Michel Bizot
Le général Michel
Brice Bizot, né le 2 octobre 1795, décède le 15
avril 1855 durant le siège de Sébastopol. Il
naît à Bitche, en Moselle,
le 2 octobre 1795 (11 vendémiaire an IV), à 7 heures du soir. Il est le fils de
Jean-Baptiste Brice Bizot, chef de brigade dans l'arme du Génie - alors
âgé de quarante ans - et d'Angélique Claire Antoinette Ulrich. Le génral Fayol dira de lui que « C'était un officier du plus grand mérite, du plus grand courage,
faisant chaque jour le sacrifice de sa vie. Je me rappelle encore, avec
un triste souvenir, le deuil de toutes nos figures quand le maréchal
Felier lui dit son dernier adieu ».
« C'est un brave homme, ingénieur dans l'âme, très entier dans ses
idées mais s'occupant de son affaire et d'une activité d'esprit et de
corps qui aurait fait honte à bien des jeunes gens », avouera le général Augustin
Thiry, commandant en chef de l'artillerie de l'Armée d'Orient. Le général Bizot mourut
durant la guerre de Crimée (1853-1856), au siège de
Sébastopol, comme le raconte le Général
Thiry : « Ce pauvre Général Bizot a reçu une affreuse blessure, il y
a trois jour, le 11 de ce mois [avril 1855]. Il voulait voir si les
travaux des Anglais avançaient ; il a donc passé dans leurs tranchées ;
mais ces diables de gens ne font rien comme les autres ; on n'est
couvert que jusqu'à mi-corps dans leurs tranchées ; ils les parcourent
en se courbant et quand ils s'arrêtent ils se couchent. Bizot
ne s'est sans doute pas assez baissé ou même ne s'est pas baissé du
tout, car je l'ai vu souvent d'une hardiesse imprudente. Quoi qu'il en
soit s'il a réellement commis quelque imprudence, il l'a payée cher.
Une balle l'a frappé derrière l'oreille droite, a passé au dessus du
palais et est venue aboutir à la pommette de la joue gauche où elle est
encore. On l'a cru tué sur le coup ».
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États des services
- Sous-lieutenant élève à l'École d'application : 1 octobre 1813
(détaché de l'école et employé à la défense de Metz pendant le blocus
de 1814)
- Lieutenant en second des Sapeurs : 23 mai 1815
(défense de Besançon en 1815, puis à Metz
dans le premier régiment du Génie le 1 octobre 1816,
à Besançon le 26 août 1817)
- Lieutenant en premier des Sapeurs : 1 février 1818
- Lieutenant de l'état-major du Génie : 14 mai 1819
- Capitaine en second des Sapeurs : 10 février 1821
(à Montpellier le 18 mars 1821, dans l'armée
d'Espagne - troisième compagnie du
premier bataillon du premier régiment - le 19 février
1823, blocus et
siège de Pampelone et à Montpellier le 4 janvier 1824)
- Capitaine en second de l'état-major du
Génie : 21 janvier 1824 (à Besançon le 28
janvier 1824, à Strasbourg le 15 mars 1826)
- Capitaine en premier des Sapeurs : 5 juillet 1828 (à Metz le 19 mars 1829, à Arras le 2 novembre 1830)
- Capitaine en premier de l'état-major du
Génie : 29 janvier 1831 (à Belfort le 21
février 1831, à Bitche - en chef - le 20 mars 1832, à Strasbourg le
18 avril 1826 et à Paris, au dépôt des fortifications, le 20 février
1838, puis embarque à Toulon le 18 février 1839 et devient capitaine en
chef de la province d'Oran)
- Chef de bataillon : 23 septembre 1839 (débarque à Toulon le 8
octobre 1841 et devient chef de bataillon en chef à Belfort, puis en
congé le 9 novembre 1841, à Bitche -de nouveau en chef - le 4 février
1842
- Lieutenant-colonel : 26 juin 1845
- Colonel : 19 décembre 1849 (embarque à
Toulon le 20 décembre 1849 et devient directeur à
Constantine, en congé du 25
septembre 1850 au 15 octobre de la même année, revient
à Bitche le 15
octobre 1850).
- Général de brigade : 10 mai 1852 (commandant de l'École polytechnique le 29 octobre 1852)
- Général de division le 12 avril 1855 (il meurt avant de l'apprendre).
Décorations
- Chevalier de la Légion d'Honneur : 16 septembre 1823
- Officier de la Légion d'Honneur : 17 août 1841
Rôle à Bitche
Le général Michel Bizot jouera un rôle considérable dans sa petite cité fortifiée, puisqu'il est à l'origine du projet de fortifications retenu pour l'édification du fortin de la Roche-Percée entre 1846 et 1852. La
construction du fortin de la Roche
Percée de Bitche débute en 1846, sous le règne de Louis-Philippe (1773-1850), roi des Français entre 1830 et 1848. Les travaux sont poursuivis pendant la
Deuxième république (1848-1851) pour s'achever en 1852, au début du Second Empire (1852-1870). Le fort Saint-Sébastien est ainsi contemporain des
fortifications de la ville de Paris ou encore de fort Boyard. C'est le général-chevalier
Antoine Virgile Schneider (1779-1847), originaire de Sarreguemines et
membre de la célèbre famille d'industriels du Creusot,
député de l'arrondissement de Sarreguemines et
ancien ministre de la guerre en 1839-1840, qui réussit en 1844
à convaincre le comité des fortifications de construire
une nouvelle enceinte pour l'établissement d'un camp
retranché, mais son projet, situé au Sud-Est entre le château et la colline du Kindelberg, n'est pas
retenu.
Le comité des
fortifications se rallie au projet du chef de bataillon de génie
Michel Bizot qui prévoit le camp retranché sur le
coté nord-ouest englobant ainsi la ville. Bizot a
déjà l'expérience de ses projets pour l'enceinte
de Strasbourg en 1837 et pour les travaux de l'enceinte du vallon
à Belfort. Le fortin de la Roche Percée ou de
Saint-Sébastien, à proximité de la chapelle du même nom, constitue le bastion 7 de la
nouvelle enceinte et se relie au château par un rempart flanqué de deux bastionnets casematés. Il
est le point de résistance ultime du réduit qui protège des tirs venant des
hauteurs avoisinantes. Le fort Saint-Sébastien constitue le bastion le plus important
de la nouvelle enceinte fortifiée de la ville de Bitche. Il
défend le nord de la place-forte et doit empêcher qu'un
ennemi ne s'empare de la colline de la Roche Percée, située à 339 mètres d'altitude. Avant même les premiers remparts du fort,
des fossés d'une profondeur de dix mètres et d'une largeur de
quinze à vingt mètres, protégés par trois bastionnets, sont
creusés. Des pièces d'artillerie, disposées sur le cavalier, pouvaient
balayer toute la vallée du moulin de Ramstein jusqu'au loin, vers celui de la Ochsenmühle et la route de Pirmasens.
Famille
Le général Michel Bizot est le père du général Brice Adrien Bizot (1848-1929), ainsi que de mademoiselle
Camille Bizot, qui épousera le baron Charles-Auguste Adolphe de Creutzer, riche propriétaire terrien au domaine d'Erbsenthal
issu d'une famille de notables locaux. Il est le fils
de Charles-Auguste de Creutzer (1780-1832), qui s'est
illustré par sa carrière militaire. En effet,
entré en 1799 dans l'armée du Rhin, il devient
successivement brigadier du 11e régiment de Dragons en 1800,
aide de camp du général Charles
Étienne Gudin de La Sablonnière
(1768-1812), son beau-frère, dans la même année
lieutenant en 1801, puis capitaine en 1807 et général de
brigade en 1813. Charles-Auguste Creutzer est général
commandant supérieur de la place-forte de Bitche en 1815, ainsi
que
durant l'épisode des Cent-Jours, entre le 1er mars et le 18
juin 1815. Il est nommé enfin inspecteur d'infanterie en
1816, puis enfin commandant du département de la Moselle en
1830. Il est promu finalement officier de la Légion d'honneur et
est doté d'une particule. Il décède dans la bonne ville de Bitche
en 1832, laissant le domaine de l'Erbsenthal à ses enfants.
Son fils, le baron Charles-Auguste Adolphe de
Creutzer, l'époux de Camille Bizot, est pour sa part un riche marchand de bois, qui s'occupe alors
de trois scieries, dont deux sont situés dans l'écart de
l'Erbsenthal et une au hameau de la Lieschbach, annexe de la commune voisine de Philippsbourg. Le baron de Creutzer était par ailleurs aussi le propriétaire
des deux fermes voisines de l'Altzinsel et du Harzhof. Parallèlement à
ses activités professionnelles, dans le hameau de l'Erbsenthal
lui-même, le baron de Creutzer entreprend de faire des
transformations majeures. Il y fait construire notamment un
château-résidence, qui est appelé localement s'
Schlessel, en allemand das Schlössel
ou le petit château. Il complète également les
infrastructures par la construction d'une maison pour le personnel de
service, d'une glacière située près de
l'étang, ainsi que d''une serre et de diverses
dépendances dans le domaine. On parle même, sans que cela
soit établi toutefois, d'une maison à deux étages,
servant au logement des religieuses qui se seraient occupé alors
d'orphelins et dont monsieur l'abbé Thilmont était
aumônier. La glacière, une sorte d'igloo isolé par
de la paille - méthode fort ancienne dans la région
puisque déjà utilisé par les moînes cisterciens de Sturzelbronn -, servait à y entasser la glace
de l'étang de l'Erbsenweiher en hiver, qui pouvait être utilisée jusqu'en été, soit pour être consommée
directement, soit pour conserver les aliments tels que les poissons, d'autant
plus que l'étang était très poissonneux.
La sœur du baron, Malvina de Creutzer, est propriétaire de la maison du
Neuweiher à cette époque. C'est ainsi qu'elle fait construire en 1859, à l'emplacement de la chapelle du XIVe siècle détruite pendant la
guerre de Trente Ans (1618-1648), une nouvelle chapelle. Les lieux semblent idylliques selon une description de
Madame Ott, qui se souvient des paroles de sa mère : « le
petit château, ou Schlessel, bâti en descendant le chemin de l'étang
avec véranda couverte avec vue sur l'étang. En partant de la chapelle,
vers la droite, il y avait une serre avec des fleurs. De belles allées étaient
tracées et entretenues, ainsi que du gazon. Il y avait un
verger ». Cependant, Charles-Auguste de Creutzer va devenir veuf très
jeune : sa femme Camille décède en 1850 à l'âge de vingt ans. C'est pourquoi il va vivre
seul au château, toutefois en compagnie de sa fille, Hélène-Julie née en 1848,
et de sa sœur, mademoiselle Malvina, qui restera célibataire.
Sources
- Archives de Vincennes : État de service dressé le 31 décembre 1851,
certificat de naissance, nomination au commandement de l'École
Polytechnique.
- Lettres du général Thiry datés du 14 et du 17 avril 1855
- Souvenirs du général Fayol (1874)
- Camille Rousset, Histoire de la Guerre de Crimée, tome II, pages 138 à 140