Culte de saint Pierre dans le Bitscherland

Le Bitscherland possède un patrimoine religieux très riche. Il recèle de charmantes petites chapelles et d'églises remarquables, d'humbles oratoires nichés à la lisière des forêts. Son territoire est parsemé de très nombreux calvaires et croix de chemin, rappelant au promeneur la foi de ceux qui l'ont précédé dans ce pays. La situation de la région, sur les marges de la Lorraine catholique, entraînant l'affirmation d'une foi vive face aux protestants des pays voisins, confortée par une vieille tradition religieuse d'une bonne partie des émigrants, explique la prédominance du patrimoine religieux, qui a laissé son empreinte dans le paysage artistique. Une empreinte toujours renouvelée, tant les mentalités restent profondément ancrées dans leurs traditions.

Table des matières

I. Hagiographie
IV. Statues VII. Croix III. Notes et références
       
II. Représentation
1. Achen
1. Bousseviller
IV. Annexes
2. Hottviller
2. Breidenbach

III. Églises
3. Rimling
3. Etting
1. Bibliographie

3. Lengelsheim
2. Liens internes
1. Achen
V. Tableaux
4. Schorbach
2. Enchenberg
5. Schweyen
3. Hottviller
VI. Vitraux
6. Siersthal
4. Rimling
5. Volmunster


Icône du VIe siècle provenant du monastère Sainte-Catherine du Sinaï (Wikimedia Commons). Peinture de saint Pierre par F. del Cossa, datant du XVe siècle et situé à l'église Saint-Pierre de Bologne (Wikimedia Commons). Vitrail français datant des années 1500-1510 (Wikimedia Commons). Peinture de saint Pierre par Grao Vasco datant de 1506 (Wikimedia Commons).

I. Hagiographie

Simon, fils de Jonas, est aussi appelé Kepha ou encore Simon-Pierre. Né vers l'an 0 en Galilée et mort vers 65 à Rome, il fait partie du groupe des Douze Apôtres, duquel le Christ lui confie la responsabilité. Premier évêque de Rome, il fonde la primauté pontificale sur laquelle est établie l'autorité du pape jusqu'à aujourd'hui. Originaire du village de Bethsaïde, Simon est pêcheur sur le lac de Tibériade en Galilée. Il décide, avec son frère saint André, de suivre Jésus et il l'accueillera dans sa maison à Capharnaüm. Pierre est toujours cité en premier parmi les apôtres et, à plusieurs reprises, saint Jean et saint Paul reconnaissent son importance. Ainsi, il manifeste sa foi au nom de tous les disciples : « Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? Pierre lui répondit : Tu es le Christ. » . Le Christ Jésus établit saint Pierre comme le fondement de son Église dans l'évangile selon saint Matthieu: « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ».

Pierre assiste et participe à plusieurs miracles ou évènements majeurs de la vie du Christ, comme la marche sur les eaux, la Transfiguration, l'arrestation de Jésus, son procès, puis sa Passion. Décrit dans les Évangiles comme enthousiaste, emporté, mais parfois hésitant et faillible, il abandonne Jésus pendant la Passion malgré l'assurance qu'il avait manifestée auparavant : « Si tous viennent à tomber, moi je ne tomberai pas ». Il regrette amèrement ce reniement : « Et Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. Et en y réfléchissant, il pleurait. »

À l'annonce par Marie de Magdala que le tombeau de Jésus a été trouvé vide, il est le premier à y entrer, saint Jean lui ayant laissé la préséance. Par la suite, il bénéficie avant les Douze d'une apparition du Christ ressuscité. Lors de la dernière apparition du Christ à ses disciples, il est réhabilité par Jésus suite à sa négation et re-instauré dans la mission d'être un des pasteurs de l'Église : « Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui répondit : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Fais paître mes brebis ».

Les Actes des Apôtres nous montrent saint Pierre comme un des principaux dirigeants de la communauté chrétienne. Après la Pentecôte, c'est lui qui prend la parole et commence la prédication du message chrétien. La tradition de l'Église catholique attribue à Pierre la direction de l'Église d'Antioche. Premier évêque de cette ville, une fête de « la chaire de saint Pierre à Antioche » est célébrée le 22 février depuis le IVe siècle. Il serait resté sept ans à Antioche. Plusieurs textes antiques font allusion au martyre de saint Pierre, ainsi qu'à celui de saint Paul, qui se seraient produits lors des persécutions ordonnées par Néron sur la colline Vaticane, à l'emplacement approximatif de l'actuelle basilique Saint-Pierre. Selon un apocryphe, les Actes de Pierre (1), il aurait été crucifié la tête vers le sol (2).

Peinture du crucifiement de saint Pierre par Guido Reni vers 1604-1605 (Wikimedia Commons). Peinture de saint Pierre par le Greco datant de 1610-1614 (Wikimedia Commons). Peinture de saint Pierre par Peter Paul Rubens datant du XVIIe siècle (Wikimedia Commons). Vitrail de l'église Saint-Michel de Wiesenbach dans le Baden-Württemberg (Wikimedia Commons).

II. Représentation

Le Prince des Apôtres est représenté avec différents attributs traditionnels, qui permettent de l'identifier aisément. On peut signaler tout d'abord qu'il porte une barbe. Son attribut principal est le trousseau des clefs du Paradis, qui rappellent que le Christ lui a donné pouvoir de lier et délier sur terre ce qui demeurera lié ou délié dans la vie éternelle ; les clefs sont parfois accompagnées des « registres du Paradis » (note 1). Saint Pierre est par ailleurs très souvent accompagné d'un coq, qui est le symbole de son reniement du Christ lors de la Passion : comme le Seigneur le lui avait annoncé, le coq chanta pour la troisième fois lorsqu'il l'eut renié trois fois (2).

III. Églises

Cinq églises sont dédiées à l'apôtre saint Pierre dans le pays de Bitche : il s'agit des églises paroissiales des villages d'Achen, d'Enchenberg, de Hottviller, de Rimling et de Volmunster, situées dans le canton de Rohrbach-lès-Bitche pour les deux premières et dans celui de Volmunster pour les trois autres.

1. Achen

Le village d'Achen constitue une ancienne paroisse de l'archiprêtré de Hornbach, qui passe en 1804 dans le nouvel archiprêtré de Rohrbach. L'église Saint-Pierre, à la collation de l'abbaye cistercienne de Sturzelbronn jusqu'en 1621, était l'église-mère d'Etting et de Kalhausen. Elle est construite en 1725 et agrandie du côté du chœur en 1778. L'église Saint-Pierre est reconstruite en 1728 - date portée par le portail - en remplacement d'une église datant du XVe siècle (3).

Le centre du village d'Achen et la silhouette de l'église paroissiale Saint-Pierre. Panorama du village d'Achen et de l'église Saint-Pierre au début du XXe siècle. Le village d'Achen et l'église Saint-Pierre sous le manteau blanc de la neige. L'ancien pont du village et l'église Saint-Pierre avant la dernière guerre mondiale.

2. Enchenberg

Le gros village d'Enchenberg constitue tout d'abord une succursale de l'ancienne et vaste paroisse de Siersthal, durant tout l'Ancien Régime. Situé avec l'église-mère dans l'archiprêtré de Hornbach, aujourd'hui en proche Allemagne, le village est par la suite érigé en paroisse en 1802, lors de la réforme des circonscriptions ecclésiastiques, et fait partie depuis cette date du nouvel archiprêtré de Rohrbach. L’actuelle église Saint-Pierre est la troisième du nom dans le village, construite en 1861 et agrandi entre 1908 et 1911 dans un très beau style néogothique. L’ancienne église, sans style et en mauvais état, est démolie afin de récupérer les pierres (4).

Le clocher de l'église Saint-Pierre d'Enchenberg. L'église Saint-Pierre d'Enchenberg est la troisième du nom dans le village. La nef de l'église Saint-Pierre au début du XXe siècle (photographie de la commune d'Enchenberg). Le chevet de l'église paroissiale Saint-Pierre d'Enchenberg.

3. Hottviller

Au centre du pays de Bitche, le village de Hottviller a constitué tout d'abord une succursale de la paroisse voisine de Siersthal pendant tout l'Ancien Régime, dépendant de l'archiprêtré de Hornbach, aujourd'hui en proche Allemagne. Lors de la réforme des circonscriptions ecclésiastiques entreprise à partir de 1802, la localité est finalement érigée en paroisse autonome en 1804, rattachée désormais au nouvel archiprêtré de Volmunster, calqué sur le canton. L'église Saint-Pierre actuelle succède à une chapelle « très ancienne et en grand état de vétusté », située à proximité de la cense de Neunkirch, « sur une montagne très élevée et difficile d'accès ». L'église paroissiale est construite dans le village en 1765, avant d'être agrandie en 1806 et reconstruite en 1884 (5).

L'église Saint-Pierre de Hottviller date de 1884, remplaçant une chapelle de 1765 agrandie en 1806. L'église est dédiée au Prince des Apôtres, saint Pierre. Le village et l'église Saint-Pierre de Hottviller au début du XXe siècle. Une belle statue en pierre de saint Pierre trône contre la façade latérale de l'église, abritée par un auvent.

4. Rimling



5. Volmunster



IV. Statues

1. Achen

Le maître-autel à retable de l'église Saint-Pierre est réalisé en 1771 par le stucateur André Moosbrugger d'Altroff, commune de Francaltroff (note 2). Une statue en bois de saint Pierre trône dans la niche centrale du retable, entourée des statues de sainte Lucie et de saint Paul, datant de la même époque (3).

2. Hottviller

Une statue est située à l'extérieur de l'église Saint-Pierre, adossée à la façade.

3. Rimling

Une statue de saint Pierre trône à droite du maître-autel de l'église de Rimling. Il tient dans la main droite les clefs du Paradis, tandis que sa main gauche tient le registre du Paradis, où figurent les noms de ceux qui ont été sauvés.

V. Tableaux

Un tableau occupe le retable du maître-autel de Rimling : il représente le repentir de saint Pierre, agenouillé.

VI. Vitraux

Le Prince des Apôtres est représenté sur un vitrail du chœur de l'église de Siersthal, avec saint Marc, le patron de la paroisse. Il apparaît également dans l'église de Lengelsheim.

Un vitrail du chœur de l'église Saint-Marc de Siersthal représente saint Pierre. Un vitrail représente saint Pierre.

VII. Croix

Le Prince des Apôtres apparaît sur un nombre important de croix de chemin, de croix monumentales et de monuments funéraires de la région (note 3). Le choix de ce motif iconographique s'explique souvent par le prénom du commenditaire de la croix, qui désire se placer sous la protection de son saint patron (note 4).

Dans le cimetière de Bousseviller, la tombe de Barbara Gerold date de 1848 et représente saint Pierre et sainte Barbe, les patrons du couple. Saint Pierre est représenté sur l'étroit fût de la croix de Breidenbach (photographie du Service régional de l'inventaire de Lorraine). Saint Nicolas est représenté sur la tranche droite du fût de la croix d'Epping (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Saint Pierre est représenté en bas à droite, sur la croix numéro 1 de Lengelsheim (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). La croix est érigée en 1921 en bordure du chemin menant à Bitche par les hauteurs de la Rosselle.
Les statuettes de saint Pierre et de sainte Reine, patrons des commenditaires, étaient situées dans les niches du fût-stèle (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Une inscription figure sur le socle de la croix et précise les conditions d'érection de la croix. Saint Pierre et un saint qui peut être saint Jean sont représentés sur le fût de la croix Meyer à Schweyen. Sur la croix du moulin de Schweyen, saint Pierre est représenté en bas à droite (photographie du service régional de l'inventaire). Accompagné de sainte Marguerite, saint Pierre est représenté sur le fût de la croix du hameau de Holbach, à Siersthal.

III. Notes et références

1. Notes

1. On reconnaît ce registre sur le vitrail de Lengelsheim.
2. Deux autels latéraux à retables sont également fournis en 1771 par le même André Moosbrugger à l'église Saint-Pierre d'Achen: ils ne survivront pas à la dérive iconoclaste qui a suivi le concile Vatican II dans les années 1960.
3. Inventaire des croix sur lesquelles apparaît saint Pierre (de manière avérée ou présumée) : Bitche (1), Bousseviller (1), Breidenbach (1, 2, 3), Epping (1, 2), Etting (1), Lengelsheim (1, 2), Rimling (1, 2), Schorbach (1), Schweyen (1, 2) et Siersthal (1).
4. Ceci est vérifié pour les croix et monuments funéraires suivants : Bousseviller (1), Breidenbach (1), Epping (1, 2), Etting (1), Lengelsheim (1), Rimling (1), Schorbach (1).

2. Références

1. Ac Pierre 38 : cette mention sera à l'origine du nom de croix de Saint-Pierre donné à la croix latine inversée.
2. Pierre (apôtre) (16 septembre 2011). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 1er octobre 2011.
3. JACOPS, GUILLAUME et HEMMERT, 1990, p. 17.
4. JACOPS et al., 1990, pp. 46-48.
5. JACOPS et al., 1990, p. 51.

IV. Annexes

1. Bibliographie

2. Liens internes


Culte des saints dans le Bitscherland

Saint Jean Népomucène - Notre-Dame - Saint Sébastien - Très Sainte-Trinité - Saint Wendelin

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