Saint-Louis-lès-Bitche
En pays couvert, dans un vallon encaissé creusé par le ruisseau de Saint-Louis et ses affluents, le village de
Saint-Louis-lès-Bitche (en allemand Münzthal) est une création récente, liée à l'installation de la
verrerie et à un défrichement
tardif de la vallée. Au sortir de l'épaisse
forêt de
Dürrenwald, la route venant de Lemberg débouche sur un profond vallon. Ce site
exceptionnel est occupé par la cristallerie et les
maisons
ouvrières,
l'église
paroissiale surplombant la vallée. Imbriqués les uns
dans les autres, les bâtiments industriels, construits tout au long du XIXe siècle,
se rattachent à l'architecture régionale plus qu'à
l'architecture industrielle, par leurs toits de tuiles à longs
pans et croupes et par l'emploi de matériaux locaux tels que le
moellon crépi et le grès appareillé. Les cités et les maisons
ouvrières ont envahi tout l'espace disponible autour de la
cristallerie, jusque dans les vallons adjacents et sur les
flancs du coteau au nord-ouest. Dans la rue Didierjean, au nord de
l'usine, se font face des immeubles et des dépendances
toutes construites sur le même modèle, destinées à abriter les chèvres, le
petit matériel agricole, le fourrage et
le bois de chauffage.
Table des matières
I. Écarts et lieux-dits
- La forêt de Dürrenwald,
sur la route de Lemberg.
- Franzosenkopf et Klabacherthal.
- Le Gros Chêne ou chêne
Georgel est un arbre de la liberté.
- Le hameau de Langlach est
mentionné pour la première fois en 1859.
- Mühl est un village dispau,
mentionné à partir de 1727. Il est acquis en 1768 par la cristallerie.
Les maisons sont démolies en 1898 pour faire place à la nouvelle gare.
- Münzthal, hameau à
l'origine du village et de sa verrerie.
- Rethal, Roedern Weiher
et Steinberg.
II. Histoire
L'origine du village de
Saint-Louis-lès-Bitche provient de l'établissement en ce
lieu d'une première verrerie en 1586. Cette industrie initiale
se situait au lieu-dit Münzthal, signifiant littéralement la
vallée des moînes. Elle s'explique très
vraisemblablement par l'abandon de la verrerie de Holbach, sur l'actuelle commune de Siersthal,
l'année précédente. Les hordes de mercenaires
suédois à la botte de l'impitoyable comte Ernst von
Mansfeld provoquent des ravages énormes dans la région
pendant l'épisode terrible de guerre de Trente Ans
(1618-1648), de telle manière que le village est
signalé comme tout à fait détruit en 1661. La
verrerie cesse ainsi ses activités au milieu du XVIIe siècle et en 1701, seule
une cense est encore mentionnée.
Le 17 février 1767, le roi de France Louis XV
(1710-1774) autorise par un arrêté du conseil d'État, qui est confirmé ensuite par
lettres patentes du 4 mars 1767, la reprise de l'ancienne industrie verrière. Ses
propriétaires sont alors deux avocats à la Cour souveraine de Lorraine et
de Barrois, René-François Jolly et Pierre-Étienne Ollivier. Elle portera le titre
de
verrerie royale et sera placée sous le vocable de
Saint
Louis, en souvenir du bon roi Louis IX. La verrerie devient en 1767 la
Compagnie des Cristalleries de Saint Louis et elle passe par la suite aux Lassalle,
avant d'être vendue en 1788 au baron du Coëtlosquet. En 1781, les nouvelles
verreries royales de Saint-Louis-lès-Bitche sont les
premières sur le continent européen à mettre au
point le verre à plomb, le cristal artificiel, dont l'Angleterre
détenait le monopole depuis son invention en 1627 à
Newcastle. Depuis, la cristallerie s'est placée au rang des
premières cristalleries du monde. Elle est reprise en 1989 par
la célèbre maison de luxe Hermès et demeure
toujours en fonction de nos jours. Plusieurs
représentations anciennes permettent de connaître l'asp
ect
qu'avait le village dans le passé, au début du XXe
siècle, mais aussi de mesurer l'évolution du patrimoine
communal lors des importantes destructions causées par les
combats et les bombardements de la seconde guerre mondiale.
III. Cultes
Du point de vue spirituel, le village constitue tout d'abord une
succursale de la paroisse voisine de Soucht, puis de
celle de Lemberg.
Le village dépend alors de l'ancien archiprêtré de
Hornbch, aujourd'hui situé en proche Allemagne, intégrant
lors de la réforme des circonscriptions ecclésiastiques
de 1802 le nouvel archiprêtré de Bitche, qui est
calqué sur le canton. Le village demeure annexe de la paroisse
de Lemberg jusqu'en 1846, date de son érection en paroisse
autonome de l'archiprêtré de Bitche. L'accroissement de la population du village entraîne, de
1897 à 1902, la construction d'une nouvelle église
paroissiale. Elle
remplace une ancienne chapelle, devenue trop petite malgré
des agrandissements successifs. Le nouvel édifice,
dédié à saint Louis de France, est un
somptueux pastiche de l'art roman. Il est élevé
grâce à l'aide financière de la famille du baron du
Coëtlosquet, propriétaire de l'usine à cette époque, dans le style basilical.
IV. Lieux et monuments
- La belle et majestueuse église paroissiale Saint-Louis est l'une des plus importantes
églises en grès rose des
Vosges du Nord. Construite entre 1897 et 1902, elle surplombe toute la
vallée du haut de son promontoire.
- La cristallerie
Saint-Louis est fondée en 1586 et demeure
toujours en fonction de nos jours. Les nombreux vestiges des bâtiments de l'usine et les habitations des ouvriers sont
dispersés dans l'ensemble du village et manifestent le passé industriel du village.
- Dans la forêt communale se situent des chênes remarquables, tels que le Gros
Chêne (ou chêne Georgel), un chêne de la liberté.
- Le cimetière
communal renferme encore certaines tombes particulièrement intéressantes, datant du XIXe siècle.
- La fontaine du Coëtlosquet est érigée en
pierre de taille dans la forêt communale, par un ancien directeur des
Cristalleries.
- Plusieurs croix et calvaires parsèment l'ensemble du ban communal et sont fidèlement restaurés par les habitants.
À
quelques centaines de mètres à l'Ouest du village de
Saint-Louis-lès-Bitche, sur la route menant au village voisin de
Montbronn, se situe le
moulin de Münzthal, dont la création a été autorisée en 1727 sur le
site de la verrerie
du même nom. Le bâtiment actuel, qui date de
1818, a cessé de tourner depuis bien des
années. De l'autre côté de la route se trouve
une maison, installée au bord de l'un des magnifiques
étangs s'égrenant dans la vallée de l'Eichel et de
ses petits affluents. Et tout autour, la forêt est visible
à perte de vue, avec ses résineux et quelques feuillus,
qui a été l'une des conditions favorables à
l'implantation de la verrerie dans ce secteur. Une croix de chemin est
élevée à cet endroit au XIXe siècle.
Sculptée en grès, elle
représente un ange, ainsi que
deux saints non identifiés et des têtes
d'angelots ailées, dans une nuée rayonnante. Une seconde
croix, sans doute du XVIIIe siècle,
avec fût-stèle droit, galbé en plan, et
croisillon en croix latine, représente la Très Sainte-Trinité, la Sainte Vierge Marie et saint
Jean.
V. Armoiries
La description des armoiries de la commune
de Saint-Louis-lès-Bitche est la suivante : « d'azur aux lettres S et L
entrelacées surmontées d'une couronne royale,
entourées de la couronne d'épines, le tout d'or, au chef
d'or au lion léopardé de gueules ». Les
armes rappellent à la fois l'appartenance au comté de Bitche et la célébre cristallerie du village.
VI. Notes et références
VII. Annexes
1. Bibliographie
- JACOPS
(Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT (Didier), Le Pays de Bitche
(Moselle), Metz, Éditions Serpenoise, 1990, p. 108-118.
2. Liens internes