Culte de saint Pierre dans le Bitscherland
Le
Bitscherland
possède un
patrimoine
religieux
très riche.
Il recèle de charmantes petites chapelles et
d'églises remarquables, d'humbles oratoires
nichés à la lisière des
forêts. Son territoire est parsemé de
très nombreux
calvaires
et croix de chemin,
rappelant au promeneur la foi de ceux qui l'ont
précédé dans ce pays. La situation de
la région, sur les marges de la Lorraine catholique,
entraînant l'affirmation d'une
foi
vive
face aux protestants des pays voisins, confortée par une
vieille
tradition religieuse d'une bonne partie des émigrants,
explique
la prédominance du patrimoine religieux, qui a
laissé son
empreinte dans le paysage artistique. Une empreinte toujours
renouvelée, tant les mentalités restent
profondément ancrées dans leurs traditions.
Table
des matières
I. Hagiographie
Simon, fils de Jonas, est aussi appelé Kepha ou encore
Simon-Pierre. Né vers l'an 0 en Galilée et mort vers 65
à Rome, il fait partie du groupe des
Douze Apôtres, duquel
le Christ lui confie la responsabilité. Premier
évêque de Rome, il fonde la primauté pontificale
sur laquelle est établie l'autorité du pape
jusqu'à aujourd'hui. Originaire du village de Bethsaïde, Simon est pêcheur sur le
lac de Tibériade en Galilée. Il décide, avec son
frère
saint André,
de suivre Jésus et il l'accueillera
dans sa maison à Capharnaüm. Pierre est toujours
cité en premier parmi les apôtres et, à
plusieurs reprises,
saint Jean et
saint Paul
reconnaissent son importance. Ainsi, il manifeste sa foi au nom de tous
les disciples : « Et vous, leur demanda-t-il, qui
dites-vous que je suis ? Pierre lui répondit : Tu es
le Christ. » . Le Christ Jésus établit
saint Pierre comme le fondement de son Église dans
l'évangile selon saint Matthieu: « Et moi, je te dis
que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon
Église »
.
Pierre assiste et participe à plusieurs miracles ou
évènements majeurs de la vie du Christ, comme la marche
sur les eaux, la Transfiguration,
l'arrestation de Jésus, son procès, puis sa Passion.
Décrit dans les Évangiles comme enthousiaste,
emporté, mais parfois hésitant et faillible, il abandonne
Jésus pendant la Passion
malgré l'assurance qu'il avait manifestée
auparavant : « Si tous viennent à tomber, moi je
ne tomberai pas ».
Il regrette amèrement ce reniement : « Et Pierre se souvint de la
parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq chante deux fois, tu
me renieras trois fois. Et en y réfléchissant, il pleurait. »
À l'annonce par Marie de Magdala
que le tombeau de Jésus a été trouvé vide,
il est le premier à y entrer, saint Jean lui ayant laissé
la préséance. Par la suite, il bénéficie avant les Douze d'une apparition du Christ ressuscité. Lors de la dernière apparition du Christ
à ses disciples, il est réhabilité par
Jésus suite à sa négation et re-instauré
dans la mission d'être un des pasteurs de l'Église :
« Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jonas,
m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la
troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui répondit : Seigneur, tu sais
toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Fais paître mes
brebis ».
Les Actes des Apôtres nous montrent saint Pierre comme
un des principaux dirigeants de la communauté chrétienne.
Après la Pentecôte, c'est lui qui prend la parole et
commence la prédication du message chrétien. La tradition de
l'Église catholique attribue à Pierre la direction de
l'Église d'Antioche. Premier évêque de cette ville,
une fête de « la chaire de saint Pierre à
Antioche » est célébrée le 22
février depuis le IVe siècle. Il serait resté sept ans à Antioche. Plusieurs
textes antiques font allusion au martyre de saint Pierre, ainsi
qu'à celui de saint Paul, qui se seraient produits lors des
persécutions ordonnées par Néron sur la
colline Vaticane, à l'emplacement approximatif de l'actuelle
basilique Saint-Pierre. Selon un apocryphe, les Actes de Pierre (1), il aurait été crucifié la tête vers le sol (2).
II. Représentation
Le Prince des Apôtres est représenté
avec
différents attributs traditionnels, qui permettent de
l'identifier aisément. On peut signaler tout d'abord qu'il porte
une barbe. Son attribut principal est le trousseau des clefs du
Paradis, qui rappellent que le Christ lui a donné pouvoir de
lier et délier sur terre ce qui demeurera lié ou
délié dans la vie éternelle ; les clefs sont
parfois accompagnées des « registres du Paradis
» (
note 1). Saint
Pierre est par
ailleurs très souvent accompagné d'un coq, qui
est le
symbole de son reniement du Christ lors de la Passion : comme le
Seigneur le lui avait annoncé, le coq chanta pour la
troisième fois lorsqu'il l'eut renié trois fois (
2).
III. Églises
Cinq églises sont dédiées
à l'apôtre saint Pierre dans le
pays de Bitche : il s'agit
des églises paroissiales des villages d'
Achen,
d'
Enchenberg, de
Hottviller,
de
Rimling
et de
Volmunster,
situées dans le
canton de
Rohrbach-lès-Bitche pour les deux premières et
dans
celui
de Volmunster pour les trois autres.
1. Achen
Le village d'
Achen constitue une
ancienne paroisse de l'archiprêtré de Hornbach, qui passe en 1804 dans le nouvel archiprêtré de
Rohrbach. L'
église Saint-Pierre, à la collation de l'
abbaye cistercienne de
Sturzelbronn jusqu'en 1621, était l'église-mère d'
Etting et de
Kalhausen.
Elle est construite en 1725 et agrandie du côté
du chœur en 1778. L'église
Saint-Pierre est reconstruite en 1728 - date portée par le
portail - en remplacement d'une église datant du XVe
siècle (
3).
2. Enchenberg
Le gros
village d'Enchenberg constitue tout
d'abord une succursale de l'ancienne et vaste paroisse de
Siersthal,
durant tout l'Ancien Régime. Situé avec l'église-mère dans l'archiprêtré de
Hornbach, aujourd'hui en proche Allemagne, le village est par la
suite érigé en paroisse en 1802, lors de la
réforme des circonscriptions ecclésiastiques, et fait
partie depuis cette date du nouvel archiprêtré de
Rohrbach.
L’actuelle église Saint-Pierre est la
troisième du nom dans le village, construite en 1861 et agrandi entre
1908 et 1911 dans un très beau style néogothique. L’ancienne église,
sans style et en mauvais état, est démolie afin de récupérer les
pierres (
4).
3. Hottviller
Au centre du
pays de Bitche, le v
illage de Hottviller a constitué tout d'abord une succursale de la paroisse voisine de Siersthal
pendant tout l'Ancien Régime, dépendant de
l'archiprêtré de Hornbach, aujourd'hui en proche
Allemagne. Lors de la réforme des circonscriptions
ecclésiastiques entreprise à partir de 1802, la
localité est finalement érigée en paroisse
autonome en 1804, rattachée désormais au nouvel
archiprêtré de Volmunster, calqué sur le canton. L'église Saint-Pierre actuelle succède à une chapelle « très ancienne et en grand état de vétusté », située à proximité de la cense de Neunkirch, « sur une montagne très élevée et difficile d'accès ». L'église paroissiale est construite dans le village en 1765, avant d'être agrandie en 1806 et
reconstruite en 1884 (
5).
4. Rimling
5. Volmunster
IV. Statues
1. Achen
Le maître-autel à retable de l'
église Saint-Pierre est
réalisé en 1771 par le stucateur André Moosbrugger
d'Altroff, commune de Francaltroff (
note 2).
Une statue en bois de saint Pierre trône dans la niche centrale
du retable, entourée des statues de
sainte Lucie et de
saint
Paul, datant de la même époque (
3).
2. Hottviller
Une statue est située à l'extérieur de
l'église Saint-Pierre, adossée à la façade.
3. Rimling
Une statue de saint Pierre trône à droite du
maître-autel de l'église de Rimling. Il tient dans
la main
droite les clefs du Paradis, tandis que sa main gauche tient le
registre du Paradis, où figurent les noms de ceux qui ont
été sauvés.
V. Tableaux
Un tableau occupe le retable du maître-autel de Rimling : il
représente le repentir de saint Pierre,
agenouillé.
VI. Vitraux
Le Prince des Apôtres est représenté
sur un vitrail
du chœur de l'
église de Siersthal, avec
saint
Marc, le
patron de la paroisse. Il apparaît également dans l'
église de Lengelsheim.
VII. Croix
Le Prince des Apôtres apparaît sur un nombre important de
croix de chemin, de
croix monumentales et de
monuments funéraires de la région (
note 3).
Le choix de ce motif iconographique s'explique souvent par le
prénom du commenditaire de la croix, qui désire se placer
sous la protection de son saint patron (
note 4).
III.
Notes et
références
1. Notes
1. On reconnaît ce registre sur le
vitrail de Lengelsheim.
2. Deux
autels latéraux à retables sont également fournis en 1771 par le même André Moosbrugger à l'
église Saint-Pierre d'
Achen: ils ne survivront pas à la dérive iconoclaste qui a suivi le concile Vatican II dans les années 1960.
3. Inventaire des croix sur lesquelles apparaît saint Pierre (de
manière avérée ou présumée) : Bitche (1), Bousseviller (1), Breidenbach (1, 2, 3), Epping (1, 2), Etting (1), Lengelsheim (
1, 2), Rimling (1, 2), Schorbach (1), Schweyen (1, 2) et Siersthal (1).
4. Ceci est vérifié pour les croix et monuments funéraires suivants : Bousseviller (1), Breidenbach (1), Epping (1, 2), Etting (1), Lengelsheim (1), Rimling (1), Schorbach (1).
2. Références
1. Ac
Pierre 38 : cette mention sera à l'origine du nom de croix
de Saint-Pierre donné à la croix latine inversée.
2.
Pierre (apôtre) (16 septembre 2011).
Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 1er octobre 2011.
3. JACOPS, GUILLAUME et HEMMERT, 1990,
p. 17.
4. JACOPS
et al., 1990,
pp. 46-48.
5. JACOPS
et al., 1990,
p. 51.
IV. Annexes
1. Bibliographie
- BROWN (Raymond E.), DONFRIED (Karl P.) et Reumann (John) (dir.), Saint Pierre dans le Nouveau Testament, Cerf, Paris, 1974, 224 pages.
- DEBERGÉ (Pierre), Saint Pierre, Éditions de l'Atelier, Paris, 2003, 156 p.
- JACOPS
(Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT (Didier), Le Pays de Bitche
(Moselle), Metz, Éditions Serpenoise, 1990, 135 p.
- Pierre (apôtre) (16 septembre 2011). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 1er octobre 2011 (auteurs).
2. Liens
internes
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