Église de la Très Sainte-Trinité de Loutzviller

Situé sur le plateau, en pays découvert et à proximité immédiate de l'Allemagne, le charmant petit village de Loutzviller se trouve à l'écart de la grande route de Bitche à Deux-Ponts. Il est formé de deux rues parallèles et l'église de la Très Sainte-Trinité s'élève sur sa bordure méridionale. Le moulin du village se situe à la limite Ouest du ban, sur le ruisseau de la Schwalb qui constitue ici la frontière.

Table des matières

III. Mobilier IV. Cimetière VI. Annexes
       
1. Autels
V. Notes et références



L'église et le village de Loutzviller. Le maître-autel avant 1918. Le chœur de l'église et son très beau maître-autel abrité sous le ciborium. Le baptême des cloches vers 1930.

I. Histoire

Du point de vue du spirituel, le petit village de Loutzviller, avec ses succursales de Breidenbach, Rolbing et Schweyen, constitue une très ancienne paroisse de l'archiprêtré de Hornbach, aujourd'hui en proche Allemagne. La paroisse passe avec ses annexes dans celui de Volmunster - calqué sur le canton - lors de la réforme des circonscriptions ecclésiastiques entreprise en 1802. La paroisse dépend de 1115 à 1609 de l’abbaye bénédictine Sainte-Croix de Bouzonville, fondée en 1030 par Adalbert, comte du Niedgau et de Metz et ancêtre des ducs de Lorraine. La Réforme protestante est introduite dans le village durant les dernières décennies du XVIe siècle par Maguerite d'Haraucourt, veuve du sieur Jean de Schwarzenberg, qui est alors propriétaire du fief. La religion réformée ne marquera cependant pas le paysage religieux de la région, qui réintègrera en masse le catholicisme.

II. Édifice

L'église paroissiale est dédiée à la Très Sainte Trinité ; l'édifice est reconstruit entre 1731 et 1737 et la tour-clocher hors-œuvre en façade est rebâtie au XIXe siècle. Endommagée pendant les combats et les violents bombardements de la dernière guerre mondiale, l'église est restaurée par la suite dans un certain respect des formes antérieures. Il s'agit d'un édifice avec plan allongé et vaisseau unique, de type église-grange à chevet polygonal. Le toit est à longs pans avec croupe et flèche polygonale, recouvert de tuiles plates et d'ardoise.

III. Mobilier

1. Autels

L'église de Loutzviller abrite un autel surmonté d'un imposant baldaquin du milieu du XVIIIe siècle. Il proviendrait d'après la tradition d'un couvent de Saint-Avold. Le maître-autel en bois peint et doré, construit vers 1740, est attribué au sculpteur Jean Martersteck (1691-1746), originaire de Bouquenom (Sarre-Union) et venu s'installer en 1735 dans le village de Wœlfling-lès-Sarreguemines, aux portes du pays de Bitche. Il est également l'auteur des très beaux autels de l'église Saint-Christophe de Rahling et de la chapelle Saint-Vincent-de-Paul d'Urbach. Quant au beau devant d'autel représentant la Sainte-Cène et entièrement argenté, il est réalisé quelques années plus tard, en 1755, par un sculpteur d'Arlon en Belgique, Jean-Claude Mercenier, venu s'installer auprès de son frère Pierre, curé de l'église Saint-Pierre de Rimling entre 1729 et 1774. Il est à comparer avec le haut-relief conservé dans le chœur de l'église Saint-Donat d'Epping, représentant lui aussi la Sainte-Cène et attribué au même sculpteur.

Le chœur de l'église et l'imposant ciborium (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). La tribune de l'église (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Le village de Loutzviller et l'église de la Très Sainte-Trinité.

Le tabernacle interrompant les deux gradins est orné d'un calice sur la porte, tandis que la niche d'exposition, très développée, prend appui sur le second gradin. Ses faces galbées, rythmées par des colonnettes torses et décorées de chutes d'instruments liturgiques, sont accostées d'ailerons à décor végétal. Six chandeliers, en tilleul peint et doré, datent de la première moitié du XVIIIe siècle et sont peut-être l'œuvre de Jean Martersteck. La statue de Dieu le Père qui amortit l'ensemble provient d'un groupe de la Très Sainte Trinité, commandé vers 1810 à l'un des sculpteurs Pierre ou Georges Güldner, installé dans le village de Bérus en Sarre, à proximité de Creutzwald (note 1). Le baldaquin - appelé aussi ciborium -, de plan trapézoïdal, est formé se six colonnes torses, qui supportent un entablement à ressauts richement décoré, sur lequel prennent appui des volutes feuillagées sommées d'un globe crucifère. Bien qu'il s'agisse d'une œuvre composite faite d'éléments de provenances, d'époques et d'auteurs différents, l'ensemble présente une réelle qualité, surtout pour la maîtrise de la sculpture. Le maître-autel est classé monument historique au titre d'objet depuis le 22 décembre 1993.

Les autels latéraux étaient dédiés à la Très Sainte Vierge Marie à gauche et à saint Joseph à droite. Ils ont été fortement endommagés durant la seconde guerre mondiale et n'ont pas été réinstallés dans l'église restaurée, seules des statues de ces deux saints étant à présent situées à gauche et à droite du chœur. Le tombeau de l'autel de saint Joseph, décoré du monogramme « S - J » pour « Sancte Joseph », a été utilisé pour créer un nouvel autel face au peuple à la suite du concile Vatican II.

2. Chaire à prêcher

Une chaire à prêcher en bois sculpté, datant du XVIIIe siècle et étant très vraisemblablement l'œuvre du sculpteur Martersteck, se trouvait dans l'édifice avant la seconde guerre mondiale. Elle était très semblable à celle qui demeure dans l'église Saint-Pierre de Rimling (1).

3. Fonts baptismaux

Les fonts baptismaux, en grès gris taillé, datent du XVIIIe siècle, de même que les deux bénitiers, également en grès mais présentant des traces de polychromie. 

4. Statues

Les statues de trois Saints Évangélistes, saint Marc, saint Luc et saint Jean, en tilleul et sapin, sont réalisées durant le premier quart du XXe siècle. Une statue de la Vierge à l'Enfant, en tilleul polychrome, date du début du XXe siècle ; elle est achetée après la seconde guerre mondiale par le curé Théobald, dans la région de Munich. La statue de saint Joseph portant l'Enfant-Jésus a été replacée à droite du chœur, devant le banc de communion, après la guerre et la destruction de l'autel latéral droit.

5. Croix de procession

Une croix de procession en chêne monochrome et en bois blanc polychrome est exécutée probablement vers 1741 par Martersteck.

6. Vitraux

Des verrières non figuratives sont réalisées par J. Archepel de Paris en 1959 seulement. 

IV. Cimetière

Une croix de cimetière en grès sculpté est élevée en 170. (le quatrième chiffre manque). Remployée en 1892 comme croix de mission, elle possède un fût droit à niche et un socle droit. Elle représente le Seigneur Jésus-Christ en Croix, ainsi qu'un cœur transpercé et une fleur dans un cartouche.

Le chœur de l'église en 1941, d'après une photographie de M. Schaeffer. Vue intérieure vers l'entrée en 1941 (photographie de M. Schaeffer). Une statue de Dieu le Père domine l'ensemble du maître-autel. Réalisée par le sculpteur Guldner vers 1810, elle est entourée de deux anges agenouillés (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Les vestiges de la croix de cimetière (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine).

V. Notes et références

1. Notes

1. La paroisse de Bining, dans le Sud du Bitscherland, possède un maître-autel provenant du même atelier de la famille de sculpteurs de Berus, commandé en 1819 à Henri Güldner.

2. Références

        1. JACOPS,
Le Pays de Bitche, p. 101.

VI. Annexes

1. Bibliographie

2. Liens internes



Églises catholiques du canton de Volmunster

Saint-Hubert de Breidenbach - Saint-Donat d'Epping - Saint-Maurice de Guiderkirch
Saint-Pierre de Hottviller - Saint-Laurent de Lengelsheim - Sainte-Trinité de Loutzviller - Saint-Maurice d'Obergailbach
Sainte-Croix d'Ormersviller - Saint-Pierre de Rimling - Saint-Vincent-de-Paul de Rolbing
Saint-Wendelin de Schweyen - Saint-Pierre de Volmunster - Saint-Benoît de Walschbronn



Œuvres de Johann Martersteck dans le Bitscherland

Chapelle Sainte-Vérène d'Enchenberg - Église Saint-Didier de Gros-Réderching - Église de la Sainte-Trinité de Loutzviller
 Chapelle Sainte-Marguerite d'Olferding - Église Saint-Christophe de Rahling - Église Saint-Pierre de Rimling
Église de l'Assomption de la Sainte Vierge de Roppeviller - Église Saint-Marc de Siersthal - Chapelle Saint-Vincent-de-Paul d'Urbach

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