Chapelle Notre-Dame-de-la-Miséricorde de Mouterhouse

Au plus profond du pays couvert, le village de Mouterhouse, avec ses nombreux écarts égrenés le long des rivières, possède le plus vaste ban du pays de Bitche, couvrant une superficie de plus de 4 200 hectares. La petite localité se situe au confluent des ruisseaux de la Moderbach et du Breidenbach, dans la vallée de la Zinsel. Il est à six kilomètres de la gare de Bannstein et à douze kilomètres de Bitche. De nombreux petits étangs artificiels se succèdent dans la sinueuse vallée de la Zinsel du Nord et de son affluent, le Moderbach. Créés pour l'industrie métallurgique, qui se développe dans le secteur dès le début du XVIIe siècle mais peut-être, plus anciennement, pour alimenter des viviers à poissons et faire tourner les moulins à grain, ils s'étirent comme des chapelets. Le grand étang, déjà décrit en 1785 dans l'Atlas topographique du Pays de Bitche, est le plus vaste d'entre eux puisqu'il mesure pas moins d'un kilomètre de long. Il est agrandi jusqu'aux ruines du château situées au Kapellenhof et est propriété de la famille de Dietrich jusqu'à une date récente.

Le chevet de la chapelle Notre-Dame-de-la-Miséricorde, construite en 1504 (photographie d'Anthony Koenig). La très belle chapelle Notre-Dame-de-la-Miséricorde de Mouterhouse se situe au pied des pentes boisées du Grünberg. La croix adossée à la chapelle représente saint Hubert. Une inscription sculptée dans une plaque de grès, encastrée dans le mur Ouest de la chapelle, est écrite en allemand gothique. Un cadran solaire est installé contre la façade de la chapelle. Le cadran solaire se situe sur la façade de la chapelle.

Table des matières

I. Histoire
II. Édifice IV. Alentours VI. Annexes
 
1. Fondation
III. Mobilier V. Notes et références
1. Bibliographie
2. Guerre de Trente Ans et restauration
2. Liens internes
3. Révolution française et restauration
1. Notes
4. Seconde guerre mondiale et restauration
2. Références

I. Situation

La splendide chapelle Notre-Dame-de-la-Miséricorde, de style gothique flamboyant, est érigée dans l'écart du Kapellenhof., appelé également quartier de la chapelle Elle se situe au pied des pentes de la colline du Grünberg, nichée à la lisière de la profonde forêt, qui est omniprésente sur le ban de la commune de Mouterhouse. Dans la vallée du Moderbach, le sanctuaire est érigé à cent mètres du château de la Wasserburg, dont la construction par le comte Reinhard de Deux-Ponts-Bitche suit d'un an celle de la chapelle.

II. Histoire

1. Fondation

L'humble sanctuaire marial est construit en 1504, aux frais du même comte Reinhard de Deux-Ponts-Bitche et placé sous l'invocation de Notre-Dame de Bon-Secours. En 1518, une bulle du pape Léon XI accorde une indulgence partielle aux fidèles qui visiteront la chapelle lors des principales fêtes de la Très Sainte Vierge : le Souverain Pontife privilégiait ainsi dès ses origines la chapelle, qui connaîtra très vite une affluence de pélerins venus de tous les horizons. 

À l'intérieur de la chapelle se trouve une inscription sculptée dans une plaque de grès, encastrée dans le mur Ouest : il s'agit de la pierre de fondation de l'ancien château du Wasserburg, qui se situait tout près de là. Écrite en allemand gothique, on peut y lire les indications suivantes : « Reinhart graff zu Zweibrücken, zu Bitsch und zu Lichtenberg » - Reinhardt comte de Deux-Ponts Lichtenberg et Bitche. On peut néanmoins supposer que la plaque a été ajoutée ultérieurement, car les deux dates ne correspondent vraisemblablement pas. 

2. Guerre de Trente Ans et restauration

Malgré sa popularité croissante, l'humble sanctuaire de Mouterhouse ne peut échapper aux ravages des troupes de mercenaires suédois en 1633, menés par l'impitoyable comte Ernst von Mansfeld (1580-1629) lors de la terrible guerre de Trente Ans (1618-1648) : rares sont les édifices catholiques qui échappent alors à la fureur de ces fanatiques protestants. La chapelle demeure alors livrée à l'abandon, pendant près d'un siècle. Il faut attendre 1723 pour qu'une restauration soit entreprise, comme l'atteste une inscription dans la pierre d'autel toujours présente dans le chœur.

Un panneau récapitulant l'histoire de l'édifice est installé par la section locale du Club vosgien à l'entrée de l'oratoire. La statue, sculptée dans le bois de tilleul, surplombe le petit sanctuaire. Le quartier de la chapelle ou Kapellenhof au début du XXe siècle. Une des deux fenêtres de la nef est d'une grande richesse. Une croix de mission est érigée à proximité de la chapelle. Le millésime 1504 est gravé sur le linteau de la porte de l'oratoire.

3. Révolution française et restauration

L'oratoire connaît à nouveau une longue période de désolation après 1789. Cette année-là, les révoltés de Bitche viennent prendre possession de la chapelle et de tout son contenu et la chapelle est utilisée comme atelier de menuiserie en 1791. Mais des âmes précieuses avaient eu le soin de mettre en lieu sûr la statue de la Très Sainte Vierge, après avoir eu connaissance des faits scandaleux auxquels se livraient ces brigands. Le calme retrouvé, on sortit la Madone de sa cachette pour la placer dans l'église paroissiale.  La chapelle reprend son éclat en 1824, grâce au pieux et généreux Monsieur Pierre René Orono de Sonis, principal actionnaire des forges de Mouterhouse, et elle est rendue au culte en 1839. La statue de la Très Sainte Vierge, mise en sûreté à l'église paroissiale au moment des troubles révolutionnaires, reprend le chemin de la chapelle en 1845 et les pélerins reviennent très nombreux invoquer Notre-Dame. En 1890, la famille de Sonis, propriétaire de la chapelle, la cède gratuitement au conseil de fabrique de Mouterhouse. Le petit édifice brille à nouveau comme jadis, tel un véritable bijou. Monsieur de Sonis a effectué différents legs dont la trace a été retrouvée dans le registre de la fabrique sous forme de lettre : « Les legs que j'ai résolu de faire sont les suivants : La fabrique de Mouterhouse : la somme de 2800 francs pour lui constituer une rente perpétuelle de 1120 francs qui sera employée comme suit :

Fait et signé de ma main Jérusalem Carmel du pater le 27 juin 1887. »

4. Seconde guerre mondiale et restauration

Durant la dernière guerre, il s'en fallut de peu que la statue de la Très Sainte Vierge Marie ne devînt une prise de guerre, par un vol des forces d'occupation nazies. En effet, en 1942, la commission pour le patrimoine populaire et culturel charge l'administration militaire de transporter cette œuvre d'art dans le dépôt prévu à cet effet et situé dans le château du comte de Leuse, à Reichshoffen. Un adjudant et deux hommes viennent donc à Mouterhouse dans le but de déplacer la Madone. Ceux-ci se rendent chez Monsieur Gross, le maire de l'époque, mais celui-là, protestant, ne se considère pas compétant en la matière pour autoriser la prise de la statue, propriété de la paroisse catholique. L'adjudant va donc à l'école chez Monsieur Auguste-Bernard Koelsch, puisque l'abbé Schmitt était absent. M. Koelsch persuade l'homme en question qu'il ne s'agit pas d'une œuvre d'art mais d'une simple statue pieuse, de facture populaire. Le commando rebrousse alors chemin et la statue de la Très Sainte Vierge Marie est une fois encore protégée comme il se doit. 

En 1945, une grande procession est organisée afin de ramener la statue de la Madone à son emplacement initial qu'est la chapelle. Durant le conflit, celle-ci était désaffectée et utilisée comme menuiserie, avant d'être endommagée par les bombardements alliés lors de la Libération. Des travaux de reconstruction de l'édifice sont entrepris en 1950 sur dommages de guerre et la statue est restaurée. En 1999, les murs sont consolidés et la toiture connaît une réfection. La chapelle est complètement restaurée en 2005, afin de célébrer le cinquième centenaire du petit sanctuaire marial.

II. Édifice

Il s'agit d'un élégant petit édifice en pierre de taille de type église-grange, en grès rose, avec un chevet polygonal, restauré après les guerres du XVIIe siècle. Un campanile surplombe la première partie de la petite nef, carrée et très simple. Celle-ci se prolonge par un chœur s'achevant en abside à trois pans, renforcé par d'épais contreforts. Ceux-ci laissent penser que le chœur a peut-être été voûté à l'origine. Pourtant, le regard est attiré par la dentelle des remplages ornant les trois grandes fenêtres du chœur. Fait étrange, les deux fenêtres de la nef sont très dissemblables. Si l'une est d'une grande richesse, la seconde est d'une simplicité presque austère. Le toit de la chapelle est à longs pans avec croupe et flèche carrée. 

Le visage serein de la Sainte Vierge Marie est encadré par un petit voile court. La pierre de fondation du château du Wasserburg porte les indications suivantes : " Reinhart graff zu Zweibrücken, zu Bitsch und zu Lichtenberg " - Reinhardt comte de Deux-Ponts, de Bitche et de Lichtenberg. Une statue moderne de saint Antoine de Padoue est située contre le mur Ouest de la chapelle. Toute les classes de la société sont agenouillées au pied de la Mère du Ciel. L'intérieur de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, abritant la très belle statue de la Vierge au manteau (photographie d'Anthony Koenig). La nef de la petite chapelle de Mouterhouse.

III. Mobilier

Haut-lieu spirituel du pays de Bitche et but d'un pélerinage marial très fréquenté, la chapelle conserve une statue polychrome grandeur nature de la Très Sainte Vierge de Bon-Secours, qui se dresse derrière l'autel - autrefois au-dessus. Sculptée dans un seul tronc de tilleul au début du XVIIIe siècle, une harmonie émane de cet ensemble haut d'un mètre cinquante. Le visage serein de la Sainte Vierge Marie est encadré par un petit voile court. Étendant légèrement les bras, elle est revêtue d'une longue robe rose au drapé délicat et protège sous son ample manteau tutélaire d'un bleu céleste les quatorze personnages - sept de chaque côté - dont une légende a fait, à tort, les quatorze Saints Auxiliaires, très vénérés dans le Bitscherland. L'artiste s'est sans doute inspiré de la statue de Notre-Dame-de-Bonsecours à Nancy, taillée dans un bloc de pierre en 1505 par Mansuy Gauvain. 

Dans les premières décennies du XVIIIe siècle, les ducs de Lorraine favorisent le renouveau de la dévotion à cette iconographie, se faisant même représenter eux-mêmes avec leur famille sous les bras de la Très Sainte Vierge. C'est le cas dans cette statue, où sont représentés en réalité les différentes classes de la société, depuis le duc et la duchesse de Lorraine, agenouillés aux pieds de la Vierge Marie, jusqu'aux bourgeois, aux moines et aux simples nonnes. Tous semblent invoquer avec anxiété et cependant une grande confiance la protection de la Sainte Vierge. Un éclat d'obus provoqua un léger dommage au niveau du cou de la Madone, encore visible de nos jours. La statue constitue toute la richesse et la noblesse de ce sanctuaire dont l'intérieur est d'une extrême simplicité, sans aucun ornement important. Deux statues modernes de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de saint Antoine de Padoue sont adossées au mur Ouest et un petit chemin de croix en plâtre est également visible dans l'humble chapelle.

Lors de la réouverture de la chapelle après la restauration entreprise par monsieur de Sonis, on a placé un autel peu digne de figurer dans ce charmant petit édifice. Celui-ci servira donc jusqu'à des temps meilleurs : mademoiselle Noémi de Sonis mettant à exécution une de ses idées, fait ainsi installer un autel dont la sculpture correspond davantage avec le style de la chapelle et dont la disposition se prête parfaitement à recevoir la statue tant vénérée par les paroissiens et les fidèles des alentours. Cet autel sera remplacé par un autre, plus modeste et en bois, après les réformes liturgiques proposées par le concile Vatican II dans les années 1960. Il se situe désormais devant la staute, qui est elle placée en hauteur.

IV. Alentours

À l'extérieur du sanctuaire, se situe un ancien cadran solaire, à droite de la porte de la chapelle. On peut y lire : Die fliehenden Stunden des Lebens, ce qui se traduit par : les heures fugitives de la vie. Le passant peut également admirer une vieille croix monumentale dont le socle représente saint Hubert, patron des chasseurs. Une croix de mission, datant de la seconde moitié du XXe siècle, est érigée à l'Est de la chapelle.

Une statue moderne de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus est située contre le mur Ouest de la chapelle. Le quartier de la chapelle ou Kapellenhof. Toute les classes de la société sont agenouillées au pied de la Mère du Ciel. La pierre d'autel date du XVIIIe siècle et rappelle la restauration de la chapelle en 1723. À l'extérieur du petit sanctuaire marial de Mouterhouse se situe un ancien cadran solaire, à droite de la porte de la chapelle. On peut y lire : " Die fliehenden Stunden des Lebens ", ce qui se traduit par : " les heures fugitives de la vie " (photographie d'Anthony Koenig). La silhouette de la petite chapelle de pélerinage (photographie d'Anthony Koenig).

V. Notes et références

1. Notes

1.

2. Références

1.

VI. Annexes

1. Bibliographie
2. Liens internes

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