Forge de Mouterhouse

Au plus profond du pays couvert, le village de Mouterhouse, avec ses nombreux écarts égrenés le long des rivières, possède le plus vaste ban du pays de Bitche, couvrant une superficie de plus de 4 200 hectares. La petite localité se situe au confluent des ruisseaux de la Moderbach et du Breidenbach, dans la vallée de la Zinsel. Il est à six kilomètres de la gare de Bannstein et à douze kilomètres de Bitche. De nombreux petits étangs artificiels se succèdent dans la sinueuse vallée de la Zinsel du Nord et de son affluent, le Moderbach. Créés pour l'industrie métallurgique, qui se développe dans le secteur dès le début du XVIIe siècle mais peut-être, plus anciennement, pour alimenter des viviers à poissons et faire tourner les moulins à grain, ils s'étirent comme des chapelets. Le grand étang, déjà décrit en 1785 dans l'Atlas topographique du Pays de Bitche, est le plus vaste d'entre eux puisqu'il mesure pas moins d'un kilomètre de long. Il est agrandi jusqu'aux ruines du château situées au Kapellenhof et est propriété de la famille de Dietrich jusqu'à une date récente.

Table des matières

I. Histoire
II. Lieux-dits liés à la forge
III. Cultes IV. Annexes
 
1. Une création difficile
1. Altschmelz ou Vieille-Fonderie
IV. Notes et références
1. Bibliographie
2. Relèvement après la guerre de Trente Ans
2. Kleinhammer ou Petit-Marteau
2. Liens internes
3. Famille de Dietrich
3. Schindelthal

I. Histoire

1. Une création difficile

Henri II le Bon (1563-1624), duc de Lorraine entre 1608 et sa mort, permet à Jean-Valentin Dithmar, fermier du domaine du comte de Bitche, le 16 juin 1611, d'ériger sur le ruisseau de Mouterhouse une batterie de fer. Celle-ci comprenait à l'origine deux affineries, une chaufferie, un marteau de fer, une platinerie et un haut-fourneau, deux halles « pour loger charbon », l'une à la forge, l'autre au fourneau, ainsi que des bâtiments qui sont dits « convenables » pour loger les fondeurs et les forgerons. L'exploitation est réglée pour un loyer de deux mille francs par an, et cela pendant douze années. En fonction dès l'année suivante, l'usine de Mouterhouse cesse cependant de travailler à la suite d'un accident qui est survenu en 1613 et est finalement abandonnée en 1627 déjà. 

La forge avant la seconde guerre mondiale. Le village de Mouterhouse et ses forges sur la carte de Cassini, établie sous le roi Louis XV.

Un bourgeois originaire de la petite ville de Sainte-Marie-aux-Mines, dans le nord du Haut-Rhin, où existaient également des forges à cette époque, s'intéresse alors à la petite industrie de Mouterhouse. Prénommé Martin Herhart, l'homme propose en 1629 de rétablir l'ancienne forge, et ce grâce à l'installation d'une renardière. Un bail est alors établi pour six ans, du 1er janvier 1629 au 31 décembre 1634. Malgré tout cela, la forge de Mouterhouse n'est plus considérée comme une usine importante, puisque la ferme ne porte en effet plus que sur deux cents francs à ce moment, qui sont payables à Noël. Cette audacieuse tentative de relèvement de l'industrie métallurgique est de courte durée cependant, puisqu'en 1631, le susdit Martin Herhart ne paie plus son loyer et est déclaré en fuite.

En février 1623, Jean-Valentin Dithmar conclue un autre contrat, d'une durée de treize ans, pour l'érection à Mouterhouse d'une batterie de cuivre, à raison d'un loyer de deux-mille cinq-cents francs, payables en deux fois. L'usine comprend alors une fonderie comprenant deux fourneaux, des cheminées construites en pierre, une tréfilerie comprenant une fournaise et les « bâtiments suffisants », ainsi que cinq chambres afin d'y loger les ouvriers. La batterie proprement dite est éloignée d'environ deux coups de mousquet. Bâtie de chaux, de sable et de pierre, elle comprend alors une grande cheminée et des chambres pour les ouvriers. Elle possède également six marteaux lourds, servant à marteler le cuivre, qui est ensuite transformé en tôle. La batterie fonctionne seulement entre 1623 et 1632, date à laquelle Jean-Valentin Dithmar rompt le bail avec l'autorisation de la Chambre. L'obligation de lever le minerai dans la seigneurie ainsi que les désordres majeurs causés par la terrible guerre de Trente Ans (1618-1648), qui a ravagé la région et provoqué la ruine de ses industries, sont les principales raisons de l'arrêt des usines de Mouterhouse.

2. Relèvement après la guerre de Trente Ans

Les deux usines sont en effet détruites en 1633 par les troupes de mercenaires suédois dirigés par l'impitoyable comte Ernst von Mansfeld (1580-1629) puis, le 1er mars 1717, Jean-Frédéric de Dithmar, receveur des finances du roi, seigneur de Gentersberg et Schmittviller et Jean-Georges Mader, directeur des forges du village voisin de Zinswiller, obtiennent la concession à perpétuité de la cense avec les terres, prés et héritages alors en friches et sont en charge de payer deux-cent livres de cens et de faire construire, à leurs frais, une usine à martinets et une taillanderie, sauf dans le cas où la forge est rétablie. Le 13 août 1723, l'érection de la nouvelle forge est confirmée par le bénéfice d'un acensement perpétuel, au profit des deux contractants. Un plan des lieux est effectué, décrivant la forge comme une bâtisse à deux étages, comprenant trois fenêtres sur sa longueur vis à vis d'une écurie. Louis Dithmar, seigneur de Moranville, rachète avec l'aide de sa mère la part de Jean-Georges Mader le 26 janvier 1751, pour la somme de dix-huit mille sept-cent-cinquante livres. Ils loueront les forges dès le 4 juin, pour huit mille livres par an.

Malgré les différentes querelles qui éclatent avec les fermiers des domaines de Lorraine, les censitaires sont maintenus dans leurs biens par arrêt du conseil royal des finances prononcé en date du 17 janvier 1758. Par acquisition des 9 décembre 1760, 22 mai, 17 juin et 5 décembre 1761, Jean-Jacques Baligand, inspecteur des Ponts et Chaussées royaux, devient inspecteur général des bâtiments et usines, tandis qu'Albert-Joseph Duprez et Pierre-Joseph Brunet deviennent les nouveaux maîtres des forges de Mouterhouse. Celles-ci sont abandonnés dès l'année 1777, principalement à cause de difficultés financières et de mauvais rendements de l'industrie. Elles sont rachetées le 7 août 1777 par Jacques Bergeron, forunisseur de la marine du roi de France, puis le 28 juin 1785 par Prédeau de Chémilly, ancien trésorier général des maréchaussées de France. D'après la description faite par le baron de Dietrich en 1789, c'est à-dire quelques années plus tard seulement, la foge de Mouterhouse comprenait à cette époque deux hauts fourneaux, six feux d'affinerie, trois marteaux de forge, un martinet à trois marteaux, une fonderie et une platinerie, ainsi que cent-trente habitations destinées aux ouvriers et à leurs familles.

Les ruines de l'ancienne platinerie de l'Altschmelz. Rélevé cadastral présentant la fonderie. Ancien plan de la forge. L'étang et l'usine avant la seconde guerre mondiale.

3. Famille de Dietrich

En 1803, il y a en plus deux bocards, une fabrique de tôle ainsi qu'une aciérie, occupant environ cinq cent ouvriers au total. Les bâtiments, forts délabrés, sont restaurés en 1834. L'usine est finalement rachetée en 1843 par la puissante famille d'industriels de Dietrich, qui est déjà propriétaire de la fonderie de Niederbronn-les-Bains dans le Bas-Rhin, créée en 1769, ainsi que de celles de Jaegerthal, sur la commune de Windstein, de celles de Zinswiller et de Reichshoffen. En 1865, il y a douze fours à puddler à la forge de Mouterhouse, six trains de laminoirs et des marteaux pilons mais les forges sont en déclin après 1870, à cause de l'annexion et de la concurrence de l'industrie sidérurgique massive allemande. En 1900 a lieu la fermeture du dernier fourneau, tandis que les autres activités perdurent encore. Produisant tour à tour des tôles, de l'acier, des bandages de roues pour wagons de chemin de fer, des rails, des essieux puis, après la première guerre mondiale, de l'outillage et des machines agricoles, l'usine est complètement détruite par les soldats américains dans les premiers jours de janvier 1945 et ne sera jamais reconstruite.

II. Lieux-dits liés à la forge

Les bâtiments industriels et les maisons d'ouvriers, reconstruits au cours du XVIIIe et du XIXe siècle, étaient installés dans des lieux-dits aux noms évocateurs : d'ouest en est, Vieille Fonderie, Marteau Neuf ou Gros Marteau, Nouvelle Forge, Petit Marteau, Fourneau Neuf. Un logement d'ouvrier à Nouvelle Forge porte la date 1830. 

1. Altschmelz ou Vieille-Fonderie

Les ruines de la fonderie de l'Altschmelz se situent à proximité du château de Sonis, sur la route qui mène au village voisin de Lemberg. Composée avant 1753 d' « un fourneau pour la fonde de lamine et couler les gueuses, d'une place à faire les moules de fourneaux et de poterie et d'un petit magazin », une petite maison sur le canal de la bonde de l'étang de huit jours deux quarts et six verges de contenance, et au-dessous un petit marteau qui casse la pierre à chaux, une halle à charbon ainsi que des habitations pour les ouvriers et leurs familles. La fonderie est abandonnée dans le courant du XIXe siècle et il ne subsiste plus aujourd'hui que les vestiges des vannes et les bâtiments de la fonderie ou bien du marteau à castine. 

2. Kleinhammer ou Petit-Marteau

À l'opposé de la vallée, en direction de Baerenthal, se situe le l'ancien logement des ouvriers de la forge de Kleinhammer. Situé en contrebas d'une retenue d'eau et en bordure de la profonde forêt, il s'agit d'un grand bâtiment, construit au début du XIXe siècle. Il est couvert d'un toit à tuiles plates à demui-croupes et toutes les façades sont largement percées, sur trois niveaux. Les bâtiments industriels ont disparu mais sur l'autre rive du cours d'eau, il existe encore plusieurs logements d'ouvriers, sans doute pluis anciens mais surtout bien plus modestes. 

Le village, l'étang et les forges avant la seconde guerre mondiale. Les ruines d'un ancien marteau.

Le grand étang et l'usine avant la seconde guerre mondiale.

3. Schindelthal

À l'entrée du vallon de Schindelthal, à un endroit où sans doute autrefois on fendait les bardeaux - appelés Schindeln en allemand -, subsistent les bâtiments d'une ancienne tuilerie, qui est construite dans la première moitié du XIXe siècle. Transformé très tôt en habitation, ce bâtiment renfermait autrefois le four et la cheminée. De plan carré, il est couvert d'un toit en pavillon et d'un lanternon séparés par une claire-voie afin de faciliter la ventilation.

III. Cultes

Une chapelle est érigée à proximité des forges ; devenu trop petit, l'édifice est remplacée en 1763-1764 par une chapelle construite au Gros Marteau, aux frais d'Albert Joseph Despret, censitaire des forges, accolée au bâtiment de la direction et détruite en 1869, lors de la construction de l'actuelle église Saint-Jacques-le-Majeur.

IV. Notes et références

1.

V. Annexes

1. Bibliographie
2. Liens internes

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