louis-Philippe (1773-1850), roi des Français entre 1830 et 1848. Les travaux sont poursuivis pendant la
Deuxième république (1848-1851) pour s'achever en 1852, au début du Second Empire (1852-1870). Le fort Saint-Sébastien est ainsi contemporain des
fortifications de la ville de Paris ou encore de fort Boyard. C'est le général-chevalier
Antoine Virgile Schneider (1779-1847), originaire de Sarreguemines et
membre de la célèbre famille d'industriels du Creusot,
député de l'arrondissement de Sarreguemines et
ancien ministre de la guerre en 1839-1840, qui réussit en 1844
à convaincre le comité des fortifications de construire
une nouvelle enceinte pour l'établissement d'un camp
retranché, mais son projet, situé au sud-est entre le château et la colline du Kindelberg, n'est pas
retenu.
Le comité des fortifications se rallie au
projet du chef de bataillon de génie Michel Bizot (né à Bitche en 1795) qui prévoit le camp retranché sur le coté nord-ouest englobant
ainsi la ville. Bizot a déjà l'expérience de ses projets pour l'enceinte de
Strasbourg en 1837 et pour les travaux de l'enceinte du
vallon à Belfort. Le fortin de la Roche Percée ou de Saint-Sébastien, à proximité de la chapelle du même nom, constitue le bastion 7 de la
nouvelle enceinte et se relie au château par un rempart flanqué de deux bastionnets casematés. Il
est le point de résistance ultime du réduit qui protège des tirs venant des
hauteurs avoisinantes. Le fort Saint-Sébastien constitue le bastion le plus important
de la nouvelle enceinte fortifiée de la ville de Bitche. Il
défend le nord de la place-forte et doit empêcher qu'un
ennemi ne s'empare de la colline de la Roche Percée, située à 339 mètres d'altitude. Avant même les premiers remparts du fort,
des fossés d'une profondeur de dix mètres et d'une largeur de
quinze à vingt mètres, protégés par trois bastionnets, sont
creusés. Des pièces d'artillerie, disposées sur le cavalier, pouvaient
balayer toute la vallée du moulin de Ramstein jusqu'au loin, vers celui de la Ochsenmühle et la route de Pirmasens.
2. La guerre de 1870 et ses
conséquences
Le terrain situé entre le pied du
fort et la citadelle sert de terrain d'exercice puis de camp retranché aux
hommes du commandant
Teyssier, pendant le siège de
1870-1871. Actuellement, l'emplacement du camp retranché est occupé par le terrain
de sport municipal. Les remblais proviennent en partie des déblais du fossé du fortin. Ils
sont transportés par wagonnets
sur rails. Un décret ministériel, en date du 28
février 1850, a élevé la ville aux rang de
place-forte de première classe avant la fin des travaux en
1857. Après la guerre
franco-allemande de 1870, la place forte de Bitche,
située très loin de la frontière, a perdu
beaucoup de la valeur stratégique qui lui valait tant
d'attention de l'administration française. Ses fortifications
n'étant guère plus adaptées au progrès de
l'artillerie à canon rayé, le fort est
déclassé par l'administration allemande
en 1880. Il ne retrouvera plus jamais sa fonction originelle.
3. Aujourd'hui
À une certaine époque et avec
l'accord des responsables de la ville, bon nombre de jeunes Bitchois se sont servis des
pierres du fossé, resté à l'abandon, pour construire leurs maisons ou leurs murs
de jardin. Le fort Saint-Sébastien aura finalement vécu une trentaine d'années, coûté un peu
plus de 320 000 francs au lieu des 190 000 prévus et procuré du travail à de nombreux
habitants de la région. Depuis quelques années, l'association Les amis du
fort s'emploie, avec l'aide de la municipalité, à le faire revivre.
4. Bibliographie
- JACOPS
(Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT (Didier), Le Pays de Bitche
(Moselle), Metz, Éditions Serpenoise, 1990, p. 27-38.
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