Culte de saint Sébastien dans le Bitscherland

Le Bitscherland possède un patrimoine religieux très riche. Il recèle de charmantes petites chapelles et d'églises remarquables, d'humbles oratoires nichés à la lisière des forêts. Son territoire est parsemé de très nombreux calvaires et croix de chemin, rappelant au promeneur la foi de ceux qui l'ont précédé dans ce pays. La scroixituation de la région, sur les marges de la Lorraine catholique, entraînant l'affirmation d'une foi vive face aux protestants des pays voisins, confortée par une vieille tradition religieuse d'une bonne partie des émigrants, explique la prédominance du patrimoine religieux, qui a laissé son empreinte dans le paysage artistique. Une empreinte toujours renouvelée, tant les mentalités restent profondément ancrées dans leurs traditions.

Table des matières

II. Culte local III. Notes et références IV. Annexes
       

Saint Sébastien par le Pérugin, vers 1500, musée du Louvre à Paris (Wikimedia Commons). L'église romaine Saint-Sébastien-du-Palatin est érigée sur le lieu où la tradition situe le martyre du saint (Wikimedia Commons). Saint Sébastien par Guido Reni, vers 1615, musées du Capitole à Rome (Wikimedia Commons). Le martyre de saint Sébastien sur un vitrail de la Schwarzenbergkapelle près de Kelberg, en Rhénanie-Palatinat (Wikimedia Commons).

I. Saint Sébastien

1. Hagiographie

Soldat originaire de Narbonne ou plus certainement de Milan, Sébastien devient capitaine de la garde prétorienne au début du IVe siècle à Rome. Il est condamné à mort par l'empereur Dioclétien lorsque celui apprend que Sébastien est chrétien et qu'il a converti de nombreux romains par ses miracles. Sébastien est alors attaché à un poteau et transpercé de flèches : « Et les archers le frappèrent jusqu'à ce qu'il soit recouvert de flèches comme un hérisson est couvert d'épines » (1). Mais la légende affirme que, mûs par leur compassion et leur estime envers leur ancien chef, les archers n'auraient pas visé le cœur du martyr, de telle façon qu'il ne succombât à ses blessures. L'empeureur l'aurait ensuite fait rouer de coups mortels puis ordonné que son corps soit jeté aux égoûts du Cloaca Maxima, où les chrétiens purent le retrouver grâce à une vision de sainte Lucine et l'ensevelir dignement près des ossements de saint Pierre et saint Paul.

Protecteur de la peste, saint Sébastien est parfois inclus au groupe des quatorze saints auxiliaires. Son lien avec la peste peut procéder de deux facteurs : un rapport peut tout d'abord être établi avec le dieu-archer de la mythologie gréco-romaine Apollon, lui aussi invoqué pour être protégé de la peste : saint Sébastien a pu permettre de christianiser cette pratique. Mais plusieurs miracles sont également attribués au saint martyr, qui affirment que les villes italiennes de Pavie au IVe et de Rome au VIIe siècle ont été sauvées de la peste par son intercession. Il est par la suite invoqué contre les épidémies en général, associé dans le Bitscherland à saint Wendelin, saint Roch, saint Hubert ou encore saint Quirin (1, 2).

2. Représentation

Saint Sébastien est tout d'abord représenté, dans les arts, sous les traits d'un homme d'âge mûr. Cette iconographie est majoritaire jusqu'au XVe siècle, à partir duquel elle est supplantée par un second type, apparu au XIIIe siècle et qui montre un martyr beaucoup plus jeune, imberbe alors qu'auparavant il était barbu. Ce motif donne l'occasion aux artistes de renouer avec la tradition de l'Apollon antique, exaltant la beauté de ce saint au corps presque nu.

Le fait de représenter le saint attaché à un porteau ou un arbre, le corps transpercé de flèches (note 1) - ou encore les archers et les flèches qui rappellent la scène implicitement - n'apparaît que vers l'an mil. La protection efficace de saint Sébastien contre la peste lui donnera une place prépondérante dans la croyance médiévale : il sera ainsi l'un des saints les plus populaires et les plus représentés durant les périodes du gothique tardif et de la Renaissance, qui suivent l'épisode tragique de la peste noire qui décime l'Europe entre 1348-1352 (2).

La discrète chapelle Saint-Sébastien de Bitche, veillant aujourd'hui sur le petit cimetière militaire, date du XVe siècle. Le quartier Saint-Sébastien de Bitche et le fortin de la Roche-Percée, aussi appelé fort Saint-Sébastien, vus depuis le plateau de la citadelle. Dans le chœur de la chapelle, la statue de saint Sébastien est entourée par celles de saint Wendelin et de saint Roch (photographie de la communauté de paroisses Saint-Bernard de Bitche).

II. Culte local

1. Chapelles

Une chapelle est dédiée à saint Sébastien dans ce qui est aujourd'hui la ville de Bitche. L'oratoire est construit au XVe siècle comme chapelle de cimetière et était alors située à l'extérieur de l'enceinte fortifiée : il faut attendre l'entre-deux-guerres pour l'urbanisation de la ville parvienne jusqu'ici. Lorsque la place vient à manquer et que de nouveaux cimetières sont créés dans la cité fortifiée, la chapelle demeure un lieu de pélerinage fréquenté à saint Sébastien. Au-dessus de l'autel, la statue du saint est entourée par celles de saint Wendelin et de saint Roch, tous trois invoqués contre les épidémies. Un fort est construit au milieu du XIXe siècle à proximité de la chapelle, sur les pentes de la colline avoisinante : appelé tout d'abord fort de la Roche-Percée, il prend très vite pour les habitants le nom de la chapelle toute proche et devient le fort Saint-Sébastien.

Chapelle Haspelschiedt

2. Statues

Une statue de saint Sébastien est visible dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul du hameau d'Urbach, à Epping.

3. Vitraux

Un vitrail représente le martyre de saint Sébastien, dans le bas-côté droit de l'église Saint-Nicolas de Haspelschiedt.

4. Calvaires et croix

Une croix monumentale en grès se dresse à gauche de l'entrée du petit cimetière militaire, devant la chapelle Saint-Sébastien de Bitche : datant du XVIIIe siècle, elle représente la Très Sainte Vierge et saint Sébastien sur le fût-stèle.

Le fort Saint-Sébastien de Bitche au début du XXe siècle la légende en allemand le nomme " Fort Sebastian ". Une croix monumentale est érigée devant la chapelle Saint-Sébastien et date du XVIIIe siècle : la Très Sainte Vierge et saint Sébastien sont représentés sur le fût. Sur le fût, la Très Sainte Vierge et saint Sébastien apparaissent, surmontés de deux têtes d'angelots ailées. Le calvaire de Bining représente saint Sébastien et saint Wendelin entourant le Christ en Croix (photographie de Thomas Faber).

Un calvaire est élevé au croisement de la rue Sainte-Croix et de la rue de la montagne, à Bining. Il est élevé en 1888 aux frais des habitants du village par le sculpteur J. Demmerle de Hoelling, sans doute à l'occasion d'une épizootie. Notre-Dame de Lourdes occupe la face du fût, tandis que le Christ en Croix est entouré par les statues en ronde-bosse de saint Sébastien et de saint Wendelin, particulièrement invoqués lors d'épidémies du bétail.

Une croix de chemin est érigée sur le chemin menant au hameau d'Olsberg, quelques dizaines de mètres après la sortie du village de Breidenbach. La croix date des années 1820-1825 et nous présente la figure de saint Sébastien sur le fût-stèle, accompagné d'une sainte femme qui est peut-être la Très Sainte Vierge.

Sur le chemin d'Olsberg à Breidenbach, saint Sébastien est représenté sur une croix de chemin érigée vers 1820-1825 (photographie du Service régional de l'inventaire de Lorraine). Le fût de la croix de Breidenbach représente saint Sébastien et une sainte femme, peut-être la Très Sainte Vierge (photographie du Service régional de l'inventaire de Lorraine). Une croix d'épidémie est dressée en 1737 à Schorbach, représentant saint Wendelin et saint Sébastien. Saint Sébastien est représenté sur le fût de la croix d'épidémie de la rue principale à Schorbach, accompagné de saint Wendelin.

Une croix monumentale d'épidémie est élevée au pied du chevet de l'église Saint-Rémi de Schorbach, en bordure de la rue principale. Datant de 1737, elle représente côte à côte sur le registre inférieur du fût-stèle les deux intercesseurs privilégiés en période dépizootie que sont saint Sébastien et saint Wendelin.

; croix de chemin à Rolbing, au croisement des chemins d'Ohrenthal et de Schweyen

III. Notes et références

1. Notes

        1. Le martyre occasionné par le tir de flèches est appelé martyre par sagittation (2).

2. Références

        1. Jacques de VORAGINE,
La Légende dorée, p. 133-139 (voir bibliographie).
        2. Sébastien (martyr). (2011, juin 16). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 25 juin 2011 (auteurs).

IV. Annexes

1. Bibliographie
2. Liens internes
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