Chapelle Sainte-Vérène d'Enchenberg

Le gros bourg d'Enchenberg s'étend sur le plateau, en pays découvert. Comme les autres localités verrières, il s'étend dans un désordre apparent, malgré la présence d'un axe majeur, occupant tout l'espace disponible. Le hameau de Guisberg se situe entre le village et le bourg de Rohrbach-lès-Bitche, un peu en retrait de la petite route sinueuse qui traverse la forêt.

Table des matières

III. Mobilier IV. Alentours de la chapelle VII. Annexes
 
1. Autels
V. Chemin de croix
VI. Notes et références

La chapelle Sainte-Vérène dans son écrin de verdure.

Scène de la légende de sainte Vérène, datant de 1524.

L'intérieur de la chapelle Sainte-Vérène au début du XXe siècle. Une petite statue en plâtre de sainte Vérène est située à l'intérieur de la chapelle.

I. Histoire

Située en contrebas du village d'Enchenberg, à la hauteur des dernières maisons, la chapelle Sainte-Vérène est un haut-lieu spirituel du pays de Bitche. La tradition locale attribue le patronage à sainte Vérène, une sainte anachorète de Suisse, aux émigrés venus nombreux dans la région à la fin du XVIIe siècle. Il s'agit en fait d'un culte dont l'introduction remonte à l'époque médiévale. Si sainte Vérène, protectrice des animaux domestiques, est fêtée le 1er septembre, c'est le 1er mai qu'a lieu le grand pélerinage. Seul connu en Alsace-Lorraine, il est instauré à la suite d'un vœu fait en 1770 par les habitants du village voisin de Lambach et des agglomérations environnantes, à l'époque où la peste bovine sévit dans la région.

II. Édifice

La chapelle est citée avec son ermitage dès 1578 mais elle subira de lourdes destructions durant la terrible guerre de Trente Ans (1618-1648). Il s'agit d'un bâtiment modeste, constitué au XVe siècle et modifié en 1685, selon la date protée par l'arc triomphal. De plan massé, il comporte une cave, un rez-de-chaussée et un étage d'habitation, auquel on accède par une échelle de meunier. Quatre périodes architecturales sont visibles sur les bâtiments et attestent les remaniements successifs et la longue histoire de la chapelle. La provenance de l'humble fenêtre romane du chœur, donnant sur l'arrière de la chapelle, reste une énigme. Elle pourrait provenir d'un sanctuaire plus ancien ayant existé sur le site dès le début du Moyen Âge. Une magnifique fenêtre et une porte, de style gothique flamboyant, nous ramenant également à la fin du Moyen Âge, sont les deux joyaux architecturaux de la chapelle. Deux fenêtres de style Renaissance, des XVe ou XVIe siècles, se trouvent dans le pignon Ouest de la chapelle. On aperçoit encore les souches supérieures et inférieures de deux meneaux verticaux, supprimés vers 1960.

Le chœur de la chapelle renferme un nouvel autel, ainsi qu'un nouveau retable ; il remplace celui volé vers 1960, retrouvé puis exposé dans la chapelle.

Le chœur de la petite chapelle Sainte-Vérène d'Enchenberg. L'ermitage de la chapelle Sainte-Vérène date de 1745. Un chemin creux, menant du centre du village à la chapelle Sainte-Vérène, est bordé par les différentes stations du chemin de croix (photographie de la com. de com. du pays du verre et du cristal).

L'entrée de l'ermitage, ajouté au chœur en 1745, est sous le signe d'un charmant et naïf angelot baroque. Les ermites pourront alors à nouveau se succéder sur le site jusqu'en 1875. La statue de la Très Sainte Vierge de l'entrée, en Terra Cotta, semble être de la même époque. À l'intérieur, de gros moellons de grès rose, martelés et recouverts d'enduit, forment l'arche du choeur, en dos d'âne, de style gothique. Le millésime 1685, gravé dans l'arche, indique la date de la dernière restructuration du bâtiment, lui donnant sa composition actuelle. Une colonne gothique centrale, dont on a retrouvé récemment et reproduit à l'identique la décoration ancienne, soutient un plafond plat, recouvert de plâtre, en torchis sur piécettes de chêne. Le domaine entourant la chapelle, d'une superficie de quatre hectares, est vendu comme bien national durant la Révolution française, hormis les bâtiments et une parcelle de quatorze ares de terre attenante. La chapelle et son ermitage sont inscrits à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1996.

L'arc triomphal de la chapelle, séparant la nef du chœur, porte la date 1685. Une magnifique fenêtre et une porte, de style gothique flamboyant, nous ramenant à la fin du Moyen Âge, sont les deux joyaux architecturaux de la chapelle. Vue d'ensemble de la chapelle Sainte-Vérène à gauche et de l'ermitage à droite. Un panneau d'information en grès a été aménagé près de la chapelle pour en présenter l'historique.

III. Mobilier

1. Autels

L'ancien retable a été dérobé vers 1960. Retrouvé récemment, mais incomplet, il est inscrit sur la liste supplémentaire des Monuments Historiques depuis le 24 novembre 1991 et exposé à la chapelle. De facture baroque, il est probablement l'œuvre de Hans Martersteck, sculpteur tyrolien très actif dans la région, établi à Bouquenom au XVIIIe siècle. La fleur des ailerons latéraux est une réplique presque exacte d'éléments analogues du retable de Rahling, qui lui, est signé par l'artiste, d'où cette présomption. Le nouveau retable comprend :

L'autel extérieur sert aux grandes manifestations du premier mai (fête de sainte Vérène) et de la fête de saint Hubert, patron des chasseurs. Une réplique de la grotte de Lourdes est réalisée par des bénévoles du village en 1958, pour célébrer le centenaire des apparitions. L'ancien retable de la chapelle est exposé contre un mur, depuis sa restauration complète en 1993. La chapelle Sainte-Vérène en hiver.

Le format de l'ensemble ouvert mesure un mètre soixante de hauteur et deux mètres de largeur. La statue actuelle de la sainte en marbre de Carare est récente. Il s'agit d'une copie exacte de celle du retable volée en 1974, réalisée après ce vol selon une carte postale ancienne.

Un autel avec statue était dédié à saint Wendelin, mais tous deux ont disparu aujourd'hui, très certainement détruits ou déplacés lors du réaménagement catastrophique de la chapelle de pélerinage dans les années suivant le concile Vatican II, sacrifiant les trésors du mobilier. Le saint est présent à un second endroit sur le site puisqu'on le retrouve sculpté sur la face du socle d'une croix monumentale, située au commencement du chemin de croix qui mène de la chapelle au village.

2. Vitraux

La chapelle était ornée jadis de vitraux figuratifs dont tout élément a disparu vers 1960. Elle est dotée à cette époque de vitraux à petits losanges multicolores de type médiéval. Dans la dernière décennie, elle est à nouveau pourvue de vitraux figuratifs, œuvres de l'artiste Sauveur Pasqual. 

La grotte de Lourdes érigée à proximité. Une croix de chemin est érigée à proximité de la chapelle et représente sainte Vérène, saint Marc et saint Wendelin. Elle porte la date, peut-être surajoutée, de 1827. Le lavoir est situé en contrebas du sanctuaire, de l'autre côté de la petite route menant d'Enchnberg à Lambach. L'arrière de la chapelle Sainte-Vérène, du côté de la forêt.

Le vitrail du premier pignon, représentant sainte Vérène, vêtue d'un manteau d'amour rouge, avec ses attributs de sainte la cruche et le peigne. Dépassant un globe terrestre, elle se rapproche de l'infini, du surnaturel, figuré par des courbes nimbées de volutes figurant les zones aériennes. Le vitrail du second pignon, formant un ensemble avec le précédent, représentant saint Maurice, compagnon de sainte Vérène et légionnaire de la Légion Thébaine. L'étendard rouge et l'épée brisée rappellent son martyre à Saint-Maurice, en Suisse (les deux fenêtres pourraient aussi figurer sur une même photo et être mises côte à côte, car formant un ensemble). Le vitrail de la fenêtre gothique représente saint Victor et saint Urs, également compagnons de la Légion Thébaine et compagnons de sainte Vérène, martyrisés à Soleure en Suisse, entourant un calice, contenant l'Agneau pascal, une symbolique de l'ancien retable.

IV. Alentours de la chapelle

À proximité de la chapelle se trouve une réplique de la grotte de Lourdes, en blocs de grès provenant de la proche forêt de Saint-Louis-lès-Bitche. Sa construction est réalisée bénévolement par des habitants du village, en 1958, pour le centenaire des apparitions de Lourdes. L'autel extérieur sert aux grandes manifestations du premier mai (fête de sainte Vérène) et de la fête de saint Hubert, patron des chasseurs. La croix est érigée suite à un vœu émis lors des batailles de la Libération, en décembre 1944. On découvre également une croix de chemin typique du pays de Bitche, portant l'inscription peut-être surajoutée de 1827. Elle représente les effigies de saints protecteurs ruraux : sainte Vérène en habits de paysanne du XIXe siècle, saint Marc avec le lion et la palme du martyre et saint Wendelin avec le chien et la houlette de berger.

La chapelle accueille un grand nombre de pélerins lors de la fête de sainte Vérène, le 1er mai. L'autel extérieur est utilisé lors des grandes manifestations qui se déroulent à la chapelle, comme ici le grand pélerinage lors de la fête de sainte Vérène, le 1er mai 2010. L'entrée de l'ermitage, qui porte la date 1745 sur le linteau, est surmontée d'une tête d'angelot ainsi que d'une statue de la Sainte Vierge. Une messe solennelle est célébrée sur l'autel extérieur lors de la fête du 1er mai, à laquelle assiste une grande foule de pélerins chaque année.

Une source d'eau très douce des Vosges du Nord, jaillissant à proxmité de la chapelle, a sans conteste contribué à l'installation et au développement du sanctuaire. Située plus bas que le site, à une bonne centaine de mètres et de l'autre côté de la petite route reliant Enchenberg au village voisin de Lambach, elle a fourni l'eau aux ermites durant des siècles. Transformée depuis la nuit des temps en lavoir, elle a servi comme tel aux lavandières du village d'Enchenberg.  

V. Chemin de croix

Emprunté depuis plus de deux siècles par les pèlerins de Sainte-Vérène pour se rendre à l'église paroissiale, qui se situait jusqu'en 1861 à droite du presbytère, un chemin creux est jalonné par les quatorze stations du chemin de croix. Les stations monumentales dataient de la fin du XVIIIe siècle, mais beaucoup ont été remplacées dans la seconde moitié du XIXe siècle pour mauvais état. D'autres sont réparées ou remplacées récemment dans le respect du style original. Sculptées dans le grès, elles sont formées de stèles au bord supérieur cintré posées sur un socle par l'intermédiaire d'un support.

VI. Notes et références

La chapelle et son ermitage (photographie de la com. de com. du pays du verre et du cristal). En bordure de la petite route menant du village d'Enchenberg à celui de Lambach par la vallée du Lœschersbach, un panneau indique au visiteur la présence de la discrète chapelle, située un peu en retrait. Une source jaillit à proximité de la chapelle et a sans doute favorisé le développement du sanctuaire et de l'ermitage. Une nouvelle fontaine en grès rose présente la figure de sainte Vérène portant ses attributs traditionnels que sont le peigne et la cruche. La cinquième station du chemin de croix monumental : Simon de Cyrène aide Jésus à porter Sa Croix.

VII. Annexes

1. Bibliographie

2. Liens internes


Œuvres de Johann Martersteck dans le Bitscherland

Chapelle Sainte-Vérène d'Enchenberg - Église Saint-Didier de Gros-Réderching - Église de la Sainte-Trinité de Loutzviller
 Chapelle Sainte-Marguerite d'Olferding - Église Saint-Christophe de Rahling - Église Saint-Pierre de Rimling
Église de l'Assomption de la Sainte Vierge de Roppeviller - Église Saint-Marc de Siersthal - Chapelle Saint-Vincent-de-Paul d'Urbach

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