Situé sur la grande route de Sarre-Union à Bitche, en pays découvert, le gros village de Rahling s'étale au carrefour des routes de Montbronn à Schmittviller et de Butten, aux portes de l'Alsace bossue. Le patrimoine du village est très riche, puisqu'il possède la très belle église Saint-Christophe, datant du milieu du XVIIIe siècle et possédant un mobilier de qualité avec un retable monumental, le château, mentionné dès le XVe siècle, des croix de chemin et des calvaires parsemant le ban communal et les deux chapelles Saint-Hubert ou Altkirche, sur le ban du village disparu d'Oldingen, et Saint-Wendelin ou Weiherkirche, nichées dans les champs entourant le village.
Table des matières
I. Histoire
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III. Mobilier | IV. Presbytère | VI. Annexes |
II. Édifice
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1. Autels
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V. Notes et références | |
2. Vitraux
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3. Orgue
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4. Orfèvrerie
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Le gros village de Rahling est une ancienne paroisse, située tout d'abord dans l'archiprêtré de Bouquenom (aujourd'hui Sarre-Union, dans le proche Bas-Rhin) ; il est à noter qu'il s'agit de la seule paroisse du Bitscherland n'ayant pas dépendu de l'archiprêtré de Hornbach, aujourd'hui en proche Allemagne. Lors de la réforme des circonscriptions ecclésiastiques de 1802, la paroisse passe dans le nouvel archiprêtré de Rohrbach-lès-Bitche calqué sur le canton. La paroisse de Rahling est l'église-mère du petit village voisin de Schmittviller jusqu'en 1837, date de son érection en paroisse autonome du même archiprêtré.
L'église, dédiée à saint Christophe, est reconstruite une première fois en 1595 (date portée par une inscription déposée dans la tour dont il subsiste la base), sous le curé Jacques Pistor. De cette époque, il subsiste la base de la tour-clocher et la pierre de fondation déposée. Une seconde reconstruction est entreprise de 1739 à 1745 (la porte de la sacristie porte la date 1739) et l'église est consacrée en 1748. Les travaux de reconstruction sont adjugés en mars 1738 à Christian Flexy, maître maçon à Rahling. Le portail d'accès à la nef est muré et une porte est percée dans la tour-clocher en 1859. Cette dernière est exhaussée de 1866 à 1868. Le plafond peint est signé M. Kling en 1935. Un ossuaire est situé dans l'angle formé par la tour-clocher et la nef. Il s'agit d'un édifice en grès, moellon et enduit, de plan allongé à vaisseau unique et de type église grange, avec tour-clocher hors-œuvre en façade et chevet polygonal. Le toit est à longs pans, avec croupe et flèche polygonale, recouvert de tuiles plates et d'ardoise.
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À l'occasion de la seconde reconstruction de l'église, l'ensemble du mobilier est renouvelé et les trois autels sont commandés au sculpteur Jean Martesteck (1691-1746), originaire de Bouquenom (Sarre-Union) et venu s'installer en 1735 dans le village de Wœlfling-lès-Sarreguemines, aux portes du pays de Bitche. Il est également l'auteur des très beaux autels de l'église de la Très Sainte-Trinité de Loutzviller et de la chapelle Saint-Vincent-de-Paul d'Urbach. Daté 1745 et signé au revers du retable Iohannes Martesteck. Fecit 1745, le retable monumental du maître-autel est posé sur un autel du XIXe siècle au décor indigent. Le maître-autel est animé par des massifs de plan trapézoïdal constitués par des pilastres placés de biais et deux colonnes encadrant un tableau représentant saint Christophe, le patron de la paroisse. Il est accosté par des ailerons déchiquetés ornés de fleurs de tournesol laissant échapper des volutes feuillagées. L'édicule de couronnement, avec son tableau de la Très Sainte Trinité, est encadré par un ensemble de pilastres contrebutés par des ailerons disposés en éventail, qui ménagent des sortes de niches occupées par des statues d'anges adorateurs, de saint Jacques et de saint Wendelin, refaites dans le courant du XIXe siècle. La dorure et les faux marbres, jouant sur un fond clair, soulignent le côté architectural de ce retable aux dimensions imposantes, sans doute le plus grand du pays de Bitche.
Au XIXe siècle, la paroisse s'adresse à l'atelier de W.-H. Jansen, de Trèves, pour l'achat de nouveau vitraux.
Un bel orgue, œuvre de Johann Friedrich Möller, est installé en 1839 dans l'édifice. Restauré par le facteur Frédéric Haerpfer de Bouzonville en 1929, l'instrument possède deux claviers de cinquante-six notes et un pédalier de vingt-sept notes, ainsi que des transmissions pneumatiques.
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Des pièces d'orfèvrerie, exceptionnelles en nombre et en qualité, ont été commandées au XVIIIe siècle à Strasbourg et, plus récemment, à Zweibrücken, dans le Palatinat. En cuivre doré et en argent, l'ostensoir, attribué aux Weihinger, est formé d'une gloire rayonnante circulaire. Interrompue par les bras d'une croix terminée par des têtes d'angelot ailées, elle jaillit d'une nuée mêlée à des pampres, tandis qu'un bouquet d'épis de blés masque la partie supérieure de la tige. Le second ostensoir, en argent doré, est une pièce composite. Le large pied, de plan ovale, à décor d'acanthes, de godrons, d'épis de blé et de pampres, est la partie la plus ancienne et semble dater de la première moitié du XVIIIe siècle. Quant à la gloire, elle s'apparente à la production des Weihinger, à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle.
Portant le poinçon de l'orfèvre Jean-Georges Pick et la lettre-date de l'année 1768, le calice en argent doré est une pièce de grande taille au décor repoussé opulent. Le pied chantourné, fortement bombé, porte une tige avec un beau nœud piriforme à décor amati d'acanthes et de roses ; la fausse-coupe, abondamment repercée, offre un décor foisonnant où se mêlent des épis de blé, des pampres et des roses sur un fond de rocaille. Le ciboire en argent doré, du même orfèvre et de la même année, constraste par sa sagesse. Le pied circulaire, à base aplatie, porte un décor ciselé d'inspiration rocaille et végétale, repris sur la fausse-coupe et le couvercle fortement bombé. La navette à encens, en argent, réalisée elle aussi par l'orfèvre Pick, la même année que le calice et le ciboire, est couverte d'un décor rocaille ciselé occupant toutes les surfaces libres. Son originalité réside dans la tige fondue en forme de dauphin, qui allège la silhouette de la pièce et lui confère une grande élégance.
Conservée au presbytère, une statue de la Très Sainte Vierge de Pitié en chêne au naturel datant sans doute du XVIIe siècle, est une œuvre de facture très populaire ; mais elle semble avoir abondamment inspiré les tailleurs de pierre de Rahling, puisqu'elle a servi de modèle à quatre ou cinq statuettes placées dans des niches au-dessus des portes des maisons, sculptées dans les années 1825-1830, et à la figure qui orne la croix monumentale datée 1822, élevée 5, rue d'Alsace.