Culte
de saint Jean Népomucène dans le pays de Bitche
Le
Bitscherland
possède un
patrimoine religieux très
riche.
Il recèle de charmantes petites chapelles et
d'églises remarquables, d'humbles oratoires
nichés à la lisière des
forêts. Son territoire est parsemé de
très nombreux
calvaires et croix de chemin, rappelant au
promeneur la foi de ceux qui l'ont
précédé dans ce pays. La situation de
la région, sur les marges de la Lorraine catholique,
entraînant l'affirmation d'une
foi vive
face aux protestants des pays voisins, confortée par une
vieille
tradition religieuse d'une bonne partie des émigrants,
explique
la prédominance du patrimoine religieux, qui a
laissé son
empreinte dans le paysage artistique. Une empreinte toujours
renouvelée, tant les mentalités restent
profondément ancrées dans leurs traditions.
Table des
matières
I. Le saint de Prague
Saint Jean
Népomucène (1330-1393), aussi appelé St.
Johannes Nepomuk en allemand, est
originaire de la ville de Nepomuk en Bohême. En
1373, un certain Jean Népomucène, fils de berger,
est ordonné
prêtre et entre dans la chancellerie
archiépiscopale.
Docteur en théologie et en droit canonique, il gravit peu
à peu les échelons et en 1390, il est promu
archidiacre
de Sasz et chanoine de la cathédrale Saint-Guy de Prague. En
1393, l'archevêque en fit son vicaire
général. Il entre
rapidement en conflit avec le roi Venceslas
IV de Bohême.
Celui-ci interdit à une abbaye de son royaume
d'élire un
nouvel abbé. Son plan était de faire de
l'église
abbatiale une cathédrale et d'en donner le siège
à
l'un de ses favoris. Jean Népomucène s'y oppose
alors
vivement. Quand l'abbé en titre
décède, les moines
tiennent une élection : furieux, Venceslas fait jeter le
vicaire
général et le nouvel abbé en prison.
Après
avoir été torturé par le feu, le
martyr Jean
Népomucène est jeté dans la Vltava (la
Moldau),
pieds et mains liés, par-dessus le pont Charles : une
auréole serait alors apparue à la surface de
l'eau.
Aujourd'hui, sa statue sur le pont est surmontée d'une
auréole et accompagnée, à quelques
mètres
de distance, d'une croix en or indiquant le lieu du crime.
Selon
la Chronica regum
Romanorum de Thomas Ebendorfer († 1464) et les Annales Bohemorum
(1541),
Jean était le confesseur de la reine, Jeanne de
Bavière,
femme de Wenceslas IV. Jean avait critiqué le roi et
refusé de trahir les confessions de la reine, que Wenceslas
soupçonnait d'adultère : cela a
contribué à
nourrir l'animosité du roi envers le saint prêtre,
de même que la querelle qui opposait l'archevêque
au souverain. Jean
Népomucène est béatifié par
Innocent XIII
en 1721 puis canonisé par le pape Benoît XIII en
1729,
comme martyr du secret de la confession : on le fête le 16
mai.
Son tombeau monumental en argent, achevé en 1736, est
situé dans la cathédrale Saint-Guy de Prague.
Saint Jean
Népomucène est le saint patron de plusieurs
régions et localités : ainsi de la
Bohême, de la
Bavière, de Salzbourg, de Seckau, de Corregio, de Prague, du
Banat et de Santander. Il est également le patron de
plusieurs
professions : des confesseurs, des prêtres, des bateliers, de
flotteurs de bois et des meuniers. St. Johannes Nepomuk est le
protecteur des ponts, du sacrement de la confession et de la
discrétion ; on l'invoque pour être
préservé
des inondations (1, 2, 3, 4, 5, 6).
II.
Ponts
Les statues du saint de Prague sont visibles à proximité de cours d'eau dans notre région.
Au
Pays
de Bitche, cette coutume a été
observée dans cinq villages :
Achen,
Holbach,
Meisenthal,
Rahling
et
Schorbach.
Le culte du saint dans notre région s'explique certainement par
l'arrivée de nombreuses populations germanophones d'Europe
centrale à la suite de la guerre de Trente Ans. Saint Nepomuk
est également vénéré dans les
régions de Saint-Avold et de Bouzonville, non pas pour sa
protection des cours d'eaux et des ponts, mais comme saint patron des
confesseurs : il est alors représenté sur les
confessionnaux, son index sur la bouche pour montrer que le secret
inviolable de la confession ne sera pas divulgué (
7).
1. Achen
Une nouvelle statue, datée de 1957, trouve sa place sur le pont reconstruit.
2. Holbach
« La statue en grès du saint sur le pont du petit
ruisseau (
Kleinbächel),
affluent de la
Schwalbe, au
milieu du village de
Holbach
est de belle facture. Malheureusement, au cours des
combats de la
libération
pendant l'hiver 1944-1945, elle a été
décapitée. C'était une belle
tête à
l'expression noble, ornée des ondulations d'une
vénérable barbe. La tête actuelle est
moins
réussie et fait un peu l'impression pour les personnes qui
ont
connu la tête originale, de ne pas être
à sa place.
En même temps que la tête, la partie
supérieure du
crucifix que le saint tient dans ses mains, a été
mutilée » (
8).
3. Meisenthal
Une statue en grès rose polychromé est située dans
le village de Meisenthal, au sortir du pont de l'ancienne voie
ferrée. Datant de 1746, la statue a été
montée sur la digue d'un étang alimentant un moulin
situé à proximité immédiate de
l'emplacement actuel. Vandalisée lors des
événements révolutionnaires et
décapitée, elle a été jetée dans
l'étang. La statue est retrouvée lorsque l'étang
est asséché en 1898, dans le cadre de la construction de
la ligne de chemin de fer reliant
Saint-Louis-lès-Bitche
à Wingen-sur-Moder. Tenant en main le crucifix et la palme du
martyre, le saint porte la soutane et le surplis, ainsi que la chape et
la barrette. En grès rose polychromé.
4. Rahling
Une statue de saint Jean Népomucène se trouve au
milieu
de la localité de
Rahling,
sur le pont enjambant le ruisseau. En bordure de la rue d'Alsace, la
statue est peinte en noir et blanc et porte la date 1901 sur le socle.
Il s'agit de la troisième statue du saint située à
cet endroit. La première, datant de la fin du XVIIIe
siècle, a été vandalisée durant les
troubles révolutionnaires. Une deuxième statue lui
succède en 1838 et sera quant à elle vandalisée
par les troupes prussiennes, stationnées dans le village en
1900. Craignant cet incident ne prenne de trop grandes proportions
auprès de la population, l'Administration impériale
s'engage à remplacer la statue. En fonte, la statue actuelle a
été coulée dans les ateliers Schneider du Creusot (
7).
4. Schorbach
Une statue du saint protecteur des ponts est située au
centre du village de
Schorbach. À proximité du chevet de l'
église Saint-Rémi,
la statue se situe au carrefour de la rue principale et de la rue Hohl.
Elle est érigée au-dessus d'une plaque
d'égoût, là où devait couler autrefois un
cours d'eau. L'inscription « SAINT JEAN NÉPOMUCK PRIEZ
POUR NOUS » figure sur le socle portant la statue. Le saint
praguois est peint en couleurs vives et tient en mains le crucifix.
III. Lieux de culte
Une
statue de saint Jean Népomucène se trouverait
dans le retable de la
chapelle
Saint-Vincent-de-Paul d'
Urbach,
datant du XVIIIe siècle.
IV.
Croix
Saint
Jean
Népomucène est représenté
sur le fût
d'une croix monumentale, adossée à la
façade de la
Pauluskapelle,
située sur le ban de
Soucht.
Croix de Schorbach, rue principale ;
Croix monumentale à Hoelling à Bettviller ;
V. Notes et
références
1. Notes
1.
2. Références
1.
Jean Népomucène. (2011, mai 2).
Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 09:02, mai 9, 2011 (
auteurs)
;
2.
Johannes Nepomuk.
In: Wikipedia, Die freie Enzyklopädie. Bearbeitungsstand: 2. Mai
2011, 12:09 UTC. Abgerufen: 9. Mai 2011, 09:07 UTC (
Autoren) ;
3.
Pont Charles. (2011, mai 3).
Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 09:11, mai 9, 2011 (
auteurs) ;
4.
Karlsbrücke.
In: Wikipedia, Die freie Enzyklopädie. Bearbeitungsstand: 2. Mai
2011, 19:09 UTC. Abgerufen: 9. Mai 2011, 09:12 UTC (
Autoren).
5. DE MARNE, 1741.
6. LEROU, pp. 273-295.
7. Informations fournies par Antoine Lacroix lors d'un entretien diffusé sur TV Cristal en avril 2013.
8. AMEN, 1988, p. 191.
VI. Annexes
1.
Bibliographie
- AMEN (Jean), À
la découverte de l'histoire de nos villages, Siersthal,
Holbach, Frohmuhl, Légeret, Sarreguemines,
Pierron, 1988, p. 191.
- DE MARNE (Jean-Baptiste), La vie de Jean
Népomucène, Paris, 1741,
in-12.
- JACOPS (Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT
(Didier), Le Pays de Bitche (Moselle), Metz,
Éditions
Serpenoise, 1990, p. 11 ; 13.
- LEROU
(Paule), « Le culte de
saint Jean Népomucène », Mélanges
de l’École française de Rome. Italie et
Méditerranée, Année 1991,
vol. 103, n. 1, pp. 273-295.
2. Liens internes