Le gros bourg d'Enchenberg s'étend sur le plateau, en pays découvert. Comme les autres localités verrières, il s'étend dans un désordre apparent, malgré la présence d'un axe majeur, occupant tout l'espace disponible. Le hameau de Guisberg se situe entre le village et le bourg de Rohrbach-lès-Bitche, un peu en retrait de la petite route sinueuse qui traverse la forêt.
Table des matières
I. Histoire
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III. Mobilier | IV. Notes et références | V. Annexes |
II. Édifice
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Du point de vue du spirituel, le gros village d'Enchenberg est tout d'abord succursale de l'ancienne paroisse de Siersthal pendant l'Ancien Régime, dans l'archiprêtré de Hornbach, aujourd'hui en proche Allemagne. Le village est par la suite érigé en paroisse en 1802, lors de la réforme des circonscriptions ecclésiastiques, et fait partie depuis cette date du nouvel archiprêtré de Rohrbach.
L’actuelle église Saint-Pierre d'Enchenberg est la troisième du nom dans le village. Construit en 1861, l'édifice est agrandi entre 1908 et 1911, dans un très beau style néogothique. Sa construction est décidée le 6 décembre 1857 et, le 16 mai 1858, le conseil de fabrique achète deux maisons à démolir à Jacques Siffert et au notaire Dumaire de Rohrbach, pour y construire la nouvelle église. Le curé Dehlinger, originaire d’Achen et nommé à Enchenberg en février 1858, s’attèle à la construction du sanctuaire. L’architecte retenu est Claude Jacquemin, et l’entrepreneur est Thomas, tous deux de Metz. L’ancienne église, sans style et en mauvais état, était située sur l’actuelle place de stationnement, à côté du presbytère ; elle est démolie afin de récupérer les pierres. La première pierre est posée le 1er mai 1861 et la bénédiction solennelle de l’édifice par l’archiprêtre de Rohrbach, non encore une consécration, a lieu déjà le 19 juin 1862, ce qui constitue une prouesse, au vu de la taille du bâtiment et des moyens de l’époque.
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La nouvelle église, de style néo-gothique, imitation du XIIIe siècle de type basilical possédant trois nefs et quatre travées, se révèle d’une grande élégance et d’une belle harmonie. Longue de trente-trois mètres et large de dix-sept mètres, elle atteint treize mètres de haut dans la nef principale et huit mètres dans les bas-côtés. Elle est ornée de très belles pierres de taille en grès blanc du pays, extraites d’une carrière encore visible, sur le ban de la ferme de Heiligenbronn, appartenant alors à Utzschneider qui utilise les mêmes pour bâtir son château de Neunkirch. Une prouesse technique est constituée par l’absence de pierres de taille soutenant les croisées d’ogives, seules les briques, savamment imbriquées, maintenant le tout.
Les fûts des piliers, de base carrée, sont formés de colonnes rondes et à angles. Les chapiteaux sont corinthiens, à feuilles d’acanthe. Les chapiteaux de la nef sont tous identiques, sauf deux du transept dont l’un montre de curieux angelots baroques, l’autre étant orné des symboles des quatre évangélistes : aigle, lion, taureau et ange. Les chapiteaux des bas-côtés, reposant en consoles accolées au mur, sont tous différents. Quatre figures humaines s‘y incrustent, attribuées à tort ou à raison respectivement au curé Dehlinger, au maire Fath de l’époque, peut-être à l’architecte Jacquemin et à l’entrepreneur Thomas.
L’agrandissement de l’église est envisagé dès 1902, quarante seulement après
la construction de l’église. Les travaux débutent en 1906, sous le curé Mohr, et
sont réalisés par l’architecte Becker et l’entrepreneur Peter Geiger, tous deux
de Kaiserslautern. Il faut déposer le chœur, alors situé près du grand transept,
pour le remonter après avoir ajouté deux travées et un petit transept. On édifie
un mur provisoire en avant du grand transept et on installe le chœur de
La communauté ne lésine pas non plus quant à l’acquisition du nouveau mobilier. Le maître-autel, livré en 1878 pour 6 000 frs par Jacquemin, de Metz, entièrement en marbre, est un bijou d’élégance gothique. Les autels latéraux, de facture gothique, en bois, avec de nombreuses statuettes, sont l’œuvre des frères Jung de Sarralbe pour 1 200 frs l’un. Les bancs, en chêne clair, proviennent des ateliers Jacquemin de Strasbourg. L’orgue, inauguré en 1869, contient huit jeux anciens et quinze nouveaux, réalisés par la maison Verschneider de Rémering. Détruit durant la seconde guerre mondiale, un nouvel instrument est installé en 1967 par Curt Schwenkedel. Possédant deux claviers de cinquante-six notes et un pédalier de trente notes, ainsi que des transmissions mécaniques, l'orgue est restauré par Bruno Dillenseger en 1998.
Une statue habillée de sainte Vérène, portant au revers la date 1734 et les dates de restauration 1774 et 1927, est portée chaque année, le 1er mai, jour du pèlerinage, de l'église paroissiale à la chapelle. Le peigne et le seau qu'elle porte - ou plus souvent les deux cruches - sont les instruments dont elle se servait pour soigner les pestiférés. Apparentée à plusieurs statues conservées dans les églises de Bettviller, Bining, Bitche, Rahling, Schmittviller, Siersthal et Breidenbach (celle-ci aujourd'hui conservée dans une collection privée), une statue de la Vierge de l'Immaculée Conception, datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle, en tilleul polychrome et doré, repose sur un socle tripode orné de guirlandes de laurier tout à fait caractéristiques du décor des années 1770-1780. Le pied droit posé sur un croissant de lune, les mains jointes, la tête couverte d'un voile court rejeté en arrière, les yeux tournés vers le ciel, elle est vêtue d'un ample manteau retenu par un flot à la taille.
Le mobilier est complété au début du XXe siècle par le confessionnal, la chaire à prêcher, plusieurs nouveaux bancs, le tout provenant des ateliers Jacquemin de Strasbourg. De nouveaux vitraux, provenant de Munich, sont installés dans toute l’église, qui garde, en dépit des ajouts, une très belle unité. Conservées dans les archives paroissiales, un carton de vitrail représentant l'Annonciation, qui ne semble pas avoir été réalisé, porte la marque de la firme Mayer de Munich. Ce célèbre atelier d'art chrétien, fondé en 1845, l'un des tout premiers fabricants d'art religieux en série, a fourni de nombreuses statues et de vitraux pour les églises du pays de Bitche, en dépit de la concurrence de plus en plus forte de la fabrique Champigneulle de Metz à partir de 1861 et de l'Institut catholique de Vaucouleurs quelques années plus tard.