Se succédant le long du cours de la Schwalb, le village de Siersthal (en allemand Sierstal) et ses écarts Frohmühl et Holbach sont situés en pays couvert, dans la zone où la forêt est largement trouée par les essartages. Le confluent de la Schwalbbach et du Schwangerbach a favorisé l'implantation du village, aujourd'hui niché au cœur des forêts qui ont envahi les versants. Comme dans le village voisin de Lambach, le paysage a connu au cours des quarante dernières années une très profonde mutation, la culture traditionnelle et les prairies fauchées ayant laissé la place aux feuillus qui ont envahi tout l'espace disponible sur les hauteurs entourant le bourg.
Table des matières
III. Cultes | V. Armoiries | VII. Annexes | |
II. Histoire
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IV. Lieux et monuments | VI. Notes et références | |
Le village de Siersthal est mentionné en 1356 sous la forme Sigersthal, provenant très vraisemblablement du nom d'homme germanique Sigiher et du substantif Thal, de l'allemand Tal, la vallée. On le retrouve sous Sitelstat, Sigelstat, Sigestal, Seierstal en 1544, Sigersstal en 1594, Syersdhal en 1681, Siristhall au XVIIIe siècle. Il devient Sirstal en 1751, Sirysthal en 1756, Sirsthal en 1763, Sigestal, Sierstal en 1762, puis Siersthal en 1771, Sierstal lors de la germanisation nazie le 25 janvier 1941 et enfin Siersthal lors de la Libération de 1944.
Au début du XVIe siècle, une verrerie est fondée dans le village de Holbach par le comte Jacques de Bitche-Zweibrücken. Abandonnée en 1585 déjà, elle est relayée dès l'année suivante par la création de la verrerie de Münzthal, berceau de la très renommée verrerie puis cristallerie de Saint-Louis-lès-Bitche. Du point de vue administratif, le village de Siersthal constitue une commune de l'éphémère canton de Lemberg depuis les réformes du gouvernement révolutionnaire de 1790, puis entre dans celui de Rohrbach-lès-Bitche en 1802. Plusieurs représentations anciennes permettent de connaître l'aspect qu'avait le village dans le passé, au début du XXe siècle, mais aussi de mesurer l'évolution du patrimoine communal lors des importantes destructions causées par les combats et les bombardements de la seconde guerre mondiale.
Du point de vue spirituel, le gros village de Siersthal constitue jusqu'en 1802 une vaste paroisse, comprenant quatre succursales et dépendant de l'archiprêtré de Hornbach, aujourd'hui situé dans le proche Palatinat. Lors de la réorganisation des circonscriptions ecclésiastiques à cette date, le village passe dans le nouvel archiprêtré de Rohrbach-lès-Bitche, qui est calqué sur le canton. Construite à flanc de coteau, l'église Saint-Marc est réédifiée à deux reprises, au début des années 1700 puis dans les années 1730. C'est aussi dans le village de Siersthal, tout près de l'église, que dans les années 1770, le Révérend Père Dominique Lacombe, ami du Père Jean-Marie Moÿe, fonde une école de formation pour les religieuses enseignantes, de la congrégation de la Providence de Saint-Jean-de-Bassel. À deux kilomètres de là, sur les hauteurs du Wasenberg dominant le hameau de Holbach, le sanctuaire Notre-Dame-de-Fatima, érigée dans les années 1930, constitue encore de nos jours un haut-lieu spirituel du Bitscherland et est le but d'un important pèlerinage marial entre mai et octobre.
Dans la vallée du Schwangerbach, au bord de la route de Bitche, une belle croix de chemin, bien que très restaurée par le sculpteur Bichler de Hottviller, en 1921, s'impose par sa qualité. Elle est l'oeuvre de Michel Mihm, né à Kircheimbolanden (Rhénanie-Palatinat) en 1749. Ce fils d'un sculpteur de la Cour de Sarrebrück s'est marié en 1771 à Siersthal, où il s'installe et décède en 1806. De la croix élevée en 1775, il ne subsiste plus que le socle galbé et la statue de la Madeleine agenouilée au pied de la croix, vêtue d'un ample manteau bordé de fourrure, essuyant ses larmes. Sur le tertre rocheux, sont posés devant elle des symboles macabres, tels qu'un crâne, un tibia et un serpent enroulé.
Dans la forêt dominant le ruisseau du Schwangerbach, au lieu-dit Bild, un imposant rocher en grès rose représente sous une arcade la Vierge de Pitié sur fond de rayons, le Christ, très longiligne, assis sur ses genoux. La sculpture est réalisée en 1796 aux frais de Max Meyer, habitant de Siersthal, afin de remercier la Très Sainte Vierge d'avoir protégé son bétail, menacé d'une épizootie. Depuis 1920, une procession conduit chaque lundi de Pentecôte les pélerins jusqu'au rocher, pour implorer la Sainte Vierge contre les maladies infectieuses du bétail.
Dans la Grande-Rue, une ferme importante, datée 1777 sur la porte charretière, est une construction mixte à pan-de-bois et pierre. L'exploitation agricole et le logis, bâtis exceptionnelement en pan-de-bois, sont regroupés sous le même toit, à la manière des fermes lorraines. Mais c'est le décor, constitué d'une chaise curule et d'un losage barré d'une croix de Saint-André, regroupé sur le mur-pignon droit et la colone torse sculptée sur le poteau cornier, qui rattachent la construction à l'architecture alsacienne.
La description des armoiries de la commune de Siersthal est la suivante : « Coupé d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent et de gueules au lion ailé d'or ». Les alérions, emblèmes du duché de Lorraine duquel dépendait le village au Moyen Âge, sont représentées sur la pierre noire, tandis que le lion est l'emblème de saint Marc, patron de l'église paroissiale de la localité.