Le
Bitscherland
possède un
patrimoine religieux
très riche.
Il recèle de charmantes petites chapelles et
d'églises remarquables, d'humbles oratoires
nichés à la lisière des
forêts. Son territoire est parsemé de
très nombreux
calvaires et croix de chemin,
rappelant au promeneur la foi de ceux qui l'ont
précédé dans ce pays. La scroixituation de
la région, sur les marges de la Lorraine catholique,
entraînant l'affirmation d'une
foi
vive
face aux protestants des pays voisins, confortée par une
vieille
tradition religieuse d'une bonne partie des émigrants,
explique
la prédominance du patrimoine religieux, qui a
laissé son
empreinte dans le paysage artistique. Une empreinte toujours
renouvelée, tant les mentalités restent
profondément ancrées dans leurs traditions.
Table des
matières
I. Saint Sébastien
Soldat
originaire de Narbonne ou plus certainement de Milan,
Sébastien
devient capitaine de la garde prétorienne au
début du IVe
siècle à Rome. Il est condamné à
mort par
l'empereur
Dioclétien lorsque celui apprend que Sébastien
est chrétien et qu'il
a converti de nombreux romains par ses miracles. Sébastien
est alors
attaché à un poteau et transpercé de
flèches : « Et les archers le frappèrent
jusqu'à ce qu'il soit recouvert de flèches comme un
hérisson est couvert d'épines » (
1).
Mais la légende affirme que, mûs par leur compassion et
leur estime envers leur ancien chef, les archers n'auraient pas
visé le cœur du martyr, de telle façon qu'il ne
succombât à ses blessures. L'empeureur l'aurait
ensuite fait rouer de coups mortels puis ordonné que son corps
soit jeté aux égoûts du Cloaca Maxima, où
les chrétiens purent le retrouver grâce à une
vision de sainte Lucine et l'ensevelir dignement près des
ossements de saint Pierre et saint Paul.
Protecteur de la peste, saint Sébastien
est
parfois inclus au groupe des quatorze
saints auxiliaires.
Son lien avec la peste peut procéder de deux facteurs : un
rapport peut tout d'abord être établi
avec le
dieu-archer de la mythologie gréco-romaine Apollon, lui
aussi
invoqué pour être
protégé de la peste :
saint Sébastien a pu permettre de christianiser cette
pratique.
Mais plusieurs miracles sont également attribués
au saint
martyr, qui affirment que les villes italiennes de Pavie au IVe et de
Rome au VIIe siècle ont été
sauvées de la
peste par son intercession. Il est par la suite invoqué
contre
les épidémies en général,
associé
dans le
Bitscherland
à
saint Wendelin,
saint
Roch,
saint Hubert ou
encore
saint Quirin (
1,
2).
Saint
Sébastien est tout d'abord représenté, dans les
arts, sous les traits d'un homme d'âge mûr. Cette
iconographie est majoritaire jusqu'au XVe siècle, à
partir duquel elle est supplantée par un second type, apparu au
XIIIe siècle et qui montre un martyr beaucoup plus jeune,
imberbe alors qu'auparavant il était barbu. Ce motif donne
l'occasion aux artistes de renouer avec la tradition de l'Apollon
antique, exaltant la beauté de ce saint au corps presque nu.
Le fait de représenter le saint attaché à un
porteau ou un arbre, le corps transpercé de flèches (
note 1)
- ou encore les archers et les flèches qui rappellent la scène
implicitement - n'apparaît que vers l'an mil. La protection efficace de
saint Sébastien contre la peste lui donnera une place prépondérante
dans la croyance médiévale : il sera ainsi l'un des saints les plus
populaires et les plus représentés durant les périodes du gothique
tardif et de la Renaissance, qui suivent l'épisode tragique de la peste
noire qui décime l'Europe entre 1348-1352 (
2).
1. Chapelles
Une
chapelle est dédiée à saint Sébastien dans ce qui est aujourd'hui la ville de
Bitche. L'oratoire est
construit au XVe siècle comme chapelle de
cimetière et était alors située à l'extérieur de l'
enceinte fortifiée : il faut attendre l'
entre-deux-guerres pour l'urbanisation de la ville parvienne jusqu'ici.
Lorsque la place vient à manquer et que de nouveaux
cimetières sont créés dans la
cité
fortifiée, la chapelle demeure un lieu de
pélerinage
fréquenté à saint
Sébastien. Au-dessus de
l'autel, la statue du saint est entourée par celles de
saint Wendelin
et de
saint Roch,
tous
trois invoqués contre les épidémies.
Un fort est construit au milieu du XIXe siècle à
proximité de la chapelle, sur les pentes de la colline
avoisinante : appelé tout d'abord
fort de la Roche-Percée, il prend très vite pour les habitants le nom de la chapelle toute proche et devient le
fort Saint-Sébastien.
Chapelle Haspelschiedt
2. Statues
Une statue de saint Sébastien est visible dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul du hameau d'Urbach, à Epping.
3. Vitraux
Un vitrail représente le martyre de saint Sébastien, dans le bas-côté droit de l'
église Saint-Nicolas de
Haspelschiedt.
4. Calvaires et croix
Une
croix
monumentale
en grès se dresse à gauche de l'entrée du
petit cimetière militaire,
devant la
chapelle Saint-Sébastien de
Bitche : datant du XVIIIe siècle, elle
représente la
Très Sainte
Vierge et saint Sébastien sur le
fût-stèle.
Un
calvaire est élevé au croisement de la rue Sainte-Croix et de la rue de la montagne, à
Bining. Il est
élevé en 1888 aux frais des
habitants du village par le sculpteur
J. Demmerle de
Hoelling, sans
doute à l'occasion d'une épizootie.
Notre-Dame de Lourdes occupe la face du fût, tandis que le Christ en Croix est entouré par les statues en ronde-bosse de
saint Sébastien et de
saint Wendelin, particulièrement invoqués lors d'épidémies du bétail.
Une
croix de chemin est érigée sur le chemin menant au hameau d'
Olsberg, quelques dizaines de mètres après la sortie du village de
Breidenbach.
La croix date des années 1820-1825 et nous présente la figure de saint
Sébastien sur le fût-stèle, accompagné d'une sainte femme qui est
peut-être la
Très Sainte Vierge.